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Foot : Nasri revient en équipe de France, et cela ne choque (presque) plus personne

Le milieu de terrain offensif revient sous le maillot bleu pour le match amical Belgique-France, ce mercredi. Sans que ça fasse trop de vagues...

Article rédigé par Pierre Godon
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Samir Nasri à l'entraînement avec l'équipe de France, le 12 août 2013 à Clairefontaine (Yvelines).  (MIGUEL MEDINA / AFP)

Il est de retour. A l'occasion du match amical Belgique-France, mercredi 14 août, le sélectionneur Didier Deschamps a rappelé Samir Nasri chez les Bleus. Le milieu de terrain offensif n'avait plus porté le maillot de l'équipe de France depuis l'Euro 2012, où il avait défrayé la chronique pour ses démêlés avec la presse et ses prestations en demi-teinte sur le terrain. Ajoutez dans la sélection Patrice Evra et Franck Ribéry, parmi ceux qu'on a qualifiés de "meneurs" lors de l'affaire du bus de Knysna, pendant le Mondial 2010, et l'opinion aura vite fait de décréter le retour des racailles en équipe de France. Un jugement bien hâtif.

Bannir un joueur est devenu banal

Exclure un joueur de l'équipe n'est pas qu'un sport national en France. Il existe grosso modo trois motifs d'exclusion : 1) une faute de comportement (sécher un entraînement, boire, insulter un partenaire) 2) une incompatibilité d'humeur avec le sélectionneur 3) une atteinte à l'honneur national. C'est la faute principale des bannis de Knysna et des punis de l'Euro 2012. Des exemples, il en existe partout dans le monde.

Le milieu offensif serbe Adem Ljajic a été exclu du groupe en mai 2012 pour n'avoir pas chanté l'hymne national. L'attaquant congolais Dieumerci Mbokani a, lui, été renvoyé en avril 2011 dans ses foyers pour "comportement impoli, discourtois et anti-nationaliste", relève le site Inzocongo. L'international tunisien Youssef Msakni a été exclu de la sélection à l'automne 2012 pour avoir demandé une rétribution pour apparaître dans une publicité avec l'équipe nationale pour une célèbre marque de rasoirs. "Le joueur a été puni parce qu’il a gaffé", a justifié le président de la fédération tunisienne dans L'Economiste maghrébin. Avant d'ajouter que le joueur peut être rappelé à tout instant "si le sélectionneur le juge nécessaire."

Seule l'exclusion politique est définitive

Et c'est ce qui s'est produit, sauf pour Adem Ljajic. Son tort est d'avoir contrevenu à la charte de bonne conduite des internationaux – qui existe aussi en équipe de France et en équipe d'Angleterre. Tout en expliquant son désir de porter à nouveau le maillot de son pays, Adem Ljajic a expliqué au site serbe B92 : "j'aime la Serbie, mais je dois me respecter moi-même avant tout."

Le crime lèse-politique constitue toujours le plus impardonnable des motifs d'exclusion. En 2009, quatre joueurs iraniens avaient été bannis de l'équipe nationale pour avoir porté un bracelet vert. Une façon d'afficher leur soutien au candidat réformiste Mir Hossein Moussavi, battu par Mahmoud Ahmadinejad dans des conditions troubles, note CNN (en anglais). Alors que les opposants défilaient dans la rue, quatre joueurs de l'équipe nationale – politiquement très importante en Iran – prenaient position contre le régime. Parmi eux, deux légendes de l'équipe nationale, Ali Karimi et Ali Daei, qu'on ne devait plus revoir sous le maillot blanc. Mais ces deux joueurs avaient largement dépassé la trentaine. Le défenseur prometteur Hossein Kaabi (25 ans au moment des faits) n'a pas non plus été rappelé par la suite.

Réintégrer l'équipe, pas si difficile

Depuis la réintégration de Patrice Evra et de Franck Ribéry, au printemps 2011, s'esquisse un processus de réhabilitation pour les bannis. On les rappelle pour un match à l'extérieur, histoire d'éviter les sifflets du public. On organise une conférence de presse de mea culpa. Franck Ribéry s'était exécuté comme un robot, pas Patrice Evra, qui avait estimé que sa suspension était injuste. S'ensuit le retour devant le public français – le match contre la Géorgie en septembre pour Nasri ? –  les éventuelles huées, puis le pardon. "Il y a eu des sifflets, mais c'était normal", avait reconnu Franck Ribéry après son retour au Stade de France, contre la Croatie, en 2011.

Alors le retour de Nasri, un non-évènement ? "Tout le monde a droit à une seconde chance. Je n’ai tué personne", s'est défendu le joueur de Manchester City. Il avait été suspendu trois matchs, mais, de fait, a regardé onze rencontres des Bleus depuis son canapé. Entre-temps, il est devenu un second choix, et a assisté à l'émergence d'excellents joueurs à son poste, comme Dimitri Payet ou Mathieu Valbuena. C'est aussi pour ça que son retour ne fait pas tant de vagues. 

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