Football : ultras, hooligans… Quelles différences entre ces groupes de supporters ?
Avec les incidents qui ont marqué le retour dans les stades après la pandémie, depuis le début de la saison 2021-2022, les supporters se sont retrouvés sous le feu des projecteurs. Ultras, hooligans… Tous les termes ont été utilisés pour parler des auteurs des débordements. Mais ils désignent bien différents mouvements de supporters qui ne vivent pas leur soutien de la même manière. Tour d’horizon des divers types de fans, dans et en dehors des tribunes.
Les ultras et le soutien au club
Les ultras se regroupent pour la plupart en associations de supporters afin de manifester leur soutien à leur club. "Les ultras animent les stades, donnent leur avis sur le club, sur l’évolution du football, donc ce sont des acteurs à part entière de la vie du football", explique Nicolas Hourcade, sociologue spécialiste du monde du football et des supporters. Souvent rassemblés au sein d’une tribune, les ultras font vivre le stade pendant les rencontres avec leurs chants et leurs encouragements, préparent les animations visuelles comme les tifos.
Le mouvement est arrivé en France au début des années 1980, avec le Commando Ultra à Marseille, premier groupe recensé, en 1984. Mais il est né au moins deux décennies plus tôt de l’autre côté des Alpes, en Italie. C’est d’ailleurs de là que vient le nom, avec les Ultrà Tito Cucchiaroni de Gênes. Le terme serait une référence aux ultraroyalistes qui faisaient, à l’époque, aboutir leurs idées par la violence. La signification "va plus loin que" a également été avancée, en image à ceux qui vont plus loin que les supporters classiques dans le soutien à leur club.
Les ultras ont un rapport éloigné à la violence, dont ils peuvent cependant parfois faire preuve. "Comme ils sont en compétition avec les ultras adverses, ou en conflit avec les dirigeants de leur club, ou même les dirigeants de la Ligue, ils passent parfois à la violence en considérant que ça peut être acceptable pour trancher leurs conflits", note Nicolas Hourcade.
Les hooligans et la violence
Le hooliganisme et les hooligans désignent un autre type de supporters, rassemblés en bandes informelles, qui placent la violence au cœur de leurs pratiques. "Le hooliganisme englobe un ensemble de phénomènes qui ont pour point commun de se dérouler en lien avec un événement sportif, en particulier les matchs de football, et qui touchent à des formes de violence physique ou verbale, mais aussi à des actes de délinquance", définit Ludovic Lestrelin, sociologue spécialiste des supporters de football.
En France, le terme se répand auprès du grand public dans les années 1980. "Cela fait suite au drame du Heysel, tout le monde le regarde en direct à la télé", raconte Nicolas Hourcade. "Il y a 39 morts, c’est dû, au départ, aux violences des supporters anglais, qui s’appellent à l’époque hooligans. Donc le terme devient associé aux violences des supporters."
Surnommée la "maladie anglaise" dans les années 1960, le hooliganisme a longtemps participé à définir le football outre-Manche. Avant que la création de la Premier League, en 1992, et une politique tarifaire sur les billets ne viennent modifier le visage des tribunes et éradiquer les "hools". Dans l’Hexagone, de violents incidents ont émaillé certaines rencontres entre les années 90 et la fin des années 2000, mais se sont raréfiés depuis, et les hooligans se sont éloignés des enceintes sportives.
Des différences parfois floues
La frontière est néanmoins de plus en plus poreuse entre les deux mouvements, qui ne se différencient plus aussi clairement. "La difficulté est que les comportements désignés par le terme sont parfois, voire assez souvent, adoptés par des individus qui ne se définissent pas eux-mêmes comme hooligans", assure Ludovic Lestrelin. Un décalage s’est donc créé entre la notion et le terme tel qu’il est utilisé dans le monde des supporters.
En France, la confusion vient aussi de la concomitance de la découverte des deux termes. "C’est vraiment dans les années 80 que des violences supportéristes se développent, avec des actes de hooliganisme. Et c’est aussi dans cette période-là que le supportérisme ultra se développe, ce qui entretient la confusion", note le chercheur. "Ce sont deux mondes différents, qui n’ont pas les mêmes logiques, qui ne posent pas les mêmes problèmes aux mêmes endroits, mais qui ne sont pas si séparés", conclut-il.
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