Girondins de Bordeaux : "On est tellement au fond du trou qu'on ne peut qu'espérer qu'il y ait le coup de talon qui sauve", résume le maire Pierre Hurmic
Le maire Les Ecologistes de Bordeaux, Pierre Hurmic, ne veut pas siffler la fin de la partie pour les Girondins. L'élu est revenu pour franceinfo: sport sur les déboires du club de football au scapulaire, relégué administrativement en quatrième division cet été, et au bord de l'asphyxie financièrement. Pierre Hurmic évoque notamment l'hypothèse encore active de repreneurs locaux, qui pourraient également se porter acquéreur du Matmut Atlantique, stade dont le FCGB ne peut plus payer le loyer.
Franceinfo: sport : Ces dernières heures, le directeur sportif d'Amiens John Williams a annoncé venir prêter main-forte bénévolement à la construction de l'équipe, certains joueurs ont proposé leurs services au club… Cela vous donne espoir pour le club ?
Pierre Hurmic : Les Girondins sont tombés tellement bas que cela suscite tout un vent de solidarité de personnes qui ne veulent pas voir disparaître ce club mythique et historique que sont les Girondins. Je ne suis pas étonné qu'il y ait autant d'enthousiasme, de bénévolat, d'engagement de la part de personnes attachées au club. On est tellement au fond du trou qu'on ne peut qu'espérer qu'il y ait le coup de talon qui sauve pour faire remonter. J'y crois fortement.
Vous indiquiez dans un communiqué il y a quelques jours "être aux côtés du club et de ceux qui le reconstruiront" et "vouloir travailler à voir émerger de nouvelles équipes dirigeantes et un nouvel état d'esprit girondin". En quoi cela va-t-il consister exactement ?
La mairie n'est pas en première ligne, le club est une société privée. Le devoir de la mairie, c'est la préservation de ce patrimoine municipal. D'abord en accordant des facilités au club, notamment en termes de paiement de loyer, de location du centre de formation du Haillan. Quand on a eu connaissance des difficultés du club, la ville et la métropole ont eu pour souci d'accompagner les Girondins matériellement. J'ai souhaité aussi réunir à Bordeaux des investisseurs locaux qui avaient manifesté de l'intérêt pour sauver le club. Je ne désespère pas qu'il y ait des solutions locales qui puissent voir le jour. On est nombreux à penser qu'un club de football, ce n'est pas uniquement un objet de spéculation financière, ce n'est pas une économie de casino. Une meilleure implication du tissu et des investisseurs locaux permettraient d'assurer une pérennité plus sûre et un modèle moins fragile que celui des dernières années.
Vous êtes encore en contact avec ces investisseurs locaux depuis l'annonce de la rétrogradation du club ?
Avec certains d'entre eux oui, qui sont toujours intéressés. Certains ont même récemment manifesté leur souhait de vouloir également racheter le stade, et je trouve que ce serait une excellente solution que le futur propriétaire des Girondins soit aussi le futur propriétaire du stade même si ce n'est pas très fréquent en France. Autant quand les clubs étaient des aimables associations 1901, c'était normal que les municipalités mettent à la disposition des locaux municipaux, en l'occurrence des stades municipaux ; autant vu l'évolution du monde du football, je trouve normal que les clubs qui sont des sociétés commerciales avec d'énormes budgets soient également propriétaires de leur stade.
Le FCGB peut-il continuer avec ses propriétaires et dirigeants actuels à leur tête ?
Il faut une nouvelle gouvernance, cela paraît évident. Il faut réinventer un modèle et trouver de nouvelles personnes pour donner un nouveau souffle aux Girondins.
Je ne suis pas convaincu que les dirigeants actuels aient envie de s'impliquer durablement dans la reconquête des Girondins, leur reconstruction. Et qui risquent de tomber encore plus bas parce que le tribunal de commerce peut très bien prononcer dans quelques semaines la liquidation judiciaire.
Pierre Hurmic, maire de Bordeauxà franceinfo: sport
La mairie a-t-elle des leviers pour intervenir directement sur le club ?
L'aide qu'une municipalité peut apporter à des clubs professionnels est très contrôlée, et c'est tout à fait normal. Le biais que nous avons, c'est par la voie de la formation. C'est ce que nous faisons puisque nous aidons au Haillan doublement : financièrement et en mettant à disposition un patrimoine immobilier municipal qui est loué à un prix qui est à peu près le dixième de ce qu'il devrait être, selon l'évaluation que nous avons faite. J'étais assez furieux d'apprendre par voie de presse que le centre de formation avait été abandonné, alors que la ville est directement concernée par le devenir de ce centre.
Si le club ne pouvait évoluer au stade Matmut Atlantique, la municipalité aurait-elle des alternatives à proposer ?
On a des stades qui pourraient correspondre, comme le Stade Sainte-Germaine qui appartient à la ville et qui peut accueillir entre 3 000 et 5 000 spectateurs, avec quelques aménagements. Il peut être mis à disposition du club. Un stade comme le Matmut Atlantique, c'est l'équivalent du stade de la Juventus de Turin. Voir une équipe de quatrième, voire cinquième division jouer dans un stade de 42 000 places, je ne suis pas persuadé que ce soit envisageable de façon durable alors qu'il existe d'autres solutions.
Cette situation va-t-elle avoir des répercussions sur le contribuable bordelais ?
Naturellement… Sur le contribuable métropolitain tout d'abord, puisque si le loyer n'est plus payé, c'est à la charge de la métropole, donc au final à la charge du contribuable. Pour la mairie, si nous n'avons pas un locataire du centre du Haillan qui paie un loyer conforme à ce qu'il devrait être, c'est un manque à gagner aussi à la charge du contribuable. Il est temps que le monde du football s'autonomise, c'est pour cela que je suis favorable à ce que le propriétaire d'un club soit aussi celui de leur stade. L'argent public n'a rien à faire dans ce modèle spéculatif là. Profitons de la chute pour rebondir, créer un modèle plus ancré régionalement, plus en phase avec les supporters comme les socios et les acteurs économiques locaux.
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