Homophobie dans le football : la billetterie nominative, de "l'esbroufe gouvernementale", selon le député Sacha Houlié
Sacha Houlié, député "non-inscrit" de la Vienne, co-auteur d’un rapport sur les interdictions de stade et le supportérisme en 2020, qualifie vendredi 25 octobre sur franceinfo "d'esbroufe gouvernementale" les mesures proposées pour mettre un terme aux incidents récurrents dans les stades de football. Le gouvernement a reçu jeudi les instances du football français, après des chants homophobes entonnés samedi dernier au parc des Princes par plusieurs supporters du Paris-Saint-Germain lors de la rencontre PSG-Strasbourg.
Le ministre des Sports Gil Avérous a notamment annoncé l'instauration d'une billetterie nominative pour les rencontres de trois clubs (PSG, OL et OM). "C'est une première fausse solution qui a été annoncée par le gouvernement et qui fonctionne malheureusement assez peu pour rétablir l'ordre dans les stades de football", estime le député. Le contrôle des cartes d'identité ne peut être effectué que par des policiers qui, selon lui, "ne seront jamais en nombre suffisant pour faire toutes ces tâches, puisqu'ils ont beaucoup d'autres missions d'ordre public à établir".
Arrêter le match permet d'identifier les fauteurs de troubles
Le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, propose de déployer des policiers en civil dans les tribunes. "Ça existe déjà", rétorque Sacha Houlié. "Ce sont des unités qui ont été formées et déployées dans les stades de football. Ils sont en relation avec les référents supporters qui ont été créés il y a maintenant huit ans et sont en relation avec les clubs pour assurer la bonne tenue des matches", explique le député. Ce dispositif "permet déjà", selon lui, d'interpeller les auteurs de chants homophobes, racistes ou antisémites. Deux individus à l'origine des chants homophobes au parc des Princes samedi ont été interpellés. "Ils seront présentés à un juge et ils auront des sanctions", assure Sacha Houlié.
Bruno Retailleau propose également une suspension des rencontres de football en cas d'incident, sans se prononcer sur la possibilité d'une interruption définitive, renvoyant la décision vers les instances sportives. "Dans le football, effectivement, c'est l'arbitre qui a la décision au final d'arrêter définitivement ou pas le match", souligne Sacha Houlié. Il souligne qu'arrêter un match a des conséquences pour l'ordre public, mais, selon lui, "ça permet d'identifier les auteurs".
L'infraction zéro n'existe pas dans les stades
Le député de la Vienne estime que "l'absence totale d'infraction dans les stades de football est une illusion". En revanche, il affirme que les différents dispositifs mis en place peuvent être efficaces. "On nous a montré depuis trois ans que, lorsque ce type de comportement était constaté dans les stades de football, on avait grâce aux caméras, grâce aux policiers en civil, grâce à la coopération des clubs, la capacité d'identifier individuellement chaque fauteur de troubles" explique-t-il.
Selon lui, les annonces gouvernementales sont "pour les gens qui ne connaissent pas grand-chose à ce qui se passe déjà dans les stades de football". Sacha Houlié "tient à disposition du gouvernement" le rapport sur le supportérisme établi avec Marie-George Buffet en 2020, "si jamais il veut encore s'en inspirer".
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