Départ de Jean-Michel Aulas : "Dans les couloirs de l'OL, c'est un séisme", explique la directrice des sports de Radio France
"Dans les couloirs de l'OL, c'est un séisme", a expliqué lundi 8 mai sur franceinfo Nathalie Iannetta, directrice des sports de Radio France. Jean-Michel Aulas quitte ses fonctions de président de l'OL à 74 ans après 36 ans de règne, même s'il reste président d'honneur. Le nouvel investisseur américain du club, John Textor, devient le seul maître à bord pour faire de l'OL un grand club européen. Nathalie Iannetta est revenue sur le parcours de Jean-Michel Aulas, ce jeune entrepreneur féru d'informatique qui "a appliqué les techniques managériales de l'entreprise à un club de football, ce qui était quand même rarement arrivé".
franceinfo : Comment a commencé l'aventure de Jean-Michel Aulas à l'OL ?
Nathalie Iannetta : Jean-Michel Aulas, c'est un autodidacte passionné d'informatique qui, à l'âge de 19 ans, quitte sa province pour aller aux États-Unis. Sur la côte ouest, il n'y a pas encore de Silicon Valley. Il découvre des gens hyper ingénieux. Il croisera un type qui, plus tard avec une pomme, fera un peu parler de lui dans le monde entier, un certain Steve Jobs. Il revient avec cette conviction chevillée au corps que l'avenir est dans les solutions informatiques. Ces solutions informatiques, il va les dédier aux entreprises. C'est comme ça qu'il crée, avec deux ou trois ingénieurs, un logiciel de paye pour les entreprises. Cegid fera sa fortune et l'emmènera dans le monde entier avant l'Olympique lyonnais.
Il prend un club en D2 en grosse difficulté. Comment fait-il pour remonter l'OL ?
Il arrive en 1987 et bénéficie d'un petit coup de pouce d'un type un petit peu emblématique dans le milieu du foot, Bernard Tapie. Il a appliqué à l'Olympique lyonnais son esprit d'entrepreneuriat. Tapie dit : "Je connais un petit jeune qui est capable de remonter tout ça." Jean-Michel Aulas devient le président d'un club criblé de dettes en deuxième division. Deux ans plus tard, retour en D1 (à l'époque) pour l'OL. Puis, une hégémonie qui va commencer petit à petit à s'intensifier. Au début des années 2000, les hommes de Jean-Michel Aulas écraseront tout le championnat, tout le football français avec des figures emblématiques, dont Sonny Anderson évidemment, qui sera la première star, que Jean-Michel Aulas fera signer.
Quelles sont ses plus grandes réussites à l'OL ?
Au-delà des résultats sportifs, ce qui est très frappant dans le parcours de Jean-Michel Aulas, c'est la stratégie. C'est une méthode Aulas. Il a appliqué les techniques managériales de l'entreprise à un club de football, ce qui était quand même rarement arrivé.
"Même Bernard Tapie, d'une certaine manière, n'avait pas poussé le curseur aussi loin dans la stratégie : on fait une équipe, on fixe des objectifs, on les atteint et puis surtout, on investit en permanence."
Nathalie Iannetta, directrice des sports de Radio Franceà franceinfo
Il a investi chez les garçons, il a investi dans le centre de formation, il a investi chez les filles. Avec Louis Nicollin, c'est celui qui fait le plus gros des paris sur les filles. Et puis l’investissement ultime, son stade, le Groupama Stadium qui appartient à l'Olympique lyonnais. C'est 60 000 places avec un village tout autour, l'OL Vallée.
Aujourd'hui, il est poussé vers la sortie, même s'il reste président d'honneur. Que s'est-il passé ?
John Textor arrive à l'Olympique lyonnais. On l'a su à la fin de l'été dernier. Il a fallu un certain nombre de tractations pour qu'ils se mettent d'accord avec Jean-Michel Aulas sur le fait qu'il était le président, il va rester pendant trois ans et que petit à petit, on va pouvoir passer la main. Sauf qu’évidemment, ça ne se passe jamais comme ça, ni avec les Américains, ni avec Jean-Michel Aulas. Il s'est produit cette rupture vendredi au conseil d'administration. Jean-Michel Aulas reste certes président d'honneur, mais dans les couloirs de l'OL, c'est un séisme.
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