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Fair-play financier, Covid, retombées... Comment le PSG a réussi l’opération Lionel Messi

Le Paris Saint-Germain vient de signer le coup du siècle en s'offrant Lionel Messi, tout en veillant à rester dans les règles du football européen.

France Télévisions - Rédaction Sport
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Lionel Messi dans les bras d'Angel Di Maria, le 10 mars 2021 au Parc des Princes. (JEAN CATUFFE / AFP)

La recrue du siècle, ni plus, ni moins. Pour une fois, l'expression n'est pas galvaudée. En s'offrant Lionel Messi, libre après l'incapacité financière du FC Barcelone à le prolonger, le Paris Saint-Germain a frappé un très grand coup dans l'histoire du ballon rond, en se mettant d'accord avec l'Argentin pour l'attirer.

Rendue possible par la situation financière incroyablement précaire du Barça, l'absence de concurrents dans ce dossier (Manchester City s'est vite retiré de la course), et le fait que l'Argentin était libre, cette opération aura toutefois un coût pour le PSG, même sans indemnité de transfert à verser. Entre salaires et diverses primes dont celle à la signature, la note sera salée.

Un fair-play financier en retrait

L'avantage pour le PSG, c'est que Messi arrive libre, ce qui ne veut pas dire gratuitement, mais ce qui limite l'impact sur les comptes du club et donc le regard des instances comme la Direction nationale de contrôle et de gestion (DNCG). "Paris n'a pas grand chose à promettre à la DNCG, parce que tout ce qui intéresse cet organe, c'est que le club ne fasse pas faillite. Or, on peut raisonnablement penser que ça ira pour le PSG avec le Qatar, surtout à un an et demi de la Coupe du monde 2022", explique Mickaël Terrien, professeur d'économie du sport à l'université de Lausanne.

"La DNCG n'a jamais été un problème pour le Qatar contrairement au fair-play financier qui, lui, réclame l'équilibre budgétaire et à qui le PSG a pu promettre des ventes pour arriver à l'équilibre."

Mickaël Terrien, économiste du sport

à franceinfo sport

Alors comment le PSG peut-il rester dans les clous du fair-play financier (FPF) ? Tout simplement parce que le gendarme financier de l'UEFA, chargé de réguler le marché des transferts en interdisant aux clubs de dépenser plus qu'ils ne gagnent, est en "stand by".

La faute au Covid, évidemment, et à ses conséquences financières. "Tous les clubs sont en difficulté financière, donc ceux qui investissent sont les bienvenus. Ceux qui peuvent injecter on les laisse faire tranquille, comme Manchester City qui s'offre Jack Grealish pour 115 millions et vise Harry Kane", expose Mickaël Terrien, qui ajoute : "À un an de son Mondial, le Qatar a les coudées franches pour frapper un grand coup et se fiche d'investir à fonds perdus". Et en qualité de héros anti-Super Ligue, le PSG a marqué des points auprès de l'UEFA.

Le problème de la masse salariale

Ce qu'il faut en revanche surveiller pour le PSG, c'est la masse salariale. Là encore, le Covid aide pourtant le club parisien. L'entrée en vigueur de la nouvelle règlementation de la DNCG, qui stipule que la masse salariale ne doit pas excéder 70% des revenus du club, a en effet été repoussée de deux ans. Une bonne nouvelle pour le PSG puisque sa masse salariale représente déjà presque 100% de ses revenus. À l'abri, Paris ne peut donc pas faire n'importe quoi non plus, ses dépenses en salaires étant déjà à un niveau historiquement élevé, et alors que club désirait vendre pour 180 millions d'euros cet été, avant même l'arrivée de Messi, histoire d'équilibrer ses comptes.

Pour se payer l'Argentin et son salaire estimé à 40 millions d'euros, il faut donc être inventif tout en restant légal. Ce que le monde du foot sait faire, rappel Mickaël Terrien : "À Barcelone, ils voulaient le prolonger pour cinq ans, ce qui est absurde pour un attaquant de 34 ans, mais qui permettait de lisser sa rémunération sur plusieurs années".

"Les façons de rémunérer un joueur légalement sans faire passer tout le salaire par un club, c'est fréquent. Par exemple, à l'époque Ronaldinho, le PSG partageait son salaire avec Nike."

Mickaël Terrien, économiste du sport

à franceinfo sport

Pour le cas Lionel Messi, on peut donc imaginer plusieurs scénarios via des partenaires ou entreprises liées au club, ou à ses propriétaires qataris. "Le PSG n'a pas les moyens de faire un pont d'or à Messi s'il est le seul à payer directement le salaire, il doit trouver des moyens de diminuer les charges sociales et fiscales", estime Mickaël Terrien.

Des retombées attendues

Pour amortir le coup, le PSG espère évidemment des retombées économiques, mais les traditionnelles ventes de maillots, même si elles risquent d'exploser, ne suffiront pas, prévient Terrien : "Quoi qu'il arrive, ils n'équilibreront pas avec le merchandising. Il y aura une perte à compenser mais l'émir sera content de signer le chèque pour équilibrer les comptes, parce que les gains sont ailleurs". Et sur le terrain, d'abord, ce qui compte le plus, même dans ces histoires de gros sous.

Terrien enchaîne : "Avec Messi, c'est plus simple de gagner des matches, donc des compétitions, donc des prize-money. Si le PSG gagne la C1, ils se moqueront du coût. Mais d'un strict point de vue économique, l'équation est dure à tenir pour le PSG". Pour le club parisien et ses propriétaires, les retombées inestimables sont surtout en terme de prestige avec une victoire en Ligue des champions pour le club, et une image forte pour le Qatar, conclut l'économiste : "Quoi de mieux que Messi au PSG à un an de leur Coupe du monde ? Pour le Qatar, c'est le meilleur des scénarios".

Gary Tribou, expert en marketing sportif, parle même de "label Messi" : "Le PSG va renforcer son attractivité en tant que marque comme quand ils ont fait signer David Beckham il y a quelques années. Ils espèrent atteindre le top 3 des clubs en matière de produits dérivés, statut qu'ils n'ont pas encore atteint grâce à Neymar qui est plus clivant que Messi". Et le spécialiste de conclure : "D'un point de vue marketing, ils ont décroché la timbale. Il ne leur manque plus que la Ligue des champions". Ça tombe bien : c'est pour cela que Messi a choisi Paris.

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