Football : entre Laurent Blanc et Lyon, un divorce de raison
Une histoire cousue de fil Blanc. En mettant fin au mandat de son entraîneur, l'Olympique lyonnais a acté, lundi 11 septembre, la fin d'une mission sauvetage qui a tourné au vinaigre. Lanterne rouge de Ligue 1 avec un seul point pris en quatre rencontres cette saison, le club dirigé par John Textor semblait ne plus avoir d'autre option que de se séparer de Laurent Blanc durant cette trêve internationale.
Nommé en octobre 2022 par Jean-Michel Aulas à l'époque où ce dernier était encore président de l'OL, le Cévenol avait pour tâche de redresser la barre d'un bateau, que le Néerlandais Peter Bosz n'arrivait plus à maintenir à flots. "La situation est compliquée et pas facile certes. Il y a urgence de points", avait ainsi reconnu le nouveau venu lors de sa présentation tandis que Lyon pointait à la neuvième place du championnat. Onze mois plus tard, l'impression est finalement celle d'un retour au point de départ.
Des résultats en berne
Au moment où le tacticien de 57 ans a débarqué entre Rhône et Saône, beaucoup y ont vu une tentative de Jean-Michel Aulas de rattraper le temps perdu. Après le licenciement de Sylvinho en 2019, le dirigeant avait déjà hésité entre le champion du monde 1998 et Rudi Garcia pour prendre les rênes de l'équipe, penchant finalement pour le second. "Un choix de Juninho" selon les dires de "JMA" lors de l'arrivée de Laurent Blanc. De quoi se dédouanner d'une décision s'étant révélée non payante et égratigner au passage son ancien directeur sportif, parti fâché du club.
Miser sur Laurent Blanc restait toutefois un pari risqué, ce dernier n'ayant plus entraîné en Europe depuis six ans et son départ du PSG. S'il a réclamé de la patience, notamment jusqu'à la trêve de la Coupe du monde, cela n'a finalement jamais payé. Sur le papier, la troisième place de l'OL en Ligue 1 lors de la phase retour la saison dernière a légèrement rehaussé son bilan, mais le mandat de l'ancien sélectionneur reste marqué par une septième place, non-qualificative pour l'Europe.
Même lorsque l'OL a connu de rares coups d'éclat en 2023, lors de sa victoire au Parc des Princes contre un PSG moribond ou encore lors d'une remontée spectaculaire lors du 5-4 face à Montpellier, ceux-ci ont été mis au crédit de Bradley Barcola et d'Alexandre Lacazette, plus qu'à celui Laurent Blanc. D'autant que ces succès ont été suivis de grandes déceptions à l'image de l'élimination en demi-finales de Coupe de France à Nantes, alors que le club court toujours derrière un trophée majeur depuis 2012.
La DNCG n'a pas aidé
S'il détient la deuxième pire moyenne de points de l'histoire du club (pour les coachs avec plus de 30 matchs à leur actif), Laurent Blanc n'aura toutefois pas été aidé par le contexte, comme il s'est souvent évertué à le répéter, rappelant que le mercato lyonnais n'était pas propice à la performance. Dès l'hiver, l'ancien coach de Bordeaux réclamait du renfort immédiat pour contrebalancer la jeunesse de l'effectif incarné par Rayan Cherki. Hormis peut-être le défenseur croate Dejan Lovren, aucune signature n'a rempli ce critère.
"Je ne dis pas que je suis responsable de rien mais je ne suis pas responsable de tout."
Laurent Blancaprès la défaite contre Montpellier, le 19 août dernier
Puis cet été, Lyon a été perturbé par les décisions de la DNCG - le gendarme financier du football français - encadrant sa masse salariale et lui empêchant de recruter à sa guise. Le tout pendant que plusieurs jeunes issus du centre de formation – Malo Gusto (Chelsea), Castello Lukeba (Leipzig) et Bradley Barcola (PSG) – ont quitté le club, sans être réellement remplacés par des joueurs du même potentiel.
Le choix de Jean-Michel Aulas
Reste que cette fin de collaboration entre l'OL et Laurent Blanc paraissait inéluctable. Le natif d'Alès paie le fait d'être l'une des dernières pièces de l'héritage de Jean-Michel Aulas, à qui John Textor et Eagle Football ont signifié la cessation de fonctions en mai dernier, après 36 ans de présidence. Alors que les deux derniers cités se livraient une bataille médiatique cet été, Laurent Blanc a multiplié les sorties ironiques sur la situation critique de son groupe. "Il faut changer l'entraîneur", a-t-il notamment répondu à une journaliste de Prime Video lui demandant ce qu'il fallait faire pour que l'équipe tourne mieux après la claque reçue au Groupama Stadium contre Montpellier, mi-août (1-4).
De quoi agacer encore un peu plus les supporters, déjà irrités par son détachement affiché au moment de croiser des amis entraîneurs – Antoine Kombouaré comme Patrick Vieira – malgré de mauvais résultats. Mais également John Textor, qui lui a reproché sa communication. "Je lui ai juste demandé d’arrêter ses jeux avec les médias et les polémiques, de se modérer et faire en sorte que son travail parle pour lui", a expliqué l'Américain à plusieurs médias dont L'Equipe fin août.
La dernière défaite contre le Paris Saint-Germain avec quatre buts de retard à la mi-temps (1-4), du jamais-vu pour l'OL à domicile, a finalement scellé son sort. Laurent Blanc restera le 19e et dernier entraîneur de l'ère Jean-Michel Aulas. Une période que John Textor tente définitivement de clore.
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