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Incidents Nice-Marseille : quelles sanctions risquent les différents protagonistes ?

À la suite des incidents survenus à l'Allianz Riviera lors de la troisième journée de Ligue 1 entre Nice et Marseille, dimanche, des sanctions devraient être prises à l'encontre des différents acteurs.

Article rédigé par Vincent Daheron, franceinfo: sport
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 8min
L'entraîneur de Marseille Jorge Sampaoli s'adresse à l'arbitre Benoît Bastien devant le Niçois Amine Gouiri, dimanche 22 août. (JEAN CATUFFE / JEAN CATUFFE)

La soirée du chaos terminée, vient désormais le temps de l'analyse des responsabilités de chacun et surtout des sanctions à venir après les violences qui ont émaillé la rencontre de Ligue 1 entre Nice et Marseille, dimanche 22 août. Du club de Nice à ses supporters en passant par Dimitri Payet ou Alvaro Gonzalez, quelles sont les sanctions encourues par les différents protagonistes ?

Ce que risque Nice

Huis clos ou suspension de terrain à venir pour les Aiglons ?

L'OGC Nice, et l'Olympique de Marseille, ont été tous les deux convoqués pour la séance du mercredi 25 août de la commission de discipline de la LFP. Ce n'est pas une surprise eu égard aux événements violents survenus à l'Allianz Riviera dimanche. Le règlement général de la FFF stipule qu'une "instruction est obligatoire dès lors qu'il est reproché à un club de ne pas avoir assuré la sécurité des acteurs de la rencontre, de ne pas avoir permis à la rencontre de se dérouler jusqu'à son terme en raison de faits disciplinairement répréhensibles".

L'éventail des sanctions possibles est assez large pour Nice : retrait de points, huis clos total ou partiel, ou suspension de terrain, entre autres. Des premières mesures à titre conservatoire pourraient être décidées dès mercredi. L'étude des cas précédents est assez intéressante à analyser pour envisager d'éventuelles sanctions envers le club présidé par Jean-Pierre Rivère. Pour des jets de projectiles lors de Montpellier-Marseille (2-3), il y a deux semaines, la commission de discipline de la LFP a fermé à titre conservatoire deux tribunes du stade de la Mosson, instaurant ainsi un huis clos partiel comme cela avait été le cas à Saint-Etienne (pour deux rencontres) à la suite de débordements dans le derby face à l'OL, en 2017.

En 2017 toujours, lors de Bastia-Lyon, des supporters corses avaient envahi la pelouse pour s'en prendre physiquement aux Rhodaniens. En guise de sanction, la Ligue avait donné match perdu aux Bastiais ainsi que trois rencontres sur terrain neutre et à huis clos.

Une dissolution des Ultras Populaire Sud, groupe installé dans le virage sud de l'Allianz Riviera, est-elle possible ? "C'est peu probable, répond à franceinfo: sport Pierre Barthélemy, avocat de groupes de supporters. D'abord parce qu'il faut une répétition d'incidents d'une certaine gravité et ensuite parce qu'il faut identifier la responsabilité de l'association. Il faut montrer qu'elle a encouragé ou laissé faire de manière évidente." La Brigade Sud Nice, ancien nom de ce groupe d'ultras, avait d'ailleurs été dissoute en 2010.

Des interdictions de stade possibles pour des supporters niçois

"Une enquête est en cours, mais il n'y a pas de garde à vue" à ce stade, a précisé à l'AFP le parquet de Nice. En comparaison, lors de l'envahissement du stade Pierre-Mauroy de Villeneuve-d'Ascq par les supporters lillois pour s'en prendre à leurs propres joueurs en 2018, neuf personnes avaient été placées en garde à vue. Elles l'avaient été pour "entrée sur une aire de jeux portant atteinte à la sécurité des biens et des personnes" et "provocation à la haine ou à la violence lors d'une manifestation sportive". Deux fans montpelliérains ont également été placés en garde à vue et deux autres interpellés, début août, après les jets de projectiles envers les joueurs marseillais.

Grâce aux caméras de Prime Video, ou de celles à l'intérieur du stade, différents supporters auteurs de violences pourraient être confondus et visés, voire interpellés. "J'espère que la justice va pouvoir poursuivre sereinement son travail et qu'il y aura des sanctions pénales à l'encontre de ceux qui seront désignés comme coupables", a déclaré à Franceinfo la ministre déléguée aux Sports Roxana Maracineanu. "Le volet individuel des sanctions est privilégié par l'ensemble des acteurs car il permet de ne sanctionner que les responsables", détaille Pierre Barthélemy, qui précise que la commission de discipline peut s'avérer "plus souple" avec les clubs s'ils aident la justice à identifier les auteurs concernés.

De plus, des mesures d'interdiction de stade pourraient être prises. Il en existe deux types : administrative et judiciaire. La première est une mesure de prévention, tandis que la seconde est une sanction pénale, complémentaire d'une peine de prison ou d'amende. L'interdiction de stade peut durer cinq ans maximum. "Le club a aussi le droit de refuser de vendre des billets à des spectateurs pendant une période qui peut aller jusqu'à 18 mois", ajoute Pierre Barthélemy.

Ce que risque Marseille

L'OM peut-il espérer récupérer la victoire sur tapis vert ?

Le jeu a repris après plus d'une heure et demie d'interruption par un corner fantôme pour les Olympiens avec les onze joueurs niçois sur la pelouse. Benoît Bastien, l'arbitre de la rencontre, a donc constaté l'absence des Marseillais - qui ont refusé de revenir considérant que leur sécurité n'était plus assurée - à la reprise du jeu

Pour autant, l'OM n'a semble-t-il pas encore perdu officiellement la rencontre à Nice si l'on en croit le règlement de la LFP : "La commission des compétitions est ensuite automatiquement saisie de cette absence afin de juger de l'acquisition du forfait, ou de statuer sur l'existence ou non de circonstances exceptionnelles susceptibles de pouvoir justifier l'absence de l'une des deux équipes."

Les incidents survenus à Nice semblent pouvoir cocher la case des "circonstances exceptionnelles"Quelle que soit la décision de la LFP, l'OM aura la possibilité de faire appel devant la commission supérieure d'appel de la Fédération française de football (FFF).

En octobre 2014, un match de qualification à l'Euro 2016 entre la Serbie et l'Albanie avait été interrompu avant la pause. Des supporters serbes avaient notamment agressé des joueurs albanais. Dans un premier temps, l'UEFA avait donné la Serbie victorieuse (3-0) mais en lui retirant les trois points de la victoire, afin de faire porter la responsabilité sur les deux sélections. Mais en juillet 2015, le Tribunal arbitral du sport (TAS) avait inversé la décision de l'UEFA en donnant la victoire sur tapis vert aux Albanais (3-0), considérant que la Fédération serbe devait être tenue responsable du fait que le match n'avait pas été à son terme.

Dimitri Payet et Alvaro Gonzalez peuvent-ils être sanctionnés ?

Touché au dos par une bouteille en plastique alors qu'il s'apprêtait à tirer un corner, Dimitri Payet a répliqué en la renvoyant dans les tribunes. Cet acte a fait dégoupiller les supporters niçois. De son côté, Alvaro Gonzalez est venu haranguer le virage sud avant de frapper le ballon en direction de la tribune.

Les deux joueurs pourraient être sanctionnés, tout comme d'autres acteurs s'ils venaient à être identifiés. Le barême disciplinaire de la FFF mentionne une sanction d'un ou deux matchs de suspension en cas de comportement excessif ou déplacé. La tentative de brutalité ou de coup envers un autre joueur, un dirigeant ou un membre du public est sanctionnée de 6 à 8 matchs de suspension.

Alvaro Gonzalez tente d'intervenir, et prend part aux affrontements avec les supporters. (JEAN CATUFFE / AFP)

Une longue suspension pour l'un des adjoints de Jorge Sampaoli ?

Sur l'une des vidéos des échauffourées lors de Nice-Marseille, un homme chauve, en chasuble orange, et vraisemblablement membre du staff de Jorge Sampaoli, a sprinté pour asséner un violent coup de poing à un supporter azuréen. La sanction pourrait être très lourde : 6 mois à un an de suspension si le coup n'occasionne pas de blessure, et jusqu'à 18 mois si la blessure est constatée par un certificat médical.

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