Ligue 1 : Francesco Farioli nouvel entraîneur de Nice, un pari risqué mais excitant pour redonner de l'allant au projet Ineos
Ce n'était pas une mince affaire, mais Nice a engagé un entraîneur plus jeune que Didier Digard, déchargé de ses fonctions au début du mois. Le club a annoncé, vendredi 30 juin, la nomination de Francesco Farioli, 34 ans, à sa tête pour la saison prochaine. Le technicien transalpin dirigera ainsi des joueurs plus âgés que lui, comme Dante (39 ans) ou Kasper Schmeichel (36 ans). Là ne se situe pourtant pas forcément la principale curiosité autour de ce choix : outre son âge, Farioli n'est pas loin d'être un inconnu. Si l'anomalie risque d'être gommée dans les prochaines heures, il ne disposait même pas, au soir de sa signature, de page Wikipédia en français.
Son profil tranche nettement avec les précédents entraîneurs enrôlés par Ineos, actionnaire majoritaire des Aiglons depuis 2019. Si l'on excepte les intérimaires Adrian Ursea (décembre 2020-mai 2021) et Didier Digard (janvier-juin 2023), le groupe britannique était jusque-là adepte des nominations clinquantes. Christophe Galtier, alors champion de France en titre, en 2021 et Lucien Favre, notamment passé par le Borussia Dortmund, en 2022, s'étaient ainsi succédé sur le banc azuréen, sans franche réussite.
En dépit des recrues onéreuses et des effets d'annonce multiples, le projet Ineos n'a en effet jamais décollé. Sur la période, Nice n'a pas fait mieux qu'une cinquième place et n'est pas parvenu à développer une identité de jeu. La nomination de Farioli ressemble, dès lors, à un changement de braquet. "Il a un style moderne et une méthodologie de travail dans laquelle nous nous reconnaissons", a déclaré, en ce sens, le directeur sportif niçois Florent Ghisolfi, dans un communiqué du club.
Thèse universitaire, Qatar et Turquie
Le président Jean-Pierre Rivère a, de son côté, loué les "qualités professionnelles et humaines" d'un entraîneur capable d'imprimer "sa marque dans ses précédentes expériences". Côté pile, son CV paraît néanmoins maigre et peu pompeux : Farioli a entraîné Karagümrük (mars-décembre 2021) et Alanyaspor (décembre 2021-février 2023), deux clubs turcs de milieu de tableau. Il y a obtenu des résultats convenables mais sans réel coup d'éclat.
Côté face, le Toscan se distingue pourtant par des expériences multiples que son jeune âge pourrait masquer. À l’instar de ses futurs homologues Will Still (Reims) ou Carlos Martinez Novell (Toulouse), l'ex-gardien de but n'a pas connu de carrière de footballeur professionnel, et s'est consacré, dès ses 21 ans, à sa formation d'entraîneur. Celle-ci induit une dimension théorique, puisque Farioli a consacré une thèse à la "philosophie du jeu, l'esthétique du football et le rôle du gardien" lors de ses études l'Université de Florence.
Le nouvel entraîneur niçois formait en parallèle des gardiens dans de petits clubs toscans, avant un premier choix atypique le menant au Qatar. Il y a collaboré pendant deux ans (2015-2017) avec l'Aspire Academy, centre de formation destiné à former de futurs internationaux qatariens en vue du Mondial 2022, jusqu'à être repéré par Roberto De Zerbi, entraîneur italien à succès.
Haise, dernier entraîneur nommé par Ghisolfi
Ce dernier, désormais à Brighton (sixième de Premier League avec un jeu emballant) a intégré Farioli dans ses staffs à Benevento puis Sassuolo, comme entraîneur des gardiens, avant qu'il ne vole de ses propres ailes en Turquie. Les principes du maestro De Zerbi l'ont fortement inspiré et ont séduit l'état-major niçois.
"Possession, agressivité avec et sans le ballon, capacité à défendre très haut, verticalité, présence dans la surface adverse… il façonne ses équipes avec l’intensité que nous recherchons", a schématisé Florent Ghisolfi dans le communiqué. Le directeur sportif, arrivé de Lens en cours de saison dernière, incarne lui-même ce nouveau départ souhaité par le Gym.
Ce pari reste très risqué, car rien ne garantit que Farioli réussira en France, mais l'histoire récente tend à le juger avec une certaine mansuétude. Avant l'Italien, le dernier choix d'entraîneur de Ghisolfi, Franck Haise, ressemblait aussi à un coup de poker. En trois ans, il a mené Lens de la Ligue 2 à la Ligue des champions. Cette même C1 qui fuit le Gym depuis l'arrivée d'Ineos.
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