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Ligue Europa Conférence : premier test européen pour Didier Digard, le visage surprise du projet Ineos à Nice

Nommé entraîneur intérimaire de Nice en janvier, Didier Digard a convaincu ses dirigeants de le maintenir jusqu’à la fin de la saison. L’ex-joueur de 36 ans va découvrir jeudi la Coupe d’Europe, lors du huitième de finale aller de la Ligue Europa Conférence, sur la pelouse du Sheriff Tiraspol.
Article rédigé par Denis Ménétrier, franceinfo: sport
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 6min
Didier Digard lors du match de Ligue 1 entre le RC Lens et l'OGC Nice au stade Bollaert-Delelis, le 1er février 2023. (MATTHIEU MIRVILLE / AFP)

Lorsque Nice a assuré son ticket pour la phase finale de la Ligue Europa Conférence début novembre, les dirigeants du club azuréen étaient certainement loin d’imaginer que Didier Digard serait leur entraîneur. Pour sa toute première expérience comme coach d’une équipe professionnelle, l'ancien milieu de terrain va découvrir la Coupe d’Europe, jeudi 9 mars, lors du huitième de finale aller de la C4 que Nice va jouer en Moldavie, contre le Sheriff Tiraspol.

À 36 ans, Digard ne renvoie pas vraiment l’image du projet vendu par Ineos à l’arrivée du groupe britannique sur la Côte d’Azur en 2019. La Ligue des champions est la compétition que les Aiglons souhaiteraient jouer tous les ans et Lucien Favre était arrivé l’été dernier dans cette optique. Quelques mois plus tard, Digard a repris les rênes et convaincu ses dirigeants de lui faire confiance. Du moins temporairement.

Quand il est appelé pour remplacer le technicien suisse le 10 janvier, Digard est intronisé entraîneur intérimaire "jusqu’à nouvel ordre". Un mois et demi plus tard, après avoir fait tomber Lens pour la première fois de la saison à domicile (1-0), défait Marseille au Vélodrome (3-1) et Monaco au stade Louis-II (3-0), le jeune entraîneur est confirmé jusqu’à la fin de la saison.

Des débuts rêvés

Pour obtenir cette confiance et ces quelques mois de rab à un poste qu’il jugeait "surréaliste" il y a encore quelques semaines, Digard a su convaincre tout le monde. Les joueurs niçois ont retrouvé plus d’intensité à l’entraînement et plus d’agressivité et de dynamisme lors des matchs. Ajoutez à cela une équipe plus joueuse et vous obtenez l’OGC Nice de Digard, invaincu en neuf matchs (six victoires, trois nuls) depuis son arrivée sur le banc.

Cette réussite pour ses débuts, celui qui a évolué plusieurs saisons à Nice lors de sa carrière de joueur (2010-2015) la doit tout d’abord à son caractère. "J’ai toujours été meneur d’hommes, entraîner était forcément quelque chose qui m’intéressait", assurait-il à L’Équipe en avril 2020, quelques mois après avoir fait son retour à Nice en tant qu’encadrant au sein des équipes de jeunes.

"On ne va pas dire que c'était écrit, mais il avait des prédispositions pour devenir entraîneur, confirme Éric Roy, actuel entraîneur de Brest, qui avait recruté Digard à Nice en janvier 2010. Il avait déjà une réflexion sur le jeu, il voulait comprendre. Et surtout, il s’intéressait aux autres, au collectif. Quand tu es joueur, tu es égoïste, tu penses à toi, à ta préparation parce que tu te préoccupes de tes performances et c'est normal dans un sens. Lui avait d’autres valeurs, il était un grand frère pour certains."

La précocité incarnée

Influent dès son arrivée à Nice, Digard portera même le brassard de capitaine du club sous les ordres d’Éric Roy puis de Claude Puel. Un rôle de leader qui l’a aidé à convaincre rapidement son nouveau groupe de joueurs à Nice, alors même que son capitaine Dante, 39 ans, est plus âgé que lui. "Il est un référent pour les autres. Il a une force tranquille qui lui permet d’être écouté et respecté", analyse Éric Roy, qui croisera son ancien joueur lors du match entre Brest et Nice le 16 avril prochain.

Ses deux passages comme adjoint, d’abord d’Adrian Ursea pendant quelques semaines entre 2020 et 2021, puis de Lucien Favre les mois avant sa promotion, lui ont permis de se rapprocher de plusieurs joueurs du groupe. C’est d’ailleurs pour combler le gouffre entre le Suisse et l’effectif que Digard a été appelé en équipe première. Sa nomination comme entraîneur intérimaire a finalement été une évidence.

Didier Digard à la lutte avec Blaise Matuidi lors d'un match de Ligue 1 entre l'OGC Nice et le Paris Saint-Germain au stade du Ray, le 1er décembre 2012. (GERARD JULIEN / AFP)

Reste maintenant à savoir si Digard peut incarner sur le long terme ce visage ambitieux de l’OGC Nice dirigé par Ineos. Une charge lourde à porter pour un entraîneur novice de 36 ans. Mais le Normand est un précoce : papa à 16 ans, il a arrêté sa carrière de joueur à 32 ans avant de débuter très tôt sa reconversion comme entraîneur. "Il a toujours été très mature. À 23 ans, quand il est arrivé, c’était le cas. C’est inné", soutient Éric Roy.

25 000€ d'amende à chaque match

Interrogé par L'Équipe sur sa capacité à incarner le nouveau Nice, Digard n'a pas hésité : "Je ne le contrôle pas, c’est délicat de me positionner. Mais oui, forcément, sinon j’aurais refusé de prendre l’équipe. Ce ne sont pas les résultats qui me font penser ça. C’est l’investissement de mon staff et de mes joueurs."

Satisfaits de voir que tout le monde est à bord, les dirigeants du club azuréen ont donc décidé de poursuivre l’intérim jusqu'à la fin de la saison. Tout en payant 25 000€ d’amende à chaque match que Digard dirige sur le banc d’entraîneur, car celui-ci n’a pas encore son brevet d’entraîneur professionnel de football. Pour convaincre ses dirigeants de poursuivre l'aventure, Digard ne pourrait pas faire mieux qu’une épopée en Ligue Europa Conférence.

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