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Violences dans le football : les mesures annoncées jugées "relativement proportionnées" par une association de supporters

Après les annonces du gouvernement pour renforcer la sécurité lors des rencontres de Ligue 1 ce mercredi, après de nombreux incidents depuis le début de la saison, le directeur exécutif de l'association Football supporters Europe, Ronan Evain, a qualifié sur franceinfo ces mesures de "proportionnées de manière générale". 

Article rédigé par franceinfo
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Le milieu de terrain de l'Olympique de Marseille, Dimitri Payet, quitte le terrain après avoir été blessé par un jet de bouteille à la tête lors d'un match de Ligue 1 contre l'Olympique Lyonnais au Groupama Stadium de Décines-Charpieu, le 21 novembre 2021.  (PHILIPPE DESMAZES / AFP)

Le gouvernement a dévoilé jeudi 16 décembre des mesures de sécurité renforcées face aux incidents à répétition dans les stades de Ligue 1. Parmi ces annonces figurent notamment l'interruption définitive d'un match si un joueur ou l'arbitre est agressé, l'interdiction des bouteilles en plastique ou encore la mise en place de filets de protection pour certains matchs, sur préconisation des préfets. Pour Ronan Evain, directeur exécutif de l'association Football supporters Europe, invité sur franceinfo, la réponse du gouvernement "semble relativement proportionnée". 

franceinfo : Est-ce que la réponse du gouvernement est à la hauteur ?

Ronan EvainElle me semble relativement proportionnée, dans le sens où elle repose essentiellement sur une utilisation des outils réglementaires et législatifs qui existent d'ores et déjà. On a un arsenal judiciaire en France qui est extrêmement poussé, malgré les nombreux appels à renforcer cet arsenal. Cela ne semblait pas nécessaire dans un État, dans une démocratie comme la nôtre. Il n'y a pas de nécessité d'aller plus loin que ce que la loi proposait déjà. Donc, c'est un rappel des outils existants avec quelques pistes de réflexion, qui sont peut-être un peu plus inquiétantes. Mais de manière générale, c'est une réponse qui me paraît proportionnée.

Quelles sont les pistes de réflexions qui vous paraissent inquiétantes ?

On voit notamment l'introduction d'une réflexion sur la billetterie nominative. C'est quelque chose qui existe déjà dans un certain nombre de clubs. Mais rendre cela obligatoire pose des questions organisationnelles, de logistique. Cela veut dire changer complètement la commercialisation des billets. Et par ailleurs, comme l'a noté le gouvernement, on a un vrai souci sur la formation, les conditions de travail, la rémunération des stadiers. Contrôler des pièces d'identité à l'entrée des stades, cela nécessite un déploiement conséquent de stadiers. Et aujourd'hui, l'immense majorité des clubs français n'en a absolument pas les moyens.

La création d'une amende forfaitaire délictuelle est en réflexion. Cette sanction pénale serait prononcée en dehors d'un procès, par un policier, un gendarme ou un agent public habilité. Cela a pour but d'éviter l'introduction, la détention et l'usage de fusées ou d'artifices de toute nature dans un stade. Qu'en pensez-vous?

Les supporters et la société civile n'ont pas été associés à ces pistes de travail. Donc je ne suis pas en mesure de m'exprimer là-dessus. Ce qui me paraît intéressant, c'est de dissocier d'un côté l'utilisation des fumigènes sans aucun blessé ou quoi que ce soit, ce qui est quand même l'utilisation principale des fumigènes. Et dans ce cas-là, une amende paraît suffire largement. Il n'y a pas de nécessité de judiciariser systématiquement l'utilisation des fumigènes. Et puis il y a, au contraire, à avoir une réponse forte dès qu'il s'agit d'utiliser des fumigènes ou des pétards, des bombes agricoles, notamment quand ils atterrissent sur le terrain. Donc, on a peut-être trop tendance à avancer au bulldozer dès qu'il s'agit des fumigènes, que ce soit au niveau des interdictions de stade ou au niveau des sanctions collectives prononcées par la commission de discipline de la Ligue. Si ces pistes de réflexion pouvaient mener à une réponse plus graduée et plus précise de la part à la fois d'autorité judiciaire et de la commission de discipline de la Ligue, ce serait un progrès notable.

Le gouvernement a annoncé également la mise en place d'une cellule de crise en cas d'incident au cours d'un match. Elle devra se prononcer en 30 minutes maximum sur le sort de la rencontre. Est-ce que vous saluez cette mesure ?

Ça, c'est tout à fait un progrès, avec un vrai process en place qui évite les discours un peu gênants de certains présidents de club qu'on a pu voir depuis le début de la saison. Je pense à Lyon-Marseille notamment. C'était parole contre parole entre les clubs, la préfecture, l'arbitre. Et au final, personne ne semblait prendre réellement la responsabilité de la décision. Aujourd'hui, on a un process qui est précis. 30 minutes, cela semble être un délai acceptable pour la prise de décision. Donc ça, c'est effectivement un progrès.

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