Ligue des champions : on vous explique l'imbroglio autour de l'interdiction de déplacement des supporters du Séville FC à Lens
L'imbroglio a finalement pris fin mardi dans l'après-midi, à quelques heures du début du match. Alors que le club andalou doit se rendre sur la pelouse du RC Lens, mardi 12 décembre (18h45), pour un match décisif en Ligue des champions, ses supporters ont longtemps été dans l'impossibilité de pouvoir faire le déplacement.
Le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, avait annoncé dimanche au média Brut, soit deux jours avant la rencontre, l'interdiction pour les supporters sévillans de se rendre à Bollaert-Delelis. Une déclaration qui a fait réagir, tant auprès des fans du club espagnol, qu'auprès des supporters lensois.
Lundi 11 décembre, à la veille du match, la préfecture du Pas-de-Calais a pris un arrêté pour interdire le déplacement des supporters de Séville, confirmant l'annonce faite dimanche par le ministre de l'Intérieur. Mais un dernier retournement de situation a eu lieu à quelques heures du match : le Conseil d'Etat a décidé de suspendre l'interdiction, permettant donc aux supporters sévillans de se rendre au stade dans la soirée. Franceinfo: sport vous résume ce nouvel épisode de relations crispées entre les pouvoirs publics et les supporters.
Un contexte de déplacements tendu
La décision du gouvernement, initiée par la ministre des sports Amélie Oudéa-Castéra qui souhaite "un moratoire sur les déplacements de supporters" d'ici au 18 décembre, fait suite à l'agression du bus lyonnais à Marseille le 29 octobre, puis au décès d'un supporter nantais samedi 2 décembre, après une altercation avec des supporters niçois.
La ministre souhaitait un renforcement de la sécurité dans les stades et le ministère de l'Intérieur a annoncé, vendredi 8 décembre, l'interdiction de déplacement des supporters adverses pour huit matchs (cinq en Ligue 1, trois en Coupe de France). Ce décret a été instauré dans le but de contrer un "risque réel et sérieux d'affrontements entre supporters", dans un contexte "d'exacerbation" de violences "de plus en plus graves".
Vendredi soir, à quelques heures du coup d'envoi du match entre Montpellier et Lens, concerné par ces interdictions, le Conseil d'État a suspendu certains de ces arrêtés, les jugeant "disproportionnés" et portant "une atteinte grave et manifestement disproportionnée aux libertés fondamentales".
Cette décision n'a pas empêché le ministre de l'Intérieur d'interdire à nouveau, dimanche, un déplacement de supporters, cette fois pour des supporters étrangers, rappelant que ces événements "posent la question particulière du football", sport où "les supporters, pas tous mais une petite partie, sont les plus violents".
Le Séville FC furieux après cette annonce
L'annonce a fait grand bruit en Andalousie. Le club du Séville FC n'a pas tardé à réagir via un communiqué cinglant, dimanche 10 décembre. Le club rappelle dans un premier temps qu'il n'a reçu "aucune communication de la part de l'UEFA ou des autorités françaises" et que cette décision "porte préjudice à ses supporters en particulier et au football en général, avec des mesures disproportionnées qui ne semblent pas justifiées".
Pour contester celle-ci, les dirigeants ont "fait des démarches auprès du gouvernement espagnol", pour la principale raison que "de nombreux supporters ont déjà eu des vols et des voyages en France confirmés pour assister au match contre Lens". Le club conclut son communiqué en annonçant qu'il va transmettre une plainte formelle à l'UEFA concernant la procédure.
Lundi 11 décembre, Séville a également annoncé déposer, conjointement avec l'Association nationale des supporters (ANS), un "recours urgent contre la décision administrative d'interdire l'accès à tout supporter du FC Séville" dans la ville et aux alentours, et "contre la décision du Ministère de l'Intérieur français hier soir d'interdire les vols". Le maire de Lens, Sylvain Robert, a lui apporté son soutien. "Je comprends la réaction des Sévillans. Comme eux c'est la stupeur, cette interdiction. Je soutiens leur démarche."
Les supporters lensois expriment leur solidarité et proposent leurs places
Les Andalous ne sont pas seuls dans ce combat, puisqu'ils ont reçu le soutien des supporters lensois et même de l'Association nationale des supporters français (ANS). Cette dernière a communiqué sur X (ex-Twitter) un message. "Chers amis de Séville, nous nous excusons au nom du football français".
Les supporters du Racing, en particulier les Red Tigers, le principal groupe de supporters, voulaient vivre un match plein et ont désapprouvé à leur tour l'annonce de Gérald Darmanin via un communiqué. À travers celui-ci, destiné au gouvernement, le groupe de supporters lensois rappelle que les "supporters sévillans ont déjà réservé et payé leurs moyens de transport, leurs places et leur nuit d'hôtel et n'ont pas à subir votre incompétence". Ils annoncent également qu'ils feront en sorte "d'accueillir les supporters de Séville, quitte à laisser leurs places pour les faire rentrer dans leurs tribunes".
L'entraîneur lensois, Franck Haise, a lui-même commenté cette décision auprès de l'AFP lundi. Le coach français, qui regrette sa forme "tardive", estime que "cette manière-là" n'est pas "la bonne solution" et s'interroge en prévision des Jeux olympiques l'été prochain à Paris. "Ils sont 300 ou 400, et au dernier moment, on leur dit non parce qu'il y a certains problèmes et tous les pays en ont (....) Comment on va faire pour les Jeux olympiques, si on ne peut pas accueillir 300 Sévillans sur notre sol ?", s'est demandé le technicien de la formation nordiste. Après la décision du Conseil d'Etat de suspendre les arrêtés ministériels et préfectoraux, supporters lensois et sévillans pourront communier ensemble mardi soir.
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