Ligue des champions : comment Lille est passé d'un naufrage redouté à un exploit invraisemblable contre l'Atlético de Madrid

Avec une équipe remaniée et rapidement menée au score, le Losc a réussi à renverser les Colchoneros (3-1) contre le cours du jeu pour signer un exploit mémorable, mercredi.
Article rédigé par Andréa La Perna
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 5min
La joie des joueurs de Lille après le troisième but contre l'Atlético de Madrid en Ligue des champions, le 23 octobre 2024, au Metropolitano. (OSCAR DEL POZO / AFP)

Un exploit majuscule. Renversant, le Losc a battu l'Atlético de Madrid chez lui (3-1), mercredi 23 octobre, à l'occasion de la troisième journée de Ligue des champions. Dominés et logiquement menés, les joueurs de Bruno Genesio sont passés par toutes les émotions jusqu'à l'exultation au coup de sifflet final. A la fin, le hold-up est parfait pour les Dogues, trois semaines après avoir battu l'autre grand club madrilène, le tenant du titre même, le Real Madrid (1-0).

Pourtant, rien ne laissait présager une telle victoire. Jonathan David, Angel Gomes, Bafodé Diakité et Edon Zhegrova étaient remplaçants au coup d'envoi. "Contrairement au pessimisme qui régnait autour de nous avant le match, j'étais très confiant", a pourtant assuré Bruno Genesio en conférence de presse, encore un brin remonté par le calendrier. Le coach nordiste souhaitait préserver ses meilleurs joueurs, trois jours avant le derby très important contre Lens en championnat. Fulminant face au choix de la Ligue de programmer ce choc aussi proche du match de C1, il avait même un temps menacé d'envoyer l'équipe réserve. Il n'est pas allé jusque-là mais a procédé à une large revue d'effectif, prenant le risque de lancer le jeune Ousmane Touré, 19 ans et seulement 11 minutes de jeu en pro.

La VAR et les déviations avec le Losc

Choix perdant dans un premier temps. Le défenseur central s'est troué après seulement sept minutes en perdant ses moyens sous le pressing des attaquants madrilènes. Julian Alvarez a alors ouvert le score (8e) et les galères lilloises n'ont fait que commencer. Rémy Cabella est sorti sur blessure au bout de 15 minutes. Edon Zhegrova, qui devait être préservé, a dû assumer 80 minutes de jeu. Le plan de Genesio est rapidement tombé à l'eau. A la pause, il s'est lui-même désavoué en sortant Ousmane Touré, pas encore prêt pour un tel match.

Heureusement pour les Lillois, l'attaquant norvégien Alexander Sorloth a fait preuve d'une très grande maladresse dans ses duels avec Lucas Chevalier (2e, 21e, 32e, 63e). Ils n'ont jamais perdu le contact et, presque de nulle part, Edon Zhegrova a égalisé d'une frappe somptueuse, enroulée et légèrement déviée par la tête de José Maria Gimenez (61e). Revenir à 1-1 était déjà en soi un petit miracle, mais les Dogues ont vu le sort leur être encore favorable. Sur un cafouillage dans la surface madrilène, l'arbitre a accordé un pénalty assez inattendu. Les images de la VAR ont montré que Benjamin André était celui qui avait touché le ballon de la main (71e). "C'est dommage de ne résumer le match qu'à ce pénalty, avant ça on a montré qu'on pouvait revenir, s'est défendu Bruno Genesio auprès de la presse espagnole qui le sondait sur ce fait de jeu. Il faut reconnaître quand une équipe est meilleure et je pense que ce soir on a été meilleurs que l'Atlético."

Peu importe le doute qui a longuement plané, la décision initiale a été maintenue et Jonathan David a converti le pénalty en tirant au milieu (74e). Complètement contre le cours du jeu, Lille s'est retrouvé devant au tableau d'affichage devant des tribunes médusées. Ces dernières n'avaient pas encore tout vu. Lucas Chevalier a sorti une frappe parfaitement placée de Samuel Lino (85e), puis Alexsandro a bloqué de la cuisse devant sa ligne une reprise de volée puissante de Giuliano Simeone (86e).

"La Ligue des champions transcende les joueurs. On a appliqué le plan de jeu défensif prévu et on a été ambitieux dans notre jeu. J'ai envie de dire que c'est une plus grosse performance encore que ce qu'on a fait contre le Real."

Bruno Genesio, l'entraîneur de Lille

en conférence de presse

A l'image du PSG la veille, l'Atlético de Madrid aurait pu tout essayer, jamais la soirée n'aurait fini par basculer de son côté. A l'inverse, Lille était béni. A tel point qu'un troisième but est tombé du ciel en fin de match. Après un slalom d'Osame Sarhaoui repoussé par Jan Oblak, la reprise manquée de Gabriel Gudmundsson s'est transformée en passe décisive pour Jonathan David au deuxième poteau, dont la frappe a bénéficié de la déviation de l'ancien Lillois Reinildo (89e). L'ironie du sort est totale, jouissive pour l'actuel 15e de la phase de ligue et qui peut se prendre à rêver de qualification.

Dans l'euphorie de la victoire, le président Olivier Létang a estimé au micro de Canal + que "le résultat était largement mérité" pour son équipe. Courageux, le Losc est malgré tout heureux en marquant sur ses trois tirs cadrés et en ayant affiché seulement 39% de possession. Mais rien ne peut contredire le fait qu'il est en très bonne voie pour être au moins barragiste (il faut faire partie des 24 premiers). "Il ne faut rien s'interdire, tout en gardant les pieds sur terre, parce qu'on a un programme très chargé et beaucoup de blessés", a prévenu Bruno Genesio au micro de Canal +. Avec deux exploits à son actif, Lille s'est en effet offert le droit de rêver à une qualification pour les barrages. Ou plus.

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