Ligue des champions : mais où sont passés les clubs anglais ?
Depuis plusieurs années, les représentants anglais disparaissent dès le début du printemps en Ligue des champions. Manchester City fait figure d'exception cette année.
Si la tendance des matchs allers se confirme, on devrait assister à une finale de Ligue des champions 100% espagnole – et même 100% madrilène –, le 28 mai à Milan. L'Atletico Madrid, battu 2-1 par le Bayern de Munich mardi 3 mai mais qualifié grâce à sa victoire 1-0 à l'aller, et le Real, qui a ramené un bon nul 0-0 de Manchester City avant le retour mercredi soir, ont de fortes chances de se retrouver pour le match qui décidera du vainqueur de la compétition.
Manchester City déjouera-t-il les pronostics mercredi soir en se qualifiant pour la finale ? Car dans ce dernier carré, la faiblesse du championnat anglais, pourtant le plus riche et le plus cher du monde (de très loin), saute aux yeux tant il a du mal à glisser un de ses représentants au plus haut niveau de la compétition.
La période faste (2007-2011) est terminée
L'étude de la composition des quarts de finale de la Ligue des champions depuis 1997-1998 – lorsqu'on a autorisé plusieurs équipes d'un même pays à y participer – révèle des cycles. Parvenant pendant des années à avoir entre deux et quatre représentants sur huit clubs en lice, le football anglais est retombé à son niveau moyen après 2011, avec un ou deux représentants en quarts (voire aucun, comme en 2013 et 2015).
Au plus fort de leur domination européenne, il n'y a que Manchester United qui a réussi à inscrire son nom au palmarès, au terme d'une finale 100% anglaise contre Chelsea en 2008. De là à dire que les Anglais la jouent souvent placé, mais jamais gagnant...
Les clubs anglais jouent plus de finales qu'ils n'en gagnent
En réalité, le foot britannique est fâché avec la notion de coupe d'Europe depuis les origines. La compétition a été créée en 1956 en réaction à un article du Daily Mail couronnant Wolverhampton meilleure équipe d'Europe, après une victoire sur un club hongrois, de l'autre côté du rideau de fer l'année précédente. Le journaliste tricolore Gabriel Hanot avait voulu vérifier cette affirmation sur le terrain... Et à part l'âge d'or, entre 1977 et 1982, avec six victoires consécutives (Nottingham Forest, Aston Villa et Liverpool), les clubs anglais n'ont jamais régné durablement sur l'Europe.
De façon surprenante, ce n'est pas l'Angleterre qui a profité le plus de l'ouverture de la Ligue des champions aux équipes arrivant 2e, 3e, et maintenant 4e de leur championnat. C'est l'Espagne, et de très loin.
L'argent ne fait pas le bonheur
Comment expliquer ce qui apparaît comme une contre-performance ? La pluie d'argent qui s'est abattue sur la Premier League – le dernier contrat valorise à 2,3 milliards d'euros par an le championnat – devrait théoriquement procurer une force de frappe irrésistible aux clubs anglais pour attirer les meilleurs joueurs. C'est (presque) tout le contraire qui se produit. Prenez l'équipe du Real Madrid : les éléments-clés de sa ligne d'attaque (Cristiano Ronaldo, Gareth Bale, Luka Modric...) viennent de clubs de Premier League... à l'époque où les clubs anglais trustaient les épopées européennes.
"Il y a quelques années, les meilleurs joueurs du monde jouaient en Angleterre. Aujourd'hui, il n'y en a aucun", affirme l'ancien défenseur international anglais Rio Ferdinand sur BT Sport. Constat partagé par son ancien coéquipier Gary Neville dans une chronique dans le Daily Telegraph : "On débourse gros pour des joueurs moyens, et des fortunes pour d'autres qui sont tout juste bons. Si par hasard on signe un joueur d'élite, il patiente en Premier League avant de repartir à Barcelone ou à Madrid."
Cette manne pousse les clubs à acheter énormément de joueurs, au détriment des joueurs formés localement. Le contraire du modèle du Barça, ou du Bayern, les équipes les plus régulières en Europe. Et dans un championnat où toutes les équipes sont riches, les prix flambent : Manchester City a acheté 40 millions d'euros l'attaquant de Swansea Wilfried Bony... pour le laisser sur le banc.
Un problème culturel : la défense
Pour briller en coupe d'Europe, il faut d'abord s'appuyer sur une défense de fer. Or, c'est un domaine dans lequel les clubs anglais ont clairement régressé ces dernières années.
Manchester United s'est fait sortir d'une poule où évoluait le PSV Eindhoven, Wolfsburg et le CSKA, trois clubs dont les budgets additionnés n'atteignent pas la moitié de celui de United. Quand le coach hollandais Louis Van Gaal tentait d'imposer un jeu de possession prudent, tout Old Trafford criait "Attack, attack". La patience n'est pas une vertu au pays du kick'n'rush.
Cette année, les clubs espagnols qui ont placé deux représentants en demi-finale de Ligue des champions, se maintiennent à 0,88 but encaissé à chaque match. Soit deux fois moins que les clubs anglais, décimés dès les huitièmes, et dont le dernier représentant, Manchester City, est passé par miracle face à un PSG léthargique.
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