PSG-Bayern : la devise "Mia San Mia", l'esprit conquérant munichois qui traverse les décennies
"Mia San Mia", "nous sommes qui nous sommes" en version française. Trois mots pour résumer la particularité de la machine Bayern Munich, qui se présente, mardi 14 février, au Parc des Princes pour ferrailler avec le Paris Saint-Germain en huitièmes de finale aller de la Ligue des champions. En Bavière, l'état d'esprit est primordial. C'est même ce qui caractérise le club depuis des décennies. Mais que signifie concrètement de jouer pour le Bayern Munich ?
"Mia San Mia, c'est la volonté totale de réussir, expliquait il y a deux ans, l'icône bavaroise Thomas Müller sur le site de la Bundesliga. Il n'y a pas de compromis, seulement des victoires. C'est une mentalité de gagnant pur et dur, avec une bonne dose de confiance en soi, mais sans arrogance. Tout le monde se donne à fond à l'entraînement. Ceux qui ne sont pas d'accord avec cette idée ne sont pas au bon endroit." La mentalité perdure à Munich depuis les années 1970, quand la génération des Franz Beckenbauer, Sepp Maier et Gerd Müller s'adjugeait trois Ligue des champions de suite de 1974 à 1976.
L'art de la constance
Contrairement aux autres cadors européens, le Bayern Munich n'a d'ailleurs jamais connu de période creuse au XXIe siècle. Tandis que le Real Madrid peinait en C1 à la fin des années 2000, que Manchester United n'a plus entrevu les demi-finales de la compétition depuis 2011, ou encore que le FC Barcelone et la Juventus connaissent des difficultés en Europe depuis quelques saisons, les Munichois y ont eux toujours joué les premiers rôles. "Mis à part un trou d'air au début des années 1990, qui n'a pas bien duré longtemps, le Bayern reste extrêmement constant. Cette formation est connue pour tout mettre en œuvre afin d'atteindre ses objectifs", relève Jean-Charles Sabattier qui commente la Bundesliga sur beIN Sports.
A commencer par la gestion de son effectif. "Le Bayern cible toujours des joueurs avec des forts caractères, capables de s'adapter à la mentalité d'ici, détaille Maximilian Koch, journaliste allemand spécialiste du club pour le média bavarois Abendzeitung. Ensuite, les cadres comme Thomas Müller, estampillés Mia San Mia, remplissent leur rôle. Si des recrues comme Joshua Kimmich ou Leon Goretzka se sont senties aussi vite chez elles à Munich, c'est en partie grâce à eux." Cette même mentalité est d'ailleurs inculquée dès les catégories de jeunes, dont est issue la pépite Jamal Musiala.
Exigence maximale
Mais la pérennité de cet état d'esprit, malgré la succession des entraîneurs, s'explique surtout par la présence des anciens au sein de l'organigramme du club. "Les légendes bavaroises sont en place depuis très longtemps et forment une famille. Uli Hoeness se trouvait déjà dans les sphères dirigeantes du club il y a quarante ans", illustre le journaliste d'Abendzeitung.
"Ce n'est d'ailleurs pas anodin que Karl-Heinz Rummenigge [nommé Ballon d'or en 1980 et 1981] ait été remplacé par l'ancien gardien Oliver Kahn en tant que président du conseil d'administration. C'est la base de ce qui fait l'identité et la nature du Bayern Munich", renchérit Jean-Charles Sabattier.
Les dirigeants fixent des objectifs sportifs, financiers et même sociétaux chaque année lors d'une assemblée générale avec les fans. Lorsqu'on porte le maillot du Bayern Munich, on est donc investi d'une mission pour honorer l'écusson porté.
Jean-Charles Sabattier, journaliste commentateur de la Bundesliga pour beIN Sportsfranceinfo: sport
Le conseil bavarois maintient d'ailleurs un haut niveau d'exigence. "Vous devez toujours gagner et le faire avec la manière, en insistant pendant quatre-vingt-dix minutes, poursuit le journaliste de beIN Sports. Si vous vous contentez d'une victoire 1-0 facile, vous prenez une sérieuse remontée de bretelle par les dirigeants."
La confiance règne
Une remise en question perpétuelle qui porte ses fruits. "Au Bayern, on n'est pas loin de la perfection. Il n'y a pas de failles", reconnaissait Jean-Pierre Papin, qui a porté les couleurs du club entre 1994 et 1996, dans les colonnes de 20 minutes. "C'est l'une des plus grandes formations d'Europe, capable de tout gagner et de faire des profits économiques chaque année."
Le Bayern est le seul club à n'avoir jamais présenté de bilan financier négatif depuis 1982. Ils sont restés dans le vert même pendant la pandémie.
Jean-Charles Sabattier, journaliste commentateur de la Bundesliga pour beIN Sportsà franceinfo: sport
Un Bayern, vainqueur ces dix dernières saisons de la Bundesliga. C'est "le principal objectif des Bavarois, saison après saison", comme le souligne Jean-Charles Sabattier. Ce n'est donc pas un hasard si la sérénité y est souvent de mise, même avant d'affronter le PSG en Ligue des champions. "Il y a une forme de confiance, qui n'est pas de l'arrogance, mais qui est liée à cette mentalité Mia San Mia, juge Maximilian Koch. Même si Manuel Neuer est forfait [le gardien s'est cassé la jambe au ski en décembre], les gens au sein du club restent, par nature, très confiants avant Paris."
L'habitude s'explique non seulement par le fait que la presse allemande préfère aborder les matchs les uns après les autres, mais également par une technique des Bavarois qui se préservent de tout affolement médiatique, quitte à botter en touche sur des sujets qui ne les concernent pas, comme les spéculations autour de la blessure de Kylian Mbappé.
"Les mesures de diversion sont une grande spécialité du Bayern pour permettre à l'équipe de se concentrer et détourner les journalistes du sportif", rappelle Jean-Charles Sabattier, prenant l'exemple de l'affaire Neuer, en colère contre le club qui a licencié son ami et entraîneur des gardiens, qui fait la une des quotidiens outre-Rhin depuis deux semaines. "Cela arrange tout le monde : Julian Nagelsmann peut se préparer tranquillement avec son groupe." En bref, se protéger pour tout donner pendant la vraie bataille, c'est aussi ça la mentalité Mia San Mia. Au PSG de tenter de la déjouer.
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