Trois faits qui prouvent que le PSG féminin est presque devenu une grande équipe
Des stars, un des plus gros budgets d'Europe, un coach renommé : sur le papier, le PSG féminin ressemble à son homologue masculin "galactique". Mais les joueuses, elles, disputent la finale de la Ligue des champions.
Ils en rêvaient, elles l'ont fait. L'équipe féminine du PSG dispute la finale de la Ligue des champions, jeudi 14 mai, contre les Allemandes de Francfort, alors que, côté mâles, les coéquipiers d'Ibrahimovic suivent la compétition devant leurs télés depuis les quarts de finale et leur élimination par le FC Barcelone. En trois ans, les Qataris ont bâti une des meilleures équipes féminines d'Europe en débauchant des stars, un entraîneur reconnu et en ne regardant pas à la dépense. Retour en arrière.
1Un recrutement bling-bling express
Un jour de 2011, Leonardo, le directeur sportif du club arrivé dans les bagages des Qataris, débarque dans le bureau du directeur général adjoint du PSG, Philippe Boindrieux. "Philippe, il faut qu'on fasse quelque chose de plus important avec la section féminine. Il faut aller chercher les premières places en Europe." Décision est prise d'embaucher Farid Benstiti le plus vite possible. Benstiti, c'est l'entraîneur français qui a forgé l'Olympique lyonnais féminin, la référence en Europe, avant de partir en Russie prendre en main l'équipe nationale.
Quand il arrive, en juillet 2012, il a carte blanche pour recruter. "On aurait pu piller l'OL, mais se dire qu'on pouvait faire autrement, c'est ça qui m'intéressait", confie le coach à Canal +. Seules quatre joueuses de l'OL sont débauchées par le PSG, qui concentre son recrutement sur l'étranger, avec des stars, notamment Kosovare Asllani, une redoutable buteuse suédoise. Symbole de la nouvelle ambition du club : l'Américaine Lindsey Horan est débauchée de son université d'outre-Atlantique, contre un salaire mensuel à cinq chiffres et la prise en charge de tous ses frais de scolarité par le club parisien. C'est l'une des pièces maîtresses de l'équipe actuelle. "Nous voulons devenir une des meilleures équipes du monde, chez les hommes comme chez les femmes, confie-t-elle au Denver Post (en anglais). C'est faisable. Et c'est très excitant de faire partie de l'aventure."
2Un passage au professionnalisme à marche forcée
Le PSG s'appuie aussi sur les joueuses historiques du club, comme la capitaine Sabrina Delannoy ou la défenseuse Laure Boulleau. Avant, elles étaient amatrices, se levaient aux aurores pour aller étudier ou travailler. "J'étais secrétaire médicale à l'hôpital Sainte-Anne, je travaillais 35 heures par semaine", se souvient Jessica Houara, interviewée par 20 Minutes. Avant, elles enchaînaient cet emploi avec l'entraînement, jusqu'à 22 heures. Et ce, chaque jour de la semaine, en préparation du match du week-end. "Pour nous, c'était normal d'allier travail et football", estime Sabrina Delannoy. Avant, elles disputaient leurs matchs sur un terrain, à Saint-Germain-en-Laye (Yvelines), entouré d'une main courante, devant une poignée de spectateurs. Maintenant, elles ont les honneurs du stade Charléty, à Paris. Avant, le bus de l'équipe s'arrêtait sur une aire d'autoroute pour que les joueuses, comme Sabrina Delannoy l'avouait dans L'Equipe (article payant), achètent des pains au chocolat "moins chers qu'en boulangerie". Tout ça, c'était avant...
En 2012, le club leur propose un contrat professionnel. Une décision lourde de conséquences pour ces jeunes femmes, qui abandonnent études et travail pour un salaire, certes rémunérateur – autour de 5 000 euros mensuels en moyenne – mais qui ne leur permettra pas de vivre de leurs rentes une fois leur carrière terminée.
Le PSG devient en peu de temps le plus gros budget du championnat de France (7,5 millions d'euros cette saison, soit 3 millions de plus que Lyon). Les joueuses, qui ont désormais leur propre centre d'entraînement, à Bougival (Yvelines), à 20 km de Paris, bénéficient d'une salle de musculation, d'entraînements spécifiques et d'un staff médical à temps plein, cas unique en France. "Je suis devenue une athlète, ce que je n'étais pas forcément avant. Je cours plus vite, plus longtemps", décrit Sabrina Delannoy qui, comme plusieurs anciennes du club, ont été appelées en équipe de France.
3Déjà au top d'un championnat faiblard
Malgré ce développement ultra-rapide, le PSG ne survole pas le championnat. Le club de la capitale est deuxième au classement, encore un cran en dessous de l'OL, qui a remporté tous ses matchs cette saison. Les deux clubs survolent la compétition : en atteste leur différence de buts : +141 pour l'OL, +79 pour le PSG ! Les deux équipes n'ont encaissé que quinze buts à elles deux en 44 matchs. Un championnat aussi déséquilibré ne favorise pas le développement de ce sport en France : "Il faudrait cinq à six équipes de haut niveau en France", déplore sur RMC le sélectionneur national, Philippe Bergeroo.
Car les télévisions ne se bousculent pas pour diffuser la compétition. Quel intérêt de diffuser la victoire 14-0 de l'OL sur Arras ou le 7-0 infligé par le PSG à Saint-Etienne ? Outre-Rhin, Eurosport diffuse chaque semaine un match du championnat féminin. L'Allemagne fait encore figure d'eldorado pour les stars, avec un championnat plus équilibré (une seule équipe qui prend des valises chaque week-end, contre cinq en France), plus relevé (les clubs du pays ont gagné 8 des 15 Ligues des champions féminines) et où les cadors de Bundesliga commencent à investir. La section féminine du Bayern Munich vient d'être sacrée pour la première fois.
"Galactiques", ces Parisiennes ? Si elles remportent la Ligue des champions, elles le deviendront certainement en termes de palmarès. Sur la fiche de paye, c'est une autre histoire. En cas de victoire, le club leur a promis, à chacune, 5 000 euros de prime, révèle L'Equipe. Soit deux cent fois moins que ce que Nasser Al-Khelaïfi avait promis à Ibrahimovic, Matuidi et consorts en cas de sacre européen.
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