: Vidéo Finale de Ligue des champions : "Il faut analyser les dysfonctionnements pour que cela ne se reproduise pas", souligne la porte-parole du ministère de l'Intérieur
Camille Chaize a insisté sur la présence de nombreux faux billets, "fait déclencheur" de la désorganisation selon elle.
"Il y a eu des désorganisations, des dysfonctionnements qu'il faut analyser pour en tirer les conclusions et pour que cela ne se reproduise pas", a déclaré Camille Chaize, porte-parole du ministère de l’Intérieur, lundi 30 mai sur franceinfo, après la finale de Ligue des champions marquée par des scènes de violence aux abords du Stade de France à Saint-Denis, samedi 28 mai. "Les faux billets en nombre qui ont été vendus sur le marché noir, c'est vraiment le fait déclencheur", a-t-elle expliqué.
franceinfo : Mauvaise gestion des supporteurs, utilisation absusive des gaz lacrymogènes, les critiques fusent contre les forces de l'ordre. L'heure est-elle au mea culpa ?
Camille Chaize : L'heure est plutôt à l'analyse de ce résultat collectif qui montre une responsabilité partagée de plein d'acteurs. C'est la raison pour laquelle, il y a aujourd'hui une réunion au ministère des Sports pour discuter avec l'UEFA, la FFF, le Stade de France, de l'organisation et ce problème, qui est le fait déclencheur, à savoir les faux billets en nombre qui ont été vendues sur le marché noir. Il y a eu des désorganisations, des dysfonctionnements qu'il faut analyser pour en tirer les conclusions pour que cela ne se reproduise pas.
De nombreuses forces de l'ordre ont bloqué la circulation des supporteurs. Il y a eu plusieurs goulots d'étranglement. Aurait-on pu éviter cette situation ?
Il y a deux choses qu'il faut bien distinguer. La première, c'est qu'il y avait beaucoup, beaucoup de supporters britanniques, environ 70 000 à Paris, alors qu'il n'y avait que 20 000 places qui leur avaient été vendues. On a créé des fanzones dans Paris pour pouvoir les accueillir. Cela a très bien fonctionné. Il n'y a eu aucun incident et c'est une grande fierté.
La deuxième chose, c'est effectivement aux abords immédiats du stade, un système de pré-filtrage qui a été mis en place par la Fédération française de football. Il n'a pas fonctionné pour la simple et bonne raison que les personnes se présentaient avec un billet pour la plupart imprimé. Donc les stadiers laissaient passer ces personnes, et quand elles arrivaient au moment du scan du billet, on s'apercevait que le billet était faux, acheté au marché noir et qu'elles ne pouvaient donc pas rentrer. Ça a entraîné effectivement des mouvements de foule considérables. Par le passé, il y a déjà eu des drames avec plusieurs dizaines de morts. On a voulu éviter des situations de ce type en levant un certain nombre de pré-filtrages, ce qui a fait qu'il y a aussi un certain nombre de supporters sans billet qui sont rentrés, un certain nombre de délinquants qui ont voulu voler, agresser.
Quels enseignements tirez-vous à chaud ?
Le premier, c'est la mobilité de nos forces. Il nous faut être plus mobiles et qu'on vienne plus en renfort. Cela aurait pu être davantage le cas si on avait voulu éviter un certain nombre d'agressions. Il faut un renfort de la police et de la gendarmerie aux stadiers, à la sécurité privée et la professionnalisation de nos équipes de sécurité privées. C'est un gros enjeu pour les événements à venir, les JO [à Paris en 2024] ou la Coupe du monde de rugby [que la France accueillera l'an prochain].
Est-ce qu'il y a eu de l'affolement ou un manque de discernement de la part des forces de l'ordre ?
Ce qui est sûr, c'est que c'est très compliqué quand vous avez l'ordre de tenir un point en utilisant les moyens de force intermédiaire dont font partie les gaz lacrymogènes. C'est très compliqué et c'est regrettable, effectivement, que des gens de bonne foi, des familles aient été visés par ces gaz lacrymogènes.
"Quand il y a des mouvements de foule, c'est assez compliqué pour les forces de l'ordre, effectivement, d'utiliser le bon niveau et la bonne proportionnalité dans cette réponse."
Camille Chaize, porte-parole du ministère de l'Intérieurà franceinfo
Les JO de 2024 vont-ils être compliqués à gérer ?
Ce désordre est regrettable. Mais ce qui est sûr, c'est qu'on va en tirer les enseignements. Nous, le ministère de l'Intérieur, mais aussi le ministère et le monde du sport pour que ça ne se reproduise plus et qu'on soit complètement au rendez vous des JO et de la Coupe du monde de rugby qui arrivent bientôt. Ça va être différent. Le hooliganisme ou le supportérisme violent ne sera pas le sujet. On sait qu'on a des enjeux de cybersécurité. Il y a eu quatre milliards d'attaques lors des JO de Tokyo. Il y a le risque de terrorisme aussi. Donc, on a des enjeux de sécurité qui vont bien au-delà du maintien de l'ordre et du risque de supportérisme violent.
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