Nice-Cologne : violences, blessés, ultras du PSG… Ce qu'il faut savoir après les affrontements
La rencontre de Ligue Europa conférence a tourné au chaos jeudi soir à l'Allianz Riviera, le stade niçois devenant le théâtre de bagarres multiples entre supporters des deux clubs.
La fête a viré au pugilat, et le football est passé au second plan jeudi 9 septembre à Nice. Pour la reprise de la saison européenne et de la Ligue Europa conférence, l'OGC Nice recevait le club allemand de Cologne. Mais la rencontre a surtout été ternie par des scènes de violences entre supporters des deux camps, dans les tribunes. Ce nouvel incident autour d'une rencontre sportive pose de nombreuses questions alors que va débuter le processus d'enquête pour éclairer les événements autour de ce match.
Les faits
Une heure avant le coup d'envoi, prévu à 18h45, plusieurs centaines de supporters de Cologne ont envahi la tribune présidentielle de l'Allianz Riviera pour affronter leurs homologues niçois, placés dans la tribune opposée. La préfecture des Alpes-Maritimes a assuré à l'AFP que "ce sont les Allemands qui ont chargé". S'en sont suivis de longues minutes d'affrontements, durant lesquelles des sièges et des barres de fer du stade ont été arrachés pour servir d'arme. Les forces de l'ordre sont ensuite parvenues à maîtriser la situation, alors que les portes du stade avaient été dans le même temps fermées.
Des incidents sont en cours au stade Allianz Riviera à #nice06. Des supporters allemands sont sortis de leur zone… Fumigènes, bagarres, dégradations au niveau des tribunes officielles… pic.twitter.com/pTCUkhKSmU
— Matthias Galante (@Matthiasgalante) September 8, 2022
Plus tôt dans la journée, plusieurs dégradations avaient été constatées dans les rues niçoises après l'arrivée des supporters de Cologne. Des tramways ont été tagués, les rues jonchées de détritus, la vitrine de la boutique officielle du club niçois a été saccagée, et le monument en mémoire aux victimes de l'attentat du 14 juillet 2016 avait été abîmée par des autocollants à l'effigie du club allemand a rapporté la mairie de Nice. "Nous adresserons les factures liées aux dégradations et au nettoyage des espaces publics au club de Cologne" a réagi le maire de la ville, Christian Estrosi.
Le bilan
Ces agissements d'une grande violence n'ont pas été sans conséquences. 30 supporters ont été blessés, même si le bilan complet est difficile à établir puisque les premières échauffourées ont eu lieu avant l'entrée dans le stade. Un des supporters blessés est hospitalisé en "urgence absolue" après avoir effectué une chute de cinq mètres depuis le rebord d'une tribune, et souffre "d'une traumatisme crânien et thoracique" selon la préfecture. Neuf policiers ont été blessés a appris Franceinfo vendredi matin de source policière.
Des supporters du PSG parmi ceux de Cologne
Le hooligan en urgence absolue figurait bien dans les rangs des supporters visiteurs. Mais il ne s'agissait pas d'un ultra du club de Cologne. Comme l'a confirmé le préfet des Alpes-Maritimes, Bernard Gonzales, à France Bleu Azur vendredi matin, le blessé grave est supporter du Paris Saint-Germain. Les ultras parisiens des "Supras Auteuil", groupe officiellement dissous depuis 2010 comme l'a rappelé le club parisien dans un communiqué vendredi, ont des liens étroits avec ceux de la formation allemande, la Wilde Horde. Une banderole a ainsi été déployée dans la tribune des visiteurs au coup d'envoi par ces supporters du PSG. Comme le rappelle Eurosport, en 2016, un tifo "25 ans de Mentalité Ultra" avait été déployé durant un match de Coupe d'Allemagne par la Wilde Horde, pour l'anniversaire de la création des "Supras Auteuil".
Le @prefet06 confirme sur @francebleuazur et @F3cotedazur que des supporters parisiens étaient parmi les supporters allemands pour le match #OGCNKOE pic.twitter.com/i4Kc7l653b
— France Bleu Azur (@francebleuazur) September 9, 2022
Un match classé à risque
La rencontre avait été placée à risque et faisait l'objet de mesures spéciales. Le préfet des Alpes-Maritimes a précisé vendredi matin à France Bleu Azur que l'arrivée des supporters allemands avait été encadrée. "On les avait séparés, avec une arrivée sur Cannes, les autres sur Nice" détaille Bernard Gonzales. Le préfet fustige par ailleurs l'attitude du club de Cologne, qui n'a pas "respecté le cadre qui avait été fixé" en amont de la rencontre. "Leurs dirigeants n'ont pas utilisé la totalité de ces moyens et ils ont tenu à faire une 'fan walk', la marche des supporters, que lors des réunions préparatoires nous avions refusée." Une fois au stade, le parcage visiteurs a été forcé, et Il a suffi aux "200 à 300" hooligans, selon le décompte de la préfecture (sur les 7 800 supporters allemands qui avaient fait le déplacement), d'enjamber un petit mur pour accéder à la tribune présidentielle.
Jeudi soir, aucune interpellation n'avait eu lieu, "mais des enquêtes seront diligentées avec notamment un travail d'analyse de la vidéo" a indiqué vendredi à l'AFP le procureur de la République de Nice, Xavier Bonhomme.
La rencontre a tout de même eu lieu
Le coup d'envoi du match a été décalé d'une heure, à 19h40, après une réunion entre les représentants de l'UEFA, des clubs, de la préfecture et des forces de sécurité. La tension était alors retombée, alors que les capitaines niçois, Dante, et colonais, Jonas Hector, avaient exhortés leurs supporters à rester calmes. La rencontre s'est par la suite disputée sans heurts, conclue par un match nul 1-1. "On n'était pas sûrs de jouer mais je pense qu'il fallait faire ce match, a expliqué en conférence de presse l'entraîneur du Gym, Lucien Favre. J'étais favorable à jouer. On était contents de jouer ce match-là pour la simple et bonne raison qu'il n'y a pas de date possible après."
#UECL
— beIN SPORTS (@beinsports_FR) September 9, 2022
Lucien Favre : "J'étais favorable à jouer ce match" pic.twitter.com/z39UDfswir
Que risquent les deux clubs ?
L'éventail des sanctions est large, et dépendra des conclusions de l'enquête menée par l'UEFA, organisatrice de la Ligue Europa conférence.
Une interdiction de déplacement des supporters allemands figure à ce jour comme l'option la plus probable si les accusations de la préfecture des Alpes-Maritimes sont confirmées. Un huis clos total ou partiel peut aussi être prononcé. Certains de ses ultras ont déjà été impliqués par le passé dans des incidents, comme en marge d'un match contre le voisin du Borussia Mönchengladbach en février 2015. L'ambiance au Rhein-Energie-Stadion est toutefois familiale et reconnue comme parmi les plus chaleureuses d'Allemagne.
L'OGC Nice pourrait de son côté être inquiété s'il est constaté des manquements dans le dispositif de sécurité autour du match. Le 22 août 2021, le match entre les Aiglons et l'Olympique de Marseille n'avait pu aller à son terme après des incidents avec les supporters locaux. Dimitri Payet avait été victime de jets de projectiles. Le club niçois avait alors écopé de trois matches à huis clos et de deux points de pénalité, dont un avec sursis.
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