Ligue Europa : comment Julien Stéphan a relancé le Stade rennais
"Tout va très vite dans le football." C'est un poncif trop souvent entendu dans le monde du ballon rond. Mais, pour une fois, on serait tenté de l'emprunter aux joueurs en manque d'originalité pour évoquer la situation du Stade rennais. En déplacement à San Siro, jeudi 15 février (21 heures), pour défier l'AC Milan en barrages de Ligue Europa, Rennes a retrouvé le sourire dans le sillage d'un homme : Julien Stéphan.
Trois mois plus tôt, le 20 novembre, le technicien de 43 ans remplaçait Bruno Genesio en tant qu'entraîneur du club breton, alors englué à la 14e place de Ligue 1 (après 12 journées) avec seulement deux victoires et un point d'avance sur le barragiste.
Pour le Rennais de naissance, c'est un retour aux sources puisqu'il a déjà occupé ce poste de décembre 2018 à mars 2021. "Je vous mentirais si je vous disais que c’était mon premier choix", admettait le directeur sportif Florian Maurice à RMC Sport. Car le choix de rappeler le fils de Guy Stéphan est venu de l'actionnaire François Pinault.
"Je pense que j'ai fait une erreur"
L'idée de renouer l'idylle n'avait rien de farfelue. "Quand il était arrivé la première fois, on était en période de crise et il s'en était super bien sorti, analyse Gaël Danic, consultant pour France Bleu Armorique. On sait qu'il est capable de redresser la barre." Il avait alors mené les Rouge et Noir à la victoire en Coupe de France en 2019 - leur premier titre majeur depuis 48 ans - et à leur première participation en Ligue des champions lors de la saison 2020-2021.
Avant, l'année suivante, de quitter son poste, s'estimant à cours de solutions pour maintenir la barre. Une décision qu'il avait vivement regrettée sur BeIN Sports : "Je pense que j'ai fait une erreur. Si c'était à refaire, je referais différemment."
Après une expérience à Strasbourg (2021-2023), Julien Stéphan s'est vu offrir une deuxième chance dans le club de son cœur. Il a su la saisir. Malgré une prise en main difficile (trois défaites consécutives en décembre), il a permis au Stade rennais de surfer sur une série toujours en cours de neuf rencontres sans défaite toutes compétitions confondues.
Une confiance et une défense retrouvées
Qualifié en quarts de finale de Coupe de France (où il affrontera le Puy-en-Velay, pensionnaire de N2), Rennes a remporté ses cinq derniers matchs de Ligue 1 - personne n'a pris autant de points en championnat sur cette période. De quoi se replacer en 7e position, à quatre points de la 6e place, qualificative pour la Ligue Europa Conférence.
"La priorité, c'est de restaurer une forme de confiance", prévenait Stéphan lors de sa présentation. Il y est parvenu. "La confiance est revenue car ils gagnent des matchs qu'ils ne doivent normalement pas gagner, comme au Havre (1-0), dimanche", estime Frédéric Piquionne, consultant pour Prime Video. "Il a dû discuter énormément avec ses joueurs pour leur remettre la tête à l'endroit", poursuit Gaël Danic.
La défense bretonne en est l'illustration parfaite. Largement critiquée en début de saison car "elle commettait une erreur digne de bas niveau à chaque match" des mots de Danic, l'arrière-garde est plus rassurante. Douzième défense de Ligue 1 à sa nomination, elle est désormais 7e en ayant encaissé seulement six buts sur les neuf dernières rencontres.
Alors qu'un défenseur central était attendu pendant le mercato hivernal, c'est finalement Alidu Seidu qui est arrivé en provenance de Clermont, vraisemblablement pour jouer latéral droit. Un signe envoyé à Warmed Omari, arrière central de 23 ans, très décevant en début de saison ? "C'est une belle marque de confiance de ne pas avoir recruté quelqu'un", pense Gaël Danic, ailier gauche du club au début du siècle.
Un changement de système salvateur
Pour relancer la machine, Julien Stéphan a également changé de système. Après un 3-4-3 peu convaincant, il a opté pour un 4-4-2 depuis le 32e de finale de Coupe de France contre Guingamp (2-0), le 7 janvier.
"La patte Julien Stéphan, c'est le système, confirme Frédéric Piquionne, attaquant du SRFC de 2001 à 2004. Il a trouvé le meilleur schéma pour cette équipe". Celui-ci a fait des heureux. Devant, la doublette Arnaud Kalimuendo-Martin Terrier semble revigorée.
"Kalimuendo est fait pour jouer à deux, c'est impossible pour lui d'être seul vu ses caractéristiques", confirme Piquionne. L'ex-Lensois a inscrit sept buts sur les huit derniers matchs contre trois, seulement, sur la première partie de saison. "Certainement que l'organisation en 4-4-2 convient mieux à Arnaud (Kalimuendo)", avait consenti Stéphan après le succès à Guingamp (2-0).
Le constat est identique pour Martin Terrier. "Il était un peu cantonné au côté gauche. Aujourd'hui, il a de multiples solutions dans l'axe", apprécie Danic. L'ancien Lyonnais compte quatre buts et une passe décisive sur les quatre dernières rencontres alors qu'il n'avait été impliqué que sur deux réalisations, cette saison, sous les ordres de Bruno Génésio. Certes, l'attaquant devait progressivement retrouver ses sensations après dix mois d'absence pour une grave blessure au genou.
Le mois de février démentiel (8 matchs) a déjà permis à Rennes de se rapprocher de son objectif initial : les places européennes. Le parcours en Coupe de France est réussi et le Stade rennais peut désormais rêver d'un exploit à l'AC Milan. Pour cela, il sera porté, jeudi, par plus de 8 000 supporters.
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