Cet article date de plus de dix ans.

Mondial au Qatar : qu'est-ce que cela changerait de jouer l'hiver ?

Si la Coupe du monde de foot 2022 devait se dérouler à l'origine pendant l'été, Sepp Blatter, le patron de la Fifa, s'est prononcé pour un décalage de la compétition en hiver.

Article rédigé par Simon Gourmellet
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
Les Français Antoine Griezmann, Karim Benzema et Blaide Matuidi lors du match France-Portugal, le 11 octobre 2014 au Stade de France de Saint-Denis. (JEAN MARIE HERVIO / DPPI MEDIA / AFP)

La Coupe du monde de football est en passe de se jouer, pour la première fois de son histoire, en hiver. C'est la solution envisagée par le patron de la Fédération internationale de football (Fifa), Sepp Blatter, qui estime que l'édition 2022 au Qatar "ne peut pas se jouer en été" en raison des trop fortes chaleurs. "La date qui convient, c'est la fin de l'année", a-t-il ajouté, lundi 20 octobre, évoquant la période de novembre-décembre.

Si Tamim ben Hamad Al-Thani, émir du Qatar depuis le 25 juin 2013, dit avoir déjà anticipé ce changement dans une interview à CNN (en anglais), affirmant que son pays est prêt à modifier le planning de la compétition, ce calendrier inédit pose de nouveaux problèmes. Passage en revue des bouleversements qu'il faudra anticiper. 

Pour les joueurs : moins de préparation 

Changer la saison de la Coupe du monde pour éviter aux joueurs de courir par 50 degrés, sous un soleil de plomb, ou dans des stades climatisés, est sans doute une excellente idée. Mais l'équation est bien plus compliquée que cela. Ce n'est pas pour rien que le Mondial se déroule traditionnellement l'été. Cela permet aux joueurs internationaux d'avoir au moins trois semaines de préparation entre la fin de la saison dans leur club et le début de la compétition mondiale. Puis au moins trois autres de vacances et de récupération avant d'entamer une nouvelle saison en club. Un retour aux terrains très délicat pour les organismes, comme l'expliquait dans Le Figaro, l'ancien médecin de l'équipe de France de football Jean-Pierre Paclet. 

Pour les championnats : trois calendriers à revoir

Pour la première fois de leur histoire moderne, les grands championnats européens seraient obligés de revoir de fond en comble leur calendrier, et pas seulement pour la saison 2022. Avec une trêve hivernale plus longue pour permettre la tenue de la Coupe du monde, et des vacances réduites en été, le scénario de Sepp Blatter est envisageable. Mais pour Richard Scudamore, le président de la Premier League anglaise, cela nécessiterait de chambouler le calendrier de trois saisons entières : la saison 2021-2022, ainsi que la précédente, qui se terminerait plus tôt, et la suivante, qui débuterait plus tard. Un "chaos", explique-t-il dans The Telegraph.

Pour les clubs : un manque à gagner 

Les clubs européens de football ne "paieront pas la facture" d'un déplacement de la Coupe du monde 2022 du Qatar en hiver, a déjà prévenu Karl-Heinz Rummenigge, le président de l'Association européenne des clubs, rapporte Le Figaro. Car si les championnats français et allemands observent déjà une trêve de deux semaines pendant les fêtes de fin d'année, il n'en est pas de même en Angleterre, où se tient, à cette période, l'un des temps forts de la saison : le boxing day, avec, pour les clubs, quatre matchs en douze jours. Une tradition outre-Manche qui n'aurait pas la même saveur sans la présence des stars internationales, retenues par la Coupe du monde.

Pour les spectateurs : une période moins attractive

Pour les supporters, poser trois semaines de vacances l'été dernier pour se rendre au Brésil était compliqué, mais possible. Mais qu'en sera-t-il en 2022, en plein cœur de l'hiver ? Déjà qu'au Brésil, terre de football par excellence, les stades n'étaient pas pleins, on peut tabler sur une faible affluence au Qatar. Et l'on voit mal comment les Qataris pourraient remplir eux-mêmes leurs enceintes, dans un pays de seulement 2,1 millions d'habitants. L'ambiance s'en ressentirait forcément.

Pour les autres rendez-vous sportifs : une compétition frontale 

Il n'y a pas que la planète foot qui risque d'être bouleversée. Organiser un Mondial en fin d'année 2022 empièterait sur la saison des sports d'hiver, et surtout sur les Jeux olympiques. Si la ville hôte ne sera désignée qu'en 2015, la Fédération internationale de ski a déjà proposé de lancer une pétition (en anglais) pour réclamer à la Fifa d'adapter son calendrier.

Pour les diffuseurs : des programmes bousculés

Les sponsors et diffuseurs sont d'ores et déjà furieux, notamment les groupes américains Fox et NBC. A elles deux, ces chaînes américaines de télé ont déboursé un milliard d'euros pour les épreuves 2018 et 2022, selon Bloomberg Businessweek (en anglais). Et elles n'ont aucune intention de diffuser du "soccer" l'hiver, saison déjà occupée par la lucrative ligue de football américain.

Et pour les autres pays candidats à l'organisation ?

Si le choix d'organiser la compétition en hiver est validé, la Fifa devra s'atteler à calmer la colère des pays battus fin 2010 par le Qatar, lors de la désignation du pays-hôte de la Coupe du monde. Selon Le Parisien, l'Australie, qui comme les autres candidats, avait présenté un dossier pour une compétition estivale, a ainsi fait savoir qu'elle demanderait réparation pour les 31 millions d'euros que lui a coûtés sa campagne.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.