Football : un regret et beaucoup de dérobades, l'audition lunaire de Noël Le Graët devant l'Assemblée nationale
Ni excuses, ni grandes révélations. Noël Le Graët était entendu par la commission d'enquête de l'Assemblée nationale, chargée d'étudier les dysfonctionnements de la Fédération française de football, mardi 7 novembre. Beaucoup de questions ont été posées à l'ex-président de la "3F", de juin 2011 à janvier 2023, et à l'image de Didier Deschamps, interrogé cinq jours plus tôt, il n'y a pas vraiment répondu. Mais, contrairement au sélectionneur des Bleus, qui semblait en pleine maîtrise, Noël Le Graët a donné l'impression d'être dépassé par les événements.
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Oubliant quasiment systématiquement d'ouvrir son micro, il a débuté son audition par dix minutes d'autobiographie sans que cela ne lui ait été demandé par la Commission. "Je dois vous rappeler que je vais avoir 82 ans le jour de Noël". Voilà les premiers mots qu'il a prononcés juste après avoir prêté serment "sous réserve", insistant sur le fait qu'il y a "une enquête en cours" et qu'il n'a "pas le droit de (s)'exprimer sur ce qui n'a pas été encore jugé". De quoi annoncer la couleur.
Noël Le Graët ne dévoile rien et prend "note"
Il a assumé ne pas vouloir s'exprimer sur la plainte qu'il a déposée contre Amélie Oudéa-Castéra, la ministre des Sports. Il n'a donné aucune explication aux départs de six femmes de son Comité de direction depuis 2016. "Je ne m'occupais pas directement du personnel. J'ai été étonné". Les "blagues graveleuses" pointées par son ex-vice-présidente Brigitte Henriques devant la même commission ? "Une blague malheureuse, c'est possible." L'affaire de chantage sexuel sur de jeunes arbitres dans la Ligue de Paris révélée en septembre 2022 ? "J'en ai eu connaissance la semaine dernière à la suite de l'audition du patron des arbitres chez vous."
Ne cessant de louer la compétence des services au sein de la FFF, il n'a assumé aucun dysfonctionnement. "Qu'il y ait quelques petites erreurs, je veux bien assumer, mais pas être accusé de tous les maux, sur des faits qui ne me concernent pas vraiment." Des termes qui ont poussé Stéphane Buchou, député de la 3e circonscription de Vendée, à exprimer son agacement "à entendre ces propos qui consistent à dire : 'j'ai des collaborateurs qui font leur travail. Circulez, il n'y a rien à voir, moi je ne suis pas au courant'".
“Monsieur Diallo, monsieur Deschamps, monsieur Borghini, tous, unanimement, nous ont dit que c’était vous qui décidiez de quasiment tout à la FFF.”
La rapporteure Sabrina Sebaihilors de l'audition de Noël Le Graët, mardi
Face aux questions très précises de la rapporteure, Noël Le Graët a admis malgré lui l'inaction de sa fédération face aux cas d'agression sexuelle. Lorsqu'une salariée a porté plainte contre le directeur financier Marc Varin pour des faits s'étant produits à Moscou lors de la Coupe du monde 2018, l'accusé a été simplement convoqué et n'a pas reçu de sanction.
Il regrette ses propos sur l'homophobie
"On lui a fait des reproches relativement vifs pour que ça ne recommence pas", a osé Le Graët. Quant à l'affaire Angélique Roujas, entraîneure accusée de violences sexuelles dont certaines sur mineurs entre 2005 et 2013 (dont la carrière a continué malgré tout), Noël Le Graët a demandé : "Qu'est-ce qu'on pouvait faire ?". La rapporteure lui a répondu : "Retirer sa licence ?" Ce dernier s'est contenté de répondre : "Je note."
Ce dernier n'a regretté qu'une seule chose, avoir dit en 2019 qu'il arrêterait des rencontres pour des "cris racistes" mais pas pour de "l'homophobie". "Je regrette d'avoir employé ces mots. J'ai eu la chance que ma fille me passe un savon en rentrant. Ça m'a rendu très triste et je me suis trouvé un peu maladroit. Au foot, je suis sûr que tous ces imbéciles qui crient ces mots ne sont pas homophobes mais bêtes." Noël Le Graët a lourdement insisté sur le fait que ses visites dans des centres traitant des victimes d'homophobie l'avaient "changé", au point de se dire "mon pauvre Noël, comment tu as pu dire ça ?"
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