Harcèlement, propos sur le racisme et l'homophobie, dérapages sur Zidane… Les dossiers qui plombent la présidence de Noël Le Graët à la FFF
Pour Noël Le Graët, les dossiers s'accumulent. Après les accusations de harcèlement et de dysfonctionnements internes à la Fédération française de football, le président de la FFF est de nouveau dans l'oeil du cyclone. Dimanche, Noël Le Graët s'est exprimé dans l'émission Bartoli Time sur RMC. Dans une interview sans filtre, il est revenu avec mépris sur sa décision de ne pas considérer l'option Zinédine Zidane pour devenir sélectionneur des Bleus, deux jours après avoir reconduit Didier Deschamps à son poste jusqu'en 2026. Une interview n'a pas manqué de faire réagir à la fois la ministre des Sports, Amélie Oudéa-Castera, et Kylian Mbappé.
Cette nouvelle polémique survient quatre mois après une enquête publiée par So Foot sur les dysfonctionnements internes à la Fédération française de football. Un mois plus tard encore, le président de l'instance a été à nouveau accusé par de nouveaux témoignages dans une enquête menée par Radio France. À 81 ans, le Guingampais, présent à la tête de la FFF depuis 2011 et réélu en 2021, a dû gérer plusieurs dossiers compliqués ces dernières années, comme la volonté de révision de la convention des droits à l'image collectifs. Mais il s'est aussi retrouvé pris dans des polémiques après s'être exprimé sur des sujets de société, comme les droits de l'homme au Qatar ou le racisme dans le football. Retour sur les dossiers qui plombent son mandat.
Homophobie : "On arrête trop de matchs"
En marge du match France-Andorre en qualifications pour l'Euro 2021, en septembre 2019, une sortie de Noël Le Graët sur l'homophobie dans les stades fait la polémique. Dans les colonnes de Ouest-France, le président de la FFF estime "qu'on arrêtait trop de matchs" pour des cris et manifestations homophobes dans les stades, comme c'était le cas de plusieurs rencontres de championnat depuis le début de saison.
Il persiste au micro de franceinfo quelques jours plus tard, demandant aux arbitres de ne plus arrêter les matchs face à des manifestations homophobes. "Considérer que le football est homophobe, c'est un peu fort de café, je ne l'accepte pas", ajoute-t-il ensuite. Le Graët affirme également que le racisme, qui pourrait justifier l'arrêt des rencontres, et l'homophobie dans les stades, "ce n'est pas la même chose". La sortie suscite la colère des associations de lutte contre l'homophobie, et un recadrage de la ministre des Sports Roxana Maracineanu, pour qui la position du président de la FFF est "erronée".
Racisme : "Le phénomène raciste dans le football n'existe pas, ou peu"
Un an plus tard, Noël Le Graët fait à nouveau parler de lui, cette fois sur les débats autour du racisme dans le football. Invité à réagir sur les soupçons d'insultes à caractère racistes entre Neymar et Alvaro Gonzalez lors de Marseille-PSG, le président balaye les interrogations. "Quand un Black marque un but, tout le stade est debout. Le phénomène raciste dans le sport, et dans le football en particulier, n'existe pas, ou peu", lâche-t-il. Ses propos entraînent une manifestation de SOS Racisme devant le siège de la FFF.
À l'été 2021, il est interrogé par So Foot sur le fait que le racisme ne soit pas un sujet pour la Fédération. "Attends, moi je suis chef d'entreprise, j'ai des salariés, jamais… Même ici, ma secrétaire, allez voir sa couleur de peau. Et le directeur que je viens d'embaucher, un Diallo", répond-il alors. Le président est aussi épinglé par Kylian Mbappé, qui lui reproche de ne pas l'avoir défendu après son penalty raté à l'Euro, et les critiques, notamment racistes, qui ont suivi. "Lui considérait qu'il n'y avait pas eu de racisme", écrit le joueur sur Twitter.
Droits de l'homme au Qatar : "Aucune raison" que le pays "n'organise pas" le Mondial
Le président de la Fédération française de football a aussi choqué par ses propos sur les droits de l'homme au Qatar. Dans un entretien accordé à l'AFP fin novembre 2021, Le Graët assure que "la Coupe du monde se fera au Qatar" et "qu'il n'y a aucune raison pour que ce pays n'organise pas de grand événement."
Relancé sur les atteintes aux droits humains dans le pays, il coupe court : "J'ai bien lu tout cela, mais la France ira au Qatar [...] Qu'il y ait des problématiques sur quelques dossiers, on peut toujours l'entendre, mais je pense que le foot contribue au rapprochement." "Ils ont fait énormément d'efforts. Le Qatar a fait d'énormes progrès sur le plan social", assure-t-il à nouveau au Parisien en avril 2022.
Affaires à la FFF : accusations de harcèlement et dysfonctionnements internes
Depuis un mois, la FFF et son président sont dans la tourmente. Une enquête publiée par le magazine So Foot, le 8 septembre, met en cause le comportement de Noël Le Graët et sa gestion de dysfonctionnements en interne. Des témoignages anonymes évoquent notamment des messages à caractère sexuel envoyés à des employées.
Une semaine après la publication de l'enquête, le ministère des Sports annonce le lancement d'un audit pour faire la lumière sur les événements, après une rencontre entre Amélie Oudéa-Castera, la ministre des Sports, des Jeux olympiques et paralympiques, Noël Le Graët, et la directrice générale de la FFF Florence Hardouin. Mercredi 12 octobre, la cellule investigation de Radio France révèle de nouveaux témoignages de femmes et d'hommes, restées anonymes, accusant Noël Le Graët de comportements "inappropriés" et de “harcèlement”. Il y est décrit comme un "lourdingue". L’attitude "ambiguë" de sa directrice générale est également soulignée selon ces mêmes témoignages.
Propos méprisants envers Zinédine Zidane candidat à la tête des Bleus : "Je ne l'aurais même pas pris au téléphone"
Une nouvelle fois, le président de la FFF se retrouve au cœur d'une polémique après une série de propos cinglants et méprisants à l'encontre de Zinédine Zidane. Invité dans l'émission Bartoli Time sur RMC, dimanche 8 janvier, Noël Le Graët a affirmé n'avoir jamais envisagé la piste Zinédine Zidane comme sélectionneur des Bleus, malgré les rumeurs à ce sujet. Deux jours après l'annonce de la reconduction de Didier Deschamps à la tête des Bleus, le patron du football français n'a pas mâché ses mots à l'encontre du champion du monde 1998. "Cela ne correspond à rien. Je ne l'ai jamais rencontré, on n'a jamais envisagé de se séparer de Didier", a-t-il expliqué.
Et un coup de fil de la part de l'ex-numéro 10 n'aurait rien changé. "Certainement pas, je ne l'aurais même pas pris au téléphone", a taclé Le Graët. "Je sais très bien que Zidane était toujours sous le coude, il ne faut pas se raconter d'histoires. Il avait beaucoup de partisans, certains attendaient le départ de Deschamps pour se précipiter. Mais qui peut faire des reproches sérieux à Deschamps ? Personne", a-t-il encore lancé. Des propos qui n'ont pas manqué de faire réagir Kylian Mbappé sur son compte Twitter : "Zidane c'est la France, on manque pas de respect à la légende comme ça".
Pressenti dans le même temps pour devenir sélectionneur la Seleçao, Zinédine Zidane a une nouvelle fois pris pour son grade sur un éventuel départ pour le Brésil. "Zidane au Brésil ? Je n'en ai rien à secouer, il peut aller où il veut ! Il peut aller où il veut, dans un club... sélection, j'y crois à peine en ce qui le concerne", a déclaré le président de la FFF. L'entourage du dirigeant a plaidé, lundi, une "maladresse d'expression", avant que l'intéressé ne s'excuse dans un communiqué, avançant des "propos maladroits qui ne reflètent absolument pas ma pensée, ni ma considération pour le joueur qu'il était et l'entraîneur qu'il est devenu."
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