Incidents Lyon-Marseille : jet de bouteille sur Dimitri Payet, match à huis clos... Ce qu'il faut savoir avant la décision de la commission de discipline de la LFP
La commission de discipline de la Ligue de football professionnel (LFP) doit se réunir mercredi pour évoquer les suites de l'affaire.
Trois semaines après les incidents survenus lors du match de Ligue 1 Lyon-Marseille, l'heure est aux sanctions. Mercredi 8 décembre, la commission de discipline de la Ligue de football professionnel (LFP) se réunit en fin de journée pour évoquer les suites à donner à cette affaire.
Cette commission, qui a ouvert une enquête, statuera sur la responsabilité de l'Olympique lyonnais dans ces incidents et sur le sort du match interrompu. Avant que la décision ne soit rendue, retour sur les moments forts du dossier.
Les incidents du dimanche 21 novembre
Dimanche 21 novembre, l'Olympique lyonnais reçoit l'Olympique de Marseille pour le compte de la 14e journée de Ligue 1, au Groupama Stadium. Mais après trois minutes de jeu seulement, le match est interrompu. En cause, de nouveaux incidents.
Le Marseillais Dimitri Payet, venu tirer un corner, est touché à la tête par une bouteille d'eau lancée depuis les tribunes. Après la prise en charge du joueur par l'équipe médicale et l'arrêt temporaire de la rencontre, dirigeants marseillais et lyonnais se réunissent autour de l'arbitre, du représentant de la LFP et des services de l'Etat pour prendre une décision sur la suite donnée à ce match.
Dans un premier temps, le speaker du stade annonce la reprise de la rencontre, soulignant qu'au moindre incident, la partie sera définitivement interrompue. Si les Lyonnais entrent à nouveau sur la pelouse, les Marseillais refusent, eux, de reprendre le match. Finalement, près de deux heures après les événements, le speaker finit par annoncer l'arrêt définitif du match.
Jean-Michel Aulas conteste l'arrêt du match, met en cause l'OM et l'arbitre qui se défend
Une fois la décision prise d'arrêter définitivement le match, le président de l'OL Jean-Michel Aulas s'est exprimé au micro d'Amazon Prime, afin d'affirmer clairement son désaccord. "Croyez-moi le match pouvait reprendre sans problème", a-t-il taclé après l'arrêt de la rencontre, répétant qu'il s'agissait d'un "acte isolé". "Il n'y avait aucun risque de nouveaux jets de projectiles, avec des protections mises en place, et l'auteur a été appréhendé."
Cet arrêt définitif de la rencontre l'a même surpris. "On avait imaginé avec le préfet que le match pouvait reprendre, l'arbitre en avait décidé ainsi devant le procureur, le DDSP (directeur départemental de la sécurité publique). Et quand il est revenu annoncer aux joueurs, il y a eu une réaction violente de la part de Marseille qui a exigé que M. Buquet (l'arbitre principal) aille demander des nouvelles de Dimitri", a-t-il expliqué à chaud.
"On est catastrophés par ce qui est arrivé, le médecin m'a dit : 'Plus de peur que de mal'. On présente nos excuses. Il y a eu un tel mouvement de violence que M. Buquet a demandé à revoir le préfet et a inversé sa décision. Elle est incompréhensible", a poursui M. Aulas. Quelques minutes après, l'arbitre, Ruddy Buquet, vient à son tour au micro du diffuseur (chose rare) pour affirmer sa position : "Ma décision sportive a toujours été de ne pas reprendre le match."
Condamnation de l'auteur du jet de bouteille et huis clos pour l'OL
La commission de discipline de la LFP décide de manière conservatoire, le 22 novembre, de sanctionner le club rhodanien d'un match à huis clos, face à Reims, le mercredi 1er décembre. Une décision contestée par l'OL, plaidant un "acte individuel et isolé", qui ne peut pas être comparé "à l'immense majorité des incidents collectifs" survenus dans les stades de football depuis le début de saison. L'appel de l'OL auprès du Comité national olympiques et sportif français (CNOSF) est rejeté.
Par ailleurs, l'auteur du jet de bouteille sur Dimitri Payet, est condamné mardi 23 novembre par le tribunal correctionnel à six mois de prison avec sursis. S'ajoutent à cette peine, une mise à l'épreuve et une interdiction d'accès au stade de l'OL pendant cinq ans. Une peine moins sévère que ce qu'avait requis la procureur à l'encontre du prévenu, qui avait demandé six mois de prison ferme.
Le gouvernement s'empare du problème et organise une réunion au ministère de l'Intérieur
Après une saison marquée par sept affaires de violences dans les stades depuis la reprise, le gouvernement décide d'intervenir. Deux jours après les incidents survenus à Lyon, la Ligue de football professionnelle (LFP), la Fédération Française de football (FFF), les représentants des arbitres, des joueurs ainsi que ceux de plusieurs clubs de football sont rassemblés autour de la table pour la première fois, au ministère de l'Intérieur.
La réunion est organisée par le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin, accompagné du garde des Sceaux Eric Dupont-Moretti, et Roxana Maracineanu, ministre déléguée aux Sports. Si aucune décision n'a été prise à la suite de cette réunion, plusieurs pistes de travail sont évoquées : l'interdiction des stades, la sécurité des enceintes (notamment avec de la vidéoprotection et des filets), la sécurité privée (autrement dit l'accès au stade) et l'accélération de la décision d'un arrêt de match (comment et avec quelles responsabilités). "On a convenu (...) de faire des propositions au Premier ministre et aux instances dirigeantes dans quinze jours", a poursuivi le ministre de l'Intérieur.
Le rapport des arbitres met en cause Jean-Michel Aulas
Deux jours avant la décision de la commission de discipline, Jean-Michel Aulas revient au centre de l'attention. Un rapport arbitral issu de la rencontre Lyon-Marseille, que l'AFP a pu consulter, le met en cause. "La compétition dépend de la LFP, vous de la FFF, je fais malheureusement partie du Comex et ça ne va pas en rester là", aurait-il lancé à l'arbitre principal, Ruddy Buquet, refusant de voir le match s'arrêter, selon ce rapport.
Si Jean-Michel Aulas n'a pas souhaité répondre aux questions de franceinfo: sport, un porte-parole de l'OL a réagi auprès de l'AFP : "Ce sont des propos incomplets, sortis de leur contexte et relatifs à l'incompréhension entre la Ligue qui communique sur la reprise du match alors qu'au même moment l'arbitre a changé de position en arrêtant le match pour des raisons alors non expliquées."
Puis le président de l'OL reprend la main en livrant, sur son compte Twitter, une nouvelle idée pour faire face aux problèmes de violence dans les stades. Jean-Michel Aulas se veut force de proposition : "Pour éviter d'arrêter à tort un match on pourrait permettre aux clubs de remplacer un joueur potentiellement blessé : donner la possibilité de rester à 11 comme dans le cas d'une commotion (6e remplaçant). Peut-être même que ça pourrait inciter le blessé à reprendre ?", a-t-il écrit sur Twitter.
@OL @FFF @LFPfr Pour éviter d'arrêter à tort 1 match on pourrait permettre aux clubs de remplacer 1 joueur potentiellement blessé:donner la possibilité de rester à 11 comme dans le cas d'1 commotion(6 ème remplaçant )Peut être même que ça pourrait inciter le blessé à reprendre?
— Jean-Michel AULAS (@JM_Aulas) December 6, 2021
La commission de discipline de la LFP doit désormais clore ce dossier, en rendant un verdict définitif.
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