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"Il était un Roi", "Eternel Pelé"... La presse internationale rend un dernier hommage à la légende brésilienne du football

Le "roi" Pelé s'est éteint, jeudi, à l'âge de 82 ans des suites d'un cancer du côlon. Une disparition qui émeut les journaux du monde entier, preuve de la renommée de cette icône du sport.
Article rédigé par franceinfo: sport, Gabriel Joly
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5 min
Les journaux du monde entier rendent un dernier hommage au Brésilien Pelé, le 30 décembre 2022. (PABLO PORCIUNCULA / AFP (fond))

Il s'en est allé à 82 ans. Entouré de ses proches à l'hôpital Albert Einstein de Sao Paulo, Edson Arantes do Nascimento, dit Pelé, est décédé, jeudi 29 décembre, des suites d'un cancer du côlon contre lequel il luttait depuis plusieurs mois. Au lendemain de sa disparition, la presse internationale salue une dernière fois le Brésilien qui a marqué l'histoire du football, au point d'être considéré par beaucoup comme son plus grand représentant.

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"Le Roi Pelé", titre ainsi sobrement Le Parisien pour accompagner le mythique cliché du Brésilien aux trois titres mondiaux, célébrant dans les bras de son coéquipier Jairzinho après avoir offert le quatrième but de son équipe à Carlos Alberto d'une passe magistrale, face à l'Italie (4-1) en finale de la Coupe du monde 1970.

De son côté, L'Equipe affiche "Il était un roi" en Une. Le quotidien - qui consacre d'ailleurs pas moins de 22 pages à la "magie insurpassable" du Brésilien, selon les mots choisis par le journaliste Vincent Duluc - a opté pour le portrait d'un Pelé rayonnant dans le traditionnel maillot jaune de la Seleçao flanqué, à l'époque, de deux étoiles, symbolisant le doublé réalisé par le Brésil aux Mondiaux 1958 et 1962.

Dans son édito pour Libération, qui a choisi une photo d'un Pelé emmitouflé dans un manteau lors de la Coupe du monde 1966, regardant derrière lui comme s'il observait tout ce qu'il avait accompli dans son sport, pour illustrer le jeu de mot "Seleciao"Paul Quinio imagine quant à lui les retrouvailles de la légende avec Diego Maradona, Johan Cruyff et George Best dans l'au-delà.

"Ils étaient à part. Ils se retrouvent enfin avec la certitude de le rester. Et de pouvoir jongler tous les quatre pour l’éternité. Sans dieu pour les regarder en tribune puisque dieux ils sont, écrit-il avant de rappeler que Pelé reste malgré tout le numéro 1. Tout simplement parce qu’il a été le premier. Le premier à incarner la mondialisation du foot, ses audiences planétaires, son business. Et qu’à l’inverse des trois autres, il sera resté à l’abri de ces excès."

Des adieux venus des quatre coins du monde

Ce refrain plaçant Pelé comme un précurseur du futebol résonne un peu partout. Même jusque dans une Suède visiblement pas rancunière malgré le doublé de l'attaquant en finale du Mondial 1958 qui l’a privée d'un sacre à domicile. "Personne n'a pu, personne ne pourra jamais lui enlever ce qu'il a donné au football ou au Brésil, écrit le journaliste Simon Bank dans les colonnes d'Aftonbladet. Que Nascimento [l'un des noms de Pelé] signifie "naissance", il en est ainsi car tout a commencé avec lui. Il avait dix-sept ans lorsque lui, Didi, Vava, Garrincha et les autres ont remporté la première Coupe du monde télévisée, et il a pleuré comme l'enfant qu'il était." Pelé s'était alors révélé à la face du monde en devenant le plus jeune vainqueur d'un Mondial de l'Histoire (17 ans et 249 jours).

Pas étonnant donc que son décès fasse les gros titres des journaux du monde entier. "Pelé, la 'perle noire' qui a charmé le monde, n'est plu", peut-on lire en Une du Times of India qui met à l'honneur l'autre surnom du footballeur, symbole d'un Brésil pauvre et parfois discriminé qui peut malgré tout réussir. Tandis qu'au Royaume-Uni, The Guardian décrit Pelé comme "un joueur qui a offert son talent au monde entier", en Espagne, AS et Marca rivalisent d'ingéniosité pour faire leurs adieux à la légende avec respectivement une photo des pieds du "Roi" et le nom géant de Pelé ponctué d'une subtile mention "jamais auparavant quatre lettres n'avaient été aussi importantes..."

Le New York Times évoque quant à lui la disparition du "visage mondial du soccer", qui "a aidé à populariser ce sport aux Etats-Unis", pays pourtant moins friand du ballon rond, lors de ses deux piges passées au New York Cosmos de 1975 à 1977.

Même dans l'Argentine voisine, Olé parle de "douleur mondiale". Le quotidien sportif se montre d'ailleurs beau joueur en reconnaissant la trace que laissera Pelé pour son sport. "Au-delà de la rivalité qui existe entre l'Argentine et le Brésil, personne ne peut douter que Pelé était l'un des plus grands footballeurs de l'histoire, pour beaucoup le meilleur au-delà de Diego Maradona et Lionel Messi."

Le Brésil pleure son Roi

Evidemment, c'est au Brésil que l'émotion est la plus vive ce vendredi matin. Pour lui rendre un hommage qui reflète l'immensité de sa carrière, le journal O Globo lui consacre quatre Unes différentes titrées "Eternel Pelé" : trois pour chacun de ses titres en Coupe du monde avec le Brésil et une pour son 1000e but, un chiffre sujet à la controverse, marqué le 19 novembre 1969 lors d'un match entre son club de Santos et Vasco de Gama au stade Maracana.

La Folha de Sao Paulo - dont l'annonce de la mort de Pelé éclipse l'actualité politique du pays et l'autre figure nationale, Lula, qui doit être investi ce week-end en temps que président - explique enfin combien le numéro 10 "a montré la puissance du sport et a repoussé les limites de la célébrité".

Dans sa nécrologie, le journaliste du quotidien pauliste Juca Kfouri fait l'éloge de l'ancien de Santos et cite l'écrivain brésilien Carlos Drummond de Andrade : "Ce n'est pas difficile de marquer mille buts comme Pelé : ce qui est difficile, c'est de marquer un but comme Pelé." Avant de conclure : "Non, ce n'est pas vrai que Pelé est mort. Celui qui est mort, c'est Edson." Si la légende du triple champion du monde ne s'écrit plus, elle continuera de perdurer tant que le football attirera les foules. 

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