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PSG : malheureusement, les supporters ne s'achètent pas

Des insultes, des sifflets et bien peu d'encouragements : le public du Parc des Princes n'a pas brillé face à l'OM. En haut lieu, on s'agace. Le retour de l'ambiance à Paris sera long…

Article rédigé par Pierre Godon
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 6min
Les supporters du PSG lors du match PSG-OM de Ligue 1, le 8 avril 2012, au Parc des Princes.  (ALEXIS REAU / SIPA)

Vous avez trouvé tristounette l'ambiance au Parc des Princes face à l'OM, dimanche 24 février ? Vous n'êtes pas seul. Le directeur sportif du club, Leonardo, aussi : "On doit avoir un public qui nous pousse tout le temps, qui aide l'équipe, qui soit confiant. On a besoin d'un public plus optimiste, un public de Champions League tout le temps. Sans ça, ce sera très difficile de réussir." Petit problème : contrairement aux stars, ça ne s'achète pas...

Les passionnés sont dégoûtés

Qu'est devenu le stade qui faisait peur aux adversaires ? Le plan Leproux est passé par là. Après la mort d'un supporter à la suite d'une bagarre en 2010, le président d'alors, Robin Leproux, prend des mesures drastiques : dissolution des groupes de supporters en fin de saison, attribution aléatoire des places et interdiction des abonnements. Seule la dernière mesure sera levée au bout d'un an. "Le plan Leproux était un passage obligé, reconnaît l'historien du club, Michel Kollar, contacté par francetv info. Mais il était supposé être transitoire."

Les associations de supporters n'ont plus droit de cité au stade. "On a certes dégagé les indésirables, mais on a dégoûté beaucoup d'authentiques passionnés du club, non-violents", regrette Jérôme, trente ans de Parc des Princes au compteur, qui tient le site lamemoiredupsg.fr. Pour en créer une nouvelle, il faut montrer patte blanche à la Licra, à SOS Racisme et à d'autres associations, et s'interdire tout message négatif, comme stipulé dans la fameuse Charte 12. Pas de quoi encourager les vocations.

La liberté d'expression des fans est proche de zéro, tant les Qataris veulent tout contrôler. Ainsi, chaque banderole est soumise à l'imprimatur du club. Contacté par francetv info, Jérôme Benadiner, réalisateur du documentaire Parc sur l'histoire de l'enceinte de la porte de Saint-Cloud, se souvient : "Des supporters présents en tribune Boulogne voulaient déployer fin 2011 une banderole de soutien à l'entraîneur, Antoine Kombouaré, qu'on savait menacé par la direction. Ils n'ont même pas eu le droit de le faire."



Une ambiance fabriquée, comme aux Etats-Unis

Résultat, l'ambiance s'est aseptisée, et le public de passionnés a laissé place à des consommateurs. "L'ancien latéral Marcos Céara nous a dit que les joueurs ressentaient ce manque d'ambiance, qu'ils en parlaient entre eux, mais qu'ils avaient reçu un mot d'ordre du club pour ne pas en parler en public", affirme Jérôme Benadiner. Contre l'OM, la distribution de drapeaux et l'animation par Ariel Wizman improvisé DJ a fait l'unanimité contre elle. "Ridicule, tranche Michel Kollar. Le club n'a vraiment pas la créativité des ultras." 

Le modèle des propriétaires qataris n'est pas Arsenal, où le public paye cher pour voir un match en silence, mais vient d'outre-Atlantique. "On assiste à un glissement vers le modèle des franchises de foot américain ou de base-ball où le club produit même l'ambiance dans le stade", regrette Laurent, fidèle du Parc depuis la fin des années 1990, contacté par francetv info. Le PSG a cherché à apprécier la réaction de ses passionnés via un sondage sur son site. C'est très mitigé.

"Le slogan du PSG est révélateur, poursuit Laurent. 'Rêvons plus grand', c'est leur projet de vendre un spectacle à la Disneyland, avec des stars, bien lisse, un peu comme les gâteaux américains." Les drapeaux et la sono à tout-va sont déjà là, manque une troupe de pom-pom girls et des interventions plus régulières de la mascotte, Germain le Lynx, pour qu'on se croie en NFL.

Plus d'insultes, plus de sifflets, moins de chants

Comme une grande partie des 16 000 abonnés des tribunes Boulogne et Auteuil sont partis, un nouveau public a pris leur place. "Les nouveaux n'ont pas encore intégré les codes du supportérisme", remarque Laurent. Michel Kollar est plus dur : "On n'achète pas une âme à une équipe. Les propriétaires du PSG s'imaginent qu'ils vont changer le public. Ils rêvent d'un Parc clean avec des spectateurs qui applaudissent les beaux gestes."

Le rapport entre le club et ses supporters, voire ses clients, a changé. Désormais, on vient pour voir un spectacle, et quand on estime ne pas en avoir pour son argent, on siffle. "C'est la dernière façon de contester vu qu'on n'a plus le droit de rien faire", remarque Jérôme. "On critiquait les ultras, note Laurent, mais ils avaient un code d'honneur qui leur interdisait de siffler l'équipe quand elle était en difficulté. Au contraire, les encouragements redoublaient. Et ils avaient des chants pour intimider l'adversaire, pas juste des insultes comme c'est le cas désormais."

Une ambiance qu'on retrouve... au PSG Handball. Les nouveaux propriétaires qataris ont tendu la main à l'unique groupuscule de supporters de ce club, au bord de la relégation l'année dernière. Un recrutement cinq étoiles plus tard, la salle Coubertin est devenue une citadelle imprenable où l'on entend... les chants du Parc des Princes. "Clairement, la plupart des supporters qui chantent pour le PSG Hand sont des déçus du foot", estime Pierre, qui s'est rabattu sur le handball après le plan Leproux. 

Le nouveau public du PSG est-il un repaire de snobs blasés qui sifflent à la première occasion ratée ? Jérôme, du site lamemoiredupsg.fr, qui était présent au Parc lors du match contre l'OM, n'est pas d'accord : "Les sifflets de dimanche étaient surtout pour le manque d'implication d'Ibrahimovic, qui marchait quand il perdait le ballon. Lui et quelques autres, comme Menez ou Pastore, on a l'impression qu'ils sont à l'entraînement. Or, la base du métier de footballeur, c'est de courir, non ?"

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