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Le fichage des jeunes au PSG "nous rappelle hélas l'affaire des quotas en 2011", dénonce le Cran

Ghyslain Vedeux, président du Conseil représentatif des associations noires de France (Cran), a expliqué, vendredi sur franceinfo, qu'"il y a une différence entre les fichiers ethniques et nominatifs qui sont interdits et les statistiques ethniques et anonymes qui, elles, sont autorisées".

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Le logo du PSG au Parc des princes, le 2 novembre 2018. (FRANCK FIFE / AFP)

Le PSG est accusé d'avoir organisé entre 2013 et 2018 le fichage ethnique des jeunes joueurs repérés par le club selon les révélations des "Football Leaks". La cellule de recrutement du PSG a mentionné des critères ethniques dans ses fiches d'évaluation. L'information a été confirmée par le PSG qui pointe "une initiative personnelle". Ghyslain Vedeux, président du Conseil représentatif des associations noires de France (Cran) et ancien footballeur professionnel, était l'invité de franceinfo, vendredi 9 novembre. Il est revenu sur l'affaire alors que le Cran a annoncé qu'il portait plainte

franceinfo : Pensez-vous que le club est de bonne foi quand il dit que c'était une "initiative personnelle" ?

Ghyslain Vedeux : Pour l'instant, c'est ce qu'ils disent. Il est difficile d'imaginer dans une telle structure comme le PSG que de telles directives aient été prises uniquement à l'initiative des entraîneurs et des recruteurs. Il est difficile d'imaginer que le club puisse ne pas savoir. Il faudrait entendre ce que disent les autres personnes. Il faut remettre les choses dans leur contexte. Dans un club, il y a une hiérarchie. Il y a un système qui est mis en place. Cela nous rappelle hélas l'affaire des quotas en 2011*. Il y a une différence entre les fichiers ethniques et nominatifs, qui sont interdits, et les statistiques ethniques et anonymes qui, elles, sont autorisées.

Comment jugez-vous les systèmes de recrutement dans les clubs ?

Aujourd'hui, les systèmes de recrutement sont assez clairs. Il y a des personnes qu'on appelle des scouts qui sont au bord des terrains, qui parcourent les tournois, regardent les matchs et qui rapportent des informations aux clubs. Mais les critères d'évaluation sont définis par les clubs. Si, comme c'est révélé par cette enquête qui a été faite par Mediapart, les caractéristiques ethniques sont nommées, ça c'est interdit.

Qu'est ce qui explique la grande proportion de jeunes des quartiers dans les effectifs des clubs et lors des tests également ?

Aujourd'hui, quand on recrute dans le football, on recrute dans les zones urbaines, dans les régions parisienne, lyonnaise, nantaise... Et qui vient faire les tests ? Ce sont en grande majorité des jeunes issus des quartiers parce que c'est le sport le plus accessible. Aujourd'hui, si on retrouve ces jeunes au plus haut niveau, c'est grâce à leurs compétences. C'était l'origine du débat en 2011 avec les quotas* et c'est tout le problème. Entre 2011 et 2018, on se rend compte qu'on a n'a pas évolué et qu'il y a les mêmes pratiques qui perdurent. C'était Laurent Blanc qui était en équipe de France [d'août 2010 à juillet 2012] et qui est passé entre-temps par le PSG [entre 2013 et 2016], on ne va rien supputer, mais on se rend compte qu'il y a une continuité de ces pratiques.

*En avril 2011, une enquête publiée par Mediapart avait révélé que des dirigeants de la Direction technique nationale (DTN) et de la Fédération française de football (FFF), dont Laurent Blanc, le sélectionneur, avaient envisagé en novembre 2010 la mise en place de quotas discriminatoires sur des critères d'origine dans la formation et la sélection des joueurs.

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