Coupe du monde 2022 : blessures en cascade chez les Bleus, victimes du rythme infernal des compétitions
L'infirmerie de l'équipe de France de football ne désemplit pas à moins d'un mois du Mondial au Qatar. Les Bleus payent le prix d'une cadence de matchs très élevée, à tel point que certains joueurs pourraient se préserver en championnat pour éviter de louper l'événement.
Raphaël Varane, touché à la cuisse droite, a dû quitter le terrain et son équipe de Manchester United les larmes aux yeux, samedi 22 octobre. Son club n'a toujours pas communiqué sur la nature de sa blessure, ni sur sa durée d'indisponibilité, mais certains médias spécialisés évoquent entre trois et quatre semaines d’arrêt, d’où des inquiétudes légitimes pour la Coupe du monde. La situation de Karim Benzema , lui aussi affecté par un souci musculaire, paraît moins préoccupante même s’il a fait l'impasse sur le match de Liga ce week-end avec le Real Madrid. Rappelons que N'Golo Kanté est officiellement forfait, que Paul Pogba reprend tout juste l'entraînement et que Mike Maignan et Lucas Hernandez sont très incertains. À un mois du Mondial au Qatar, l'infirmerie est toujours le sujet numéro un chez les Bleus.
Même si cela n'explique pas toutes ces blessures, le rythme infernal des compétitions, dans un calendrier contraint par une Coupe du monde en pleine saison, y est pour beaucoup. "C'est l'accumulation, le peu de temps de récupération, l'enchaînement des matchs", observe le sélectionneur des Bleus, Didier Deschamps, il n'y a pas un match où l'entraîneur en club, ou moi, va leur dire : 'Non, celui-là [de match], tu peux jouer tranquille'. Il faut toujours gagner, donc forcément, cela fait beaucoup."
18 matchs en 11 semaines, du jamais-vu
Il suffit de regarder le calendrier des rencontres de n'importe quel joueur international évoluant dans un club engagé en Coupe d'europe pour prendre la mesure de cette cadence. S'il s'agit d'un titulaire, ou qu'il est entré en jeu à chaque rencontre, il a atteint 18 matchs en seulement 11 semaines. C'est un rythme jamais-vu.
Un match tous les quatre jours. La cadence sera maintenue jusqu'à la Coupe du monde. À chaque rencontre, les joueurs gardent en tête qu'ils peuvent se blesser, et si cela devient sérieux, louper la compétition. Une épée de Damoclès sur les internationaux qui pourraient être tentés, d'ici là, de lever le pied.
La question peut par exemple se poser dans le vestiaire du Paris Saint-Germain. Une grande partie de l'effectif sera du voyage au Qatar et l'entraîneur Christophe Galtier s'interroge : "Je ne suis pas dans leur tête, mais c'est possible. J'espère qu'il n'arrivera pas un moment où les joueurs vont choisir leur match à l'approche de cette compétition. Mais on ne pourra pas y faire grand-chose, le calendrier est comme cela." Le calendrier se compose de cinq matchs : trois en championnat et deux en Coupe d'Europe, qui seront à disputer dans les trois prochaines semaines.
Toutes les sélections concernées
Cette question des blessures ne concerne d'ailleurs pas que l'équipe de France. Pour tous les pays qualifiés pour le Mondial, l'infirmerie reste aujourd'hui une source d'inquiétude, particulièrement pour les formations qui possèdent des joueurs évoluant dans les championnats européens. Le Portugal devra faire sans Diogo Jota et sans Pedro Neto. Pas de Coupe du monde pour l'anglais Reece James, grosses incertitudes en Espagne pour Koke, en Argentine pour Paulo Dybala ou en Allemagne pour Leroy Sané. À chaque fois, il s’agit de blessures musculaires. "Cela fait des années que nous les médecins et le corps médical on dit que les joueurs jouent trop, assure Jean-Pierre Paclet, ancien médecin de l'équipe de France jusqu'en 2008. C’est encore plus vrai cette année."
"Lors des Coupes du monde qui se déroulaient pendant l’été, il y avait quatre semaines de laps de temps qui permettaient aux joueurs de récupérer."
Jean-Pierre Paclet, ancien médecin de l'équipe de Franceà franceinfo
Cette fois-ci les internationaux seront pleinement libérés le 14 novembre, soit seulement une semaine avant le début de la compétition. "Ils vont arrêter leurs championnats respectifs et puis tout de suite on va les mettre dans un pays où il va faire 25 degrés, reprend Jean-Pierre Paclet. On dit que ce n’est pas beaucoup mais la différence est énorme pour un joueur."
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