Ligue des champions : Carlo Ancelotti, la force tranquille qui a rendu le Real Madrid insubmersible
"J'adore mon métier et je ne le trouve pas stressant". Carlo Ancelotti le disait en 2015 à The Independent et n'a aucune raison de revenir sur ses propos à l'aube de la finale de Ligue des champions de son Real Madrid face au Borussia Dortmund, samedi 1er juin. Après tout, s'il y a bien une personne qui connait la saveur d'un tel rendez-vous, c'est bien lui. A Wembley, "Il Mister" dirigera sa sixième finale de C1 (dont quatre remportées, deux records), la deuxième sur les trois dernières éditions.
"Il ne panique jamais", confirme l'ex-international malien Mohamed Sissoko, qui a évolué sous ses ordres au PSG entre 2011 et 2013. De cette époque des débuts du projet qatarien dans la capitale, aucune image de colère de l'Italien ne remonte. Les anciens se rappellent surtout de la bonhomie du natif de Reggiolo, un "bon vivant", du genre à se rendre à un barbecue organisé chez le défenseur Sylvain Armand au milieu de ses joueurs.
Sérénité, plaisir et adaptation
"Carlo, c’est la classe à l’italienne. Il est à facile à vivre et proche de ses joueurs. Je ne connais pas une seule personne qui parle en mal de lui. Il est exigeant, te demande beaucoup, mais il te donne les pleins pouvoirs. Il n’est pas là à te faire mal à la tête", développe Sissoko, qui n'a pas oublié la passion de son ancien entraîneur pour les cigares. D'où ce cliché devenu iconique d'Ancelotti, lunettes de soleil excentriques sur le nez, célébrant le titre de champion d'Espagne 2022 en fumant au milieu de ses joueurs.
A 64 ans, dont la moitié passée à entraîner, Carlo Ancelotti garde cette légèreté qui le caractérise, cette force tranquille qui a déteint sur son équipe. Déjà le club le plus sacré de l'histoire de la C1 avant son premier mandat (2013-2015), le Real Madrid, disposait d'une expérience inégalée sur la scène européenne. Au lieu de s'en contenter et de se reposer sur les acquis, l'Italien l'a rendu quasiment insubmersible, à l'image de la campagne 2021-2022.
Cette année-là, son équipe a puni le PSG alors qu'elle était menée de deux buts à 30 minutes de la fin des huitièmes de finale, a survécu après avoir été menée 3-0 par Chelsea en quarts de finale retour et a surtout renversé Manchester City au cours des cinq dernières minutes des demi-finales.
La saison qui s'achève n'a pas atteint un tel niveau de dramaturgie, mais on a retrouvé ce Real Madrid qui n'est jamais vraiment mort. Après avoir arraché leur billet pour les demies aux tirs au but contre Manchester City, les Merengues sont passés en quelques minutes de virtuellement éliminés à qualifiés pour la finale grâce à deux buts de Joselu, cette incongrue doublure qui découvre la C1 à 34 ans.
"La clé du succès, c'est ta relation avec les joueurs. Ils doivent s'amuser dans leur travail et se sentir libres pour montrer leur talent".
Carlo Ancelottià "The Independent" en 2015
"Les principales qualités dont l'équipe a fait preuve cette année sont la cohésion, la concentration, le collectif. Malgré quelques difficultés au début, la saison a été excellente et la cohésion et le professionnalisme du groupe nous ont permis de relever tous les défis. Il y a un équilibre entre les anciens qui montrent l'exemple et les plus jeunes, qui sont d'une très grande qualité", a expliqué Carlo Ancelotti dans une interview à l'UEFA.
Gérer la pression sans sourciller
Egalement double champion d'Europe comme joueur, l'ancien milieu de terrain n'est pas le plus grand tacticien de l'ère moderne, mais il suscite l'admiration des meilleurs de sa profession, dont Pep Guardiola. "Il a été partout dans le monde, dans de grands pays de football et des équipes fantastiques. C'est une personne exceptionnelle. Je l'ai rencontré il y a des années et, chaque fois que je suis avec lui, il est calme, il contrôle parfaitement ses émotions", avait salué l'Espagnol entre les deux confrontations entre ses Cityzens et les Merengues en 2022.
Carlo Ancelotti, qui a dirigé Zinédine Zidane à la Juventus, Kaka à l'AC Milan, ou encore Cristiano Ronaldo au Real, est un entraîneur souple. Il n'érige jamais un système de jeu en dogme. "Si je proposais ce que je faisais il y a vingt ans, tout le monde me prendrait pour un imbécile. Les méthodes et l'entraînement changent. Il faut rester dans le coup", a-t-il rappelé lundi. Le vieux sage a compris que le football était un sport en mouvement permanent, à l'échelle même d'un match. L'adaptation au contexte, à l'adversaire et à ses propres points forts, est la clé.
Il se méfie déjà du Borussia Dortmund d'Edin Terzic, refusant d'assumer le statut de favori. "On doit jouer contre une équipe qui a très bien joué en éliminant le PSG et l'Atlético de Madrid, en montrant de l'engagement et la bonne attitude", a-t-il tempéré en conférence de presse, avec des mots simples, un brin convenus, mais évocateurs du sérieux du Real. Qui n'a donc pas remporté ses huit dernières finales de C1 sans raison.
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