Football : auteur d'un début de saison canon, Marcus Thuram a mis la Botte à ses pieds avec l'Inter
Un soir d'octobre 2020, Marcus Thuram avait eu besoin de chercher sa photo sur Google pour prouver son identité à la sécurité du stade Giuseppe-Meazza, qui lui refusait l'accès lors de la venue de son ancien club, le Borussia Mönchengladbach, en Ligue des champions. Désormais, il y a ses entrées. Auteur d'une adaptation express en Serie A après avoir signé libre à l'Inter cet été, le Français est l'un des grands artisans du début de saison réussi de sa nouvelle formation, leader du championnat avec quatre points d'avance sur la Juventus avant de défier le Genoa, vendredi 29 décembre.
Décisif à 18 reprises (huit buts et dix passes) en 24 matchs avec les Nerazzurri, le Sochalien de formation s'est rapidement fait une place de choix dans le XI de Simone Inzaghi, orphelin d'Edin Dzeko (parti à Fenerbahçe) et Romelu Lukaku (AS Rome). Pourtant, faire oublier les deux hommes qui se relayaient aux côtés de l'Argentin Lautaro Martinez pour faire tourner l'attaque des finalistes de la dernière Ligue des champions n'était pas chose aisée.
"Tout de suite chez lui"
"On aurait pu penser qu'il aurait des difficultés à s'intégrer, il est normal que changer de pays soit difficile. Au contraire, il s'est très bien débrouillé. Ses coéquipiers ont été très bons parce qu'ils lui ont permis de se sentir tout de suite chez lui, tout de suite à l'aise dans cette équipe. Et il nous donne de très bons résultats. Il doit continuer à travailler comme ça et être aussi concentré qu'il l'est chaque jour", avait ainsi salué son entraîneur avant la réception de Salzbourg en C1, fin octobre.
Il faut dire que l'ex-Guingampais ne s'avançait pas en terre totalement inconnue. Né à Parme lorsque son père, Lilian, y jouait à la fin des années 1990, Marcus Thuram a ainsi pris l'habitude de fouler les pelouses transalpines dès sa tendre enfance. Lui qui a vécu pendant neuf ans en Italie parle d'ailleurs couramment la langue locale. Un plus indéniable qui a contribué à faire pencher la balance en faveur des Lombards, alors que plusieurs écuries flairaient le bon coup. Arrivé au terme de son contrat outre-Rhin en juin dernier, l'international tricolore était notamment pisté par le Paris Saint-Germain.
Questionné par Kylian Mbappé dans une vidéo diffusé sur Canal+ sur les raisons de ne pas rejoindre la capitale, Marcus Thuram évoquait une "question de feeling". "Je n’ai jamais demandé de garantie de temps de jeu. L’Inter était là il y a deux ans. Le club m'a toujours vu comme un numéro 9, c'était un choix limpide", avait encore balayé le frère aîné de Khéphren. Car à 26 ans, ce positionnement lui tient désormais très à coeur.
Neuf de coeur
Longtemps aligné sur l'aile gauche en Ligue 1 comme en Bundesliga, là où il prenait le plus de "plaisir", Marcus Thuram a définitivement opté pour un rôle d'avant-centre au début de la saison dernière, après une conversation avec son coach de l'époque à Gladbach. "Il a gagné en efficacité, ce qui n'était pas son point fort. C'est pour ça qu'il aimait bien être sur le côté pour ne pas avoir de face-à-face avec le gardien. Dans les séances supplémentaires, il y a plus d'application, il a plus le côté un peu tueur", relevait d'ailleurs Didier Deschamps lors du dernier rassemblement en novembre, où l'Intériste a inscrit son deuxième but international contre Gibraltar (14-0), deux mois après avoir débloqué son compteur face à l'Irlande (2-0).
Des réalisations qui avaient sonné comme de petites libérations pour le vice-champion du monde 2022. Durant ses dix premières capes, il était apparu encore un peu tendre : pas forcément le plus à l'aise dans le schéma à une pointe des Bleus, tandis que ses performances dans le 3-5-2 de l'Inter - où il évolue comme point d'appui au point d'être l'actuel meilleur passeur de Serie A - parlent pour lui.
"L'Italie m'apprend à être spécifique au poste. C'est une des raisons pour lesquelles j'ai choisi l'Inter. Ça va vraiment me permettre de me fixer à ce poste axial. Après, cela m'apporte d'autres choses : on me demande d'être beaucoup en pivot pour les coéquipiers, de servir de relais pour les milieux, d'attaquer la profondeur. Dans les déplacements dans le jeu, j'ai dû apprendre de nouvelles méthodes ici. En très peu de mois, j'ai tellement progressé à l'Inter", détaillait justement l'intéressé à L'Equipe mi-septembre. Même si la concurrence avec Olivier Giroud ou encore Randal Kolo Muani s'annonce rude, l'option d'en faire un titulaire pourrait trotter bien dans un coin de la tête du sélectionneur d'ici à l'Euro dans six mois.
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