: Reportage Sécheresse : "Si on n'a plus d'eau, on n'a plus de travail", les golfs défendent leurs dérogations pour arroser une partie des parcours
Les dérogations accordées aux parcours de golf en pleine sécheresse sont critiquées par certains politiques. Sur le terrain, les professionnels insistent sur le besoin d'irrigation, comme au Golf National à Guyancourt.
Au volant de la voiturette de golf, Lucas Pierré, le responsable de l'entretien des trois parcours du golf National, à Guyancourt, dans les Yvelines. "Pour l'instant, on est alerte renforcée. On a le droit de conserver départs et green, c'est-à-dire le départ et l'arrivée du trou. Entre les deux c'est le fairway qu'il est interdit d'arroser. Avec les restrictions entre le départ, qui est vert, et le green qu'on voit tout au fond : tout est marron", explique le "greenkeeper".
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Alors que la sécheresse sévit en France, où plus de tous les départements sont en vigilance, avec des restrictions plus ou moins fortes pour l'usage de l'eau, des dérogations existent, notamment pour l'arrosage des parcours de golf. Une incohérence pour certains responsables politiques comme Eric Piolle, le maire écologiste de Grenoble, qui a même écrit à la secrétaire d'Etat chargée de l'Écologie Bérangère Couillard.
Sur le parcours, sous les pieds des golfeurs l'herbe reste sèche. "Vous voyez on ne peut pas mentir, c'est cramé", insiste Lucas. Mais au milieu du gazon jauni, les zones vertes sautent aux yeux. "Le parcours de l'Aigle, il doit faire 45 hectares. Il y a un hectare de green et la moitié d'un hectare de départ donc on est sur deux hectares d'arrosés. On utilise zéro eau potable pour arroser le golf".
Pas question d'arrêter l'irrigation
L'eau est en fait puisée dans les bassins artificiels qui récupèrent l'eau de pluie ou peuvent être alimentés par les forages. "Demain, si on a plus le droit d'utiliser les forages, je peux tenir jusqu'à la fin de l'année. S'il faut descendre le niveau des bassins au minimum, on le descendra", montre le "greenkeeper". "Je ne peux pas dire qu'on est millionaire d'eau mais on va se serrer la ceinture et faut faire la petite souris dès qu'on peut", tempère-t-il.
Mais pas question d'arrêter l'irrigation, notamment celle du parcours "Albatros". La vitrine du golf National bénéficie d'une autorisation spéciale en cas de sécheresse. Un privilège justifié selon Lucas Pierré : "On est comme sur le 'Stade de france'. C'est le golf qui reçoit tous les évènements internationaux en France."
"C'est encore en vie mais tu vois tu tapes avec le pied, c'est pas un bruit de quelque chose qui est trempé d'eau."
Lucas Pierré, greenkeeper du Golf Nationalà franceinfo
Arrêter complètement l'arrosage reviendrait à détruire le parcours selon lui. Sans irrigation, "ça c'est mort ça", insiste-t-il en montrant le sol. "Il y a trop de sable en dessous, le gazon il n'a pas de quoi se protéger. Dans le sable, il va mourrir. On est des entreprises et un secteur d'activité comme un autre. Ici, il y a 50 personnes qui travaillent à l'accueil. J'ai 25 personnes au terrain. Si on n'a plus d'eau, on n'a plus de travail." Au niveau national, le golf représente près de 15 000 emplois.
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