France-Suède : Nedim Remili, Ludovic Fabregas et Dika Mem, les nouveaux patrons des Bleus
Ils ont désormais les clés du camion, ou comme le dit Guillaume Gille, "ce sont des garçons qui sont progressivement en train de prendre en main le gouvernail du bateau France". Nedim Remili, Dika Mem et Ludovic Fabregas, avec désormais plusieurs années d’expérience internationale, arrivent à maturité pour mener les Bleus aussi bien sur le terrain qu’en dehors. Ils devront assumer leur statut de leaders contre la Suède, vendredi 26 janvier, en demi-finale de l’Euro de handball.
Même avec l’approche de la fin de carrière de Nikola Karabatic, l’équipe de France est entre de bonnes mains. L’intéressé lui-même participe à faire émerger de nouveaux leaders au sein des Bleus. "Il y a toujours des joueurs plus exposés, mis sous le feu des projecteurs, et qui doivent prendre le leadership et l’engagement sur le terrain. Pour eux la pression est plus forte et bien évidement j’essaie de les mettre en confiance, d’apporter mon expérience de cette position-là, et de transmettre les bonnes pratiques", explique le meilleur buteur de l’histoire de l’Euro.
Nedim Remili, le dépositaire du jeu
Son statut de meilleur passeur décisif de l’Euro (43) en témoigne, Nedim Remili est le distributeur de caviar des Bleus. Placé au cœur du jeu offensif de l’équipe de France, le joueur de Veszprém "est un gros caractère, un gros chambreur", mais aussi "quelqu’un de très altruiste, qui aime bien mettre en avant ses coéquipiers", selon son partenaire en Bleu, Dylan Nahi. "Plus ça avance, plus il est à l’aise et il a cette vision du jeu pour régaler les pivots, les ailiers et un peu tout le monde en ballons. C’est un leader sur et en dehors du terrain, et il prend encore du galon, sélection après sélection. En plus, il peut jouer demi-centre ou arrière droit, donc il a un peu les clés en attaque", complète Benoît Kounkoud.
Capable aussi de prendre les tirs, comme en témoigne son 7/7 face à la Hongrie, le gaucher de 28 ans, souvent très en verve avec les médias, forme avec Dika Mem "un axe fort" de l’équipe de France, selon Guillaume Gille. "Depuis les derniers Jeux olympiques, ils sont très souvent associés. Et au sein de l'attaque, ce sont ceux qui utilisent le plus de ballons ou en tout cas qui ont le plus d'impact sur le jeu de notre équipe. Donc s'ils ont obtenu ces responsabilités-là, ça prouve la régularité de leurs performances", poursuit le sélectionneur.
Ludovic Fabregas, le plus pointilleux
Coéquipier de Nedim Remili à Veszprém, le pivot de 28 ans est l’un des éléments clés du groupe de Guillaume Gille, puisqu’il dispose de rôles défensifs et offensifs aussi importants. C’est cependant défensivement qu’il fait le plus entendre sa voix. "Chacun donne son avis, le groupe est assez ouvert, mais avant les séances vidéo, on échange tous les trois avec Ludo et Luka à propos de la défense, et ensuite il n’y en a qu’un qui prend la parole devant le groupe. On se met d’accord ensemble, et Ludo chapeaute", raconte Karl Konan. Même s’il apparaît plus réservé devant la presse, "en interne, c’est un caractère tranquille mais qui essaie toujours de prendre la parole quand il s’agit de donner une info, d’exprimer son ressenti, de réfléchir à une articulation différente, abonde Guillaume Gille. Il a toujours été très investi dans la vie d’équipe, mais aujourd’hui il grandit, il bénéficie des années passées avec le maillot bleu, et ça en fait déjà un paquet (depuis 2015) alors qu’il est relativement jeune".
Ses prises de parole devant le groupe sont facilitées par un travail très minutieux de préparation des rencontres. "Le staff partage ses montages vidéo et on est libre de les regarder, mais c’est vrai que pour moi, il y a une importance de l’analyse dans la préparation, parce qu’on a une perception qu’on peut ensuite partager au groupe. J’essaye de voir les points forts et les points faibles de l’attaque adverse, d’être attentif à ça pour ensuite faire quelques petits commentaires aux copains", explique-t-il. Des copains qui se montrent réceptifs à ses analyses. "Ludo, c'est bien qu'on l'écoute un peu", sourit Hugo Descat.
Dika Mem, le patient
Arrivé en 2016 en équipe de France, la même année que Nedim Remili, Dika Mem est finalement l’un des Bleus les plus expérimentés, puisque seuls six joueurs du groupe France comptent plus de sélections que lui dans cet Euro (123). Respectueux, il a pourtant attendu son tour pour s’affirmer en leader. "Niko (Karabatic) me fait comprendre depuis deux-trois ans que c’est à moi de prendre le leadership, mais il est encore là, il y a d’autres anciens et je ne voulais pas bousculer qui que ce soit, je ne voulais pas marcher dans les plates-bandes de quelqu’un. Mais au final, si lui me dit que je dois le faire, c’est que ça doit être comme ça, raconte-t-il. A partir du moment où j’ai vraiment compris que je faisais partie des gens qui pouvaient prendre ce leadership, ça s’est fait naturellement et c’est ce qui fait qu’aujourd’hui, je me sens vraiment comme en club en équipe de France, pour la première fois".
Devenu capitaine à Barcelone, Dika Mem grandit. "Le fait d'avoir le brassard du Barça, forcément tu passes un cap, que tu le veuilles ou non. Et oui, peut-être que c'est ça qui m'aide à me sentir légitime pour m'exprimer aujourd'hui", poursuit-il. Une confiance qui lui amène plus de régularité sur le terrain. "Sur les autres compétitions, je pouvais être bien, mais je n'étais pas au niveau auquel je pouvais être en club, assure-t-il. L’arrière droit peut se satisfaire de ses prestations en sélection puisqu’il est le meilleur buteur des Bleus dans cet Euro, et le cinquième meilleur réalisateur de la compétition (41 buts sur 60 tirs).
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