Euro de hand : "Une chance sur mille de marquer", "le plus beau but que j'ai vu de ma carrière"... Les Bleus racontent le coup franc salvateur d'Elohim Prandi

L'arrière gauche de l'équipe de France a inscrit un but d'une importance capitale, vendredi face à la Suède, qui a permis aux Bleus d'arracher une prolongation avant de l'emporter (34-30) en demi-finale de l'Euro.
Article rédigé par Hortense Leblanc - De notre envoyée spéciale à Cologne
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 6min
Elohim Prandi a inscrit le but de l'égalisation qui a permis aux Bleus d'emmener la Suède en prolongation et de gagner, en demi-finale de l'Euro 2024. (TOM WELLER / AFP)

Un ballon envoyé à 118 km/h dans le but suédois, qui marquera l’histoire du handball français. Les Bleus ne se sont pas trompés en se jetant sur Elohim Prandi en fin de match, et en le plaçant au premier plan du selfie de la victoire. Alors qu’ils étaient menés 27-26 après 60 minutes de jeu, le Parisien leur a offert la prolongation de l’espoir, sur un coup franc chirurgical lors de l'ultime action du temps réglementaire, qui a trouvé le chemin des filets avec l’aide de la barre transversale, et du dos du gardien suédois, Andreas Palicka. Mal embarqués, les Bleus ont retrouvé de l’énergie grâce à ce but inespéré et se sont imposés (34-30), vendredi 26 janvier, en demi-finale de l’Euro.

Avant ce tir puis ce dénouement heureux, de nombreux joueurs français se voyaient déjà envoyés en petite finale. "Tant qu'il n'est pas tiré, on n'est toujours pas morts. Mais je vois la tombe qui vient de s’ouvrir, résume le sélectionneur Guillaume Gille. Franchement, ce genre de situation, en étant rationnel, tu sais qu'il y a une chance sur mille de mettre le but. En plus, on n'est même pas à neuf mètres, on est encore plus loin. Donc tu sais que c'est mal embarqué". Comme le sélectionneur, Dika Mem est résigné. "Honnêtement, je n’y crois plus. Je me dis que c’est mort. Après je sais qu’il est capable de le faire, parce qu’il en a mis pas mal en championnat de France, mais là on est en demi-finale de l’Euro. En plus il tire par en dessous, je le vois partir, et je me dis que c’est fini", raconte-t-il.

Finalement, peu de joueurs sur le banc croyaient en une égalisation. "Je ne sais pas quoi faire, je regarde, je ne regarde pas", s'interroge Nedim Remili. "Moi j’y crois. J’ai Kentin (Mahé) et Val (Valentin Porte) à côté de moi, et je leur dis : ‘Les gars, je suis sûr qu’Elo va le mettre. Il faut juste y penser, penser positif, penser qu’il va le mettre’. Je sais qu’il a une qualité de shoot incroyable et qu’il a un bras qui peut marquer dans cette position-là", assure Nikola Karabatic.

"Si ça ne rentre pas, l'aventure est finie"

Et alors que la grande majorité de la Lanxess Arena espérait que le ballon allait manquer le cadre, Elohim Prandi s'est saisi du ballon, s'est tordu vers la droite pour contourner le but suédois, et réussir à tromper Palicka. "J’étais trop proche par rapport au mur, mais si c’était de plus loin, je pense que je serais passé par au-dessus. Mais voilà, je tire fort, j’ai un bon bras, et je cadre plutôt bien, raconte simplement celui qui est surnommé "le Bison". Ça arrive. J’ai préféré passer sur le côté du mur parce que j’avais la capacité de pouvoir remonter la balle, et c’est rentré." 

"Sincèrement, je pense que c’est le plus beau but que j’ai vu de ma carrière. Dans le contexte, l’impact, la façon dont il se couche", salue Samir Bellahcene, le gardien des Bleus. "Je suis très très fier, très heureux d'avoir pu sortir ce shoot et que ce soit un moment extraordinaire pour l'équipe. Parce que ce sont des moments où on prie. On espère que ça rentre, parce que si ça ne rentre pas, l'aventure est finie. Ça a été un moment hyper fort en émotions", savoure Elohim Prandi.

L'arrière gauche avait pourtant été en difficulté jusque-là, avec un but inscrit en cinq tentatives dans le temps réglementaire. "Je peux rater des choses, ce n’est pas très grave, je suis un shooter de loin, relativise le joueur du PSG. Je suis rentré difficilement dans cette compétition, j'ai un genou un peu fébrile aussi, ce qui fait que j'ai quelques appréhensions. On l'a bien traité et aujourd'hui, ça va plutôt bien. J'ai confiance en moi, l'équipe a toujours cette confiance en moi et me pousse encore à prendre mes shoots et c'est le plus important à mes yeux."

"C'était écrit que ça devait se dérouler ce soir"

Même les plus expérimentés, Guillaume Gille et Nikola Karabatic, restaient encore impressionnés après la rencontre. "En équipe de France, égaliser comme ça sur coup franc à la dernière seconde, non je ne crois pas avoir déjà vu ça. Encore moins en demi-finale de championnat d’Europe", concède le joueur le plus capé de l’histoire de l’Euro. "On en a quand même vu des scénarios assez incroyables, mais j’avoue que celui-là, ça faisait longtemps que je n’en avais pas vu un aussi dément, sourit le sélectionneur, alors que son équipe, qui menait 17-11 à la pause, avait été dominée en deuxième période. On sait qu’avec ce garçon, il peut se passer des choses assez folles. C’est le genre de tir qu’il pourrait essayer quelques dizaines de milliers de fois, chez lui, à l’entraînement, mais je crois que c’était écrit que ça devait se dérouler ce soir".

Après plusieurs années d’une histoire mitigée avec l’équipe de France - il a été privé du Mondial 2021 à cause d’une blessure, il n’avait pas été retenu pour les Jeux olympiques de Tokyo, et avait dû renoncer à l’Euro 2022 après une agression au couteau et une contamination au Covid-19 – Elohim Prandi a sans doute écrit sa plus belle histoire avec les Bleus à ce jour. La Suède, qui avait posé réclamation auprès de la fédération européenne de handball car le Français aurait changé de pied d’appui, ce qui n’est pas autorisé, n'a pas eu gain de cause vendredi, a indiqué l'organisation.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.