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ENTRETIEN. Handball : "Avant même que j’accouche, ils ont recruté quelqu’un", témoigne Chloé Bulleux

L'internationale française estime que son année de contrat supplémentaire en option n'a pas été levée à cause de sa grossesse. 

Article rédigé par franceinfo: sport - Maël Russeau
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
Chloé Bulleux avec l'équipe de France lors des Championnats du monde au Danemark, le 16 décembre 2015. (JONATHAN NACKSTRAND / AFP)

Son interview à la mi-temps de la rencontre entre Toulon et Paris, samedi, a fait grand bruit. Chloé Bulleux, qui accuse son club de ne pas l'avoir prolongée à cause de sa grossesse, a réagi pour franceinfo: sport, lundi 11 avril, après un week-end agité et la réaction du Toulon Métropole Var Handball, qui a réfuté ces accusations.

Franceinfo: sport : Votre témoignage a beaucoup circulé (plus de 250 000 vues), comment vivez-vous cette situation ?
Chloé Bulleux : Ça m’a un peu dépassée, mon but ce n’était pas du tout de faire le buzz ou d’être en guerre contre qui que ce soit. On m’a posé une question, j’ai répondu avec mon cœur et avec toute l’honnêteté possible. Je n’ai pas envie qu’on en parle pendant des siècles, je ne suis en guerre avec personne, je souhaite le meilleur à l’équipe. J’ai juste exprimé mon sentiment personnel qui est que je ne suis pas gardée parce que je suis enceinte, c’est tout. Pas plus, pas moins. C’était l’expression d’une femme triste qui voulait continuer à jouer.

Vous avez reçu beaucoup de messages de soutien, notamment de Cléopatre Darleux, gardienne de l'équipe de France.
Ça fait vraiment plaisir, surtout les mamans qui comprennent ce que je vis, dans le milieu professionnel, ce n’est pas facile d’être maman. Ca fait hyper chaud au cœur et je ne retiens que ça, que les messages de soutien.

Le club vous a-t-il appelée depuis cette interview ? 
Non, ils ne m’ont jamais contactée. Ils ne m’avaient déjà pas contactée pour me dire que c’était fini, alors sûrement pas après ce qu’il s’est passé.

Pour revenir à la non-reconduction de votre contrat, vous reprochez surtout la manière de faire de vos dirigeants qui vous ont seulement envoyé une lettre ?
Ils ont droit de refuser de lever l’option, ils n’ont rien fait d’illégal, moi je parle juste d’éthique et de respect, c’est tout. S’ils m’avaient appelée pour me dire qu’ils ne me gardaient pas et qu’ils prenaient une autre joueuse, il n’y aurait pas eu de soucis. Mais là, au niveau éthique, je suis persuadée qu’ils se sont ratés. J’ai appris le recrutement d’une joueuse pour me remplacer sur Facebook, trois semaines avant d’accoucher.

Le coach Stéphane Plantain a assuré qu'il vous avait reçue à l'automne pour discuter de la situation et de votre mise à l'écart. C'est exact ?
Oui, on s'est vu en entretien, mais il m’a seulement dit qu’il allait voir comment j’allais revenir de ma grossesse. En novembre, j'ai reçu une lettre dénonçant la deuxième année en option, ça ne veut pas dire qu’ils ne comptaient pas sur moi. A l’entretien, ils m’avaient dit qu’ils allaient voir comment je revenais, je me suis dit que si je revenais bien ils me feraient un nouveau contrat. Mais avant même que j’accouche, ils ont recruté quelqu’un donc ils n’ont pas attendu de voir comment je revenais.

Le club a ouvert la porte à votre retour après la fin du congé maternité. Vous seriez prête à rejouer pour Toulon ?
J’ai subi une césarienne donc je suis en rééducation des abdos, je ne peux pas reprendre tout de suite. Le dernier match est fin mai donc si je suis en forme, évidemment j’aimerais bien jouer. Je vais honorer mon contrat jusqu’à la fin, donc si je suis apte à jouer, bien sûr que je jouerai pour le club. 

Vous avez sous-entendu que ce choix pourrait mettre un terme à votre carrière professionnelle. Vous n'imaginez pas rejouer même dans un club plus petit ? 
Ca n'a rien à voir avec le club, c'est une décision personnelle. J'ai décidé, avec ma famille, de rester ici. Mon objectif, c’est de me remettre en forme et une fois que je serais en forme et que j’aurais profité de mon bébé, on verra.

Diriez-vous que la grossesse est un sujet tabou chez les sportives de haut-niveau et dans votre sport en particulier ? 
Ce n’est pas un tabou parce qu’en handball, on a eu la chance d’être précurseurs avec l’AJPH (Association des joueurs professionnels de handball) qui a fait signer des accords pour qu’à chaque grossesse, on soit payées pendant un an à 100 %. Donc c’est génial pour les joueuses mais ça ne fait pas l’affaire des clubs.

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