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Invictus Games : quatre questions sur la compétition rassemblant les militaires en situation de handicap, créée par le prince Harry

La cinquième édition de cette épreuve, à laquelle la France participe, se déroulera du 16 au 22 avril à la Haye aux Pays-Bas. 

Article rédigé par Apolline Merle, franceinfo: sport
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 7min
L'équipe de France de rugby fauteuil, lors de la précédente édition des Invictus Games, en 2018, à Sydney.  (CNSD / BCOM)

"Aider les blessés à se reconstruire", tel est l'objectif des Invictus Games. Cette compétition sportive internationale est réservée aux militaires, actuels ou anciens, en situation de handicap. La cinquième édition aurait dû se dérouler en 2020 mais elle a été reportée à cause de la pandémie mondiale de coronavirus. Celle-ci se déroulera donc du 16 au 22 avril à la Haye (Pays-Bas), et accueillera 500 athlètes issus d'une vingtaine de pays. 

Les Invictus Games, c'est quoi ?

Les Jeux Invictus ou Invictus Games (en anglais) sont une compétition multisports réservée aux militaires (notamment de l'armée de terre et de la gendarmerie nationale) et aux civils de la défense. Cette compétition, qui prône la reconstruction par le sport, regroupe des militaires blessés en service ou en opex (opération extérieure), mais aussi des gendarmes blessés dans l’exercice de leurs fonctions, ou encore des militaires qui ont été touchés par la maladie. Tous les handicaps y sont représentés, qu'ils soient d'ordre physique ou psychique. 

La compétition, qui a lieu tous les deux ans dans un pays différent, a été créée par le prince Harry en 2014 et s'inspire du modèle des Jeux paralympiques. Le prince Harry a pris exemple sur les Warrior Games (les "Jeux des Guerriers") aux États-Unis, qui s'adressent aux soldats et vétérans américains en situation de handicap. Avec les Invictus Games, le prince Harry a voulu reproduire l'initiative avec une portée internationale. "I am" ("je suis"), la devise des Invictus Games, est inspirée des deux derniers vers du poème Invictus, du poète anglais William Ernest Henley, qui scande sa force face à l'adversité : "Je suis le maître de mon destin, je suis le capitaine de mon âme".

Comment les Invictus Games s'organisent-ils ? 

La compétition regroupe dix disciplines : l'athlétisme, l'aviron en salle, le basket en fauteuil roulant, le cyclisme sur route, l'haltérophilie (développé couché), la natation, le rugby fauteuil, le tir à l'arc, le volley assis ainsi qu'un défi de conduite (épreuve de manœuvre de véhicule). Les athlètes sont libres de s'engager dans plusieurs disciplines différentes lors d'une même édition. Nouveauté cette année, les organisateurs ont limité à deux le nombre de participations pour chaque militaire.

Dans chaque discipline, ils sont répartis selon des catégories de handicap. Comme sur les Paralympiques, des médecins procèdent à un examen médical avec chaque athlète afin de définir leur catégorie. 

Stage de préparation des athlètes participants aux Invictus Games 2022, au Centre national des sports de la défense (CNSD) à Fontainebleau (Seine-et-Marne). Ici, un archer travaille sa technique accompagné de son coach.  (CHRISTIAN MERCY / CNSD / BCOM)

Des médailles d'or, d'argent et de bronze sont remises aux trois meilleurs sur chaque compétition. Depuis la création des Invictus Games, la France a augmenté son nombre de médailles. Avec 20 breloques en 2014 (dont 9 en or), elle en a glané 33 lors de la dernière édition en 2018, dont 14 en or. 

Quelle délégation pour représenter la France ?

Depuis la création des Invictus Games en 2014, la France a toujours participé à l'événement. Pour cette cinquième édition, la délégation française comptera 14 athlètes dont une femme. Sur ces quatorze athlètes, 12 d'entre eux participeront pour la première fois au rassemblement. En France, les athlètes concourant aux Invictus Games peuvent être vétérans ou en congés maladie longue durée, être toujours en activité au sein de l'armée, ou encore travailler aujourd'hui à l'extérieur de l'institution. 

La délégation française pour les Invictus Games 2022 sera composée de 14 athlètes, dont une femme. Pour 12 d'entre eux, il s'agit de leur première participation à cette compétition.  (PELLIZZARO STEPHANE / CNSD / BCOM)

Les athlètes ont pu se préparer à cette échéance au Centre national des sports de la défense (CNSD) à Fontainebleau (Seine-et-Marne), qui dispose de toutes les installations nécessaires : pistes d'athlétisme, gymnase, salle de musculation, piscine ou encore mur d'escalade. Si l'armée possède un vivier de préparateurs physiques, elle n'hésite pas toutefois à faire appel aux fédérations sportives françaises quand il lui manque des compétences sur certaines disciplines. A la Haye lors de la cérémonie d'ouverture, la délégation française sera emmenée par le caporal-chef Frédéric*, choisi comme porte-drapeau.

Quel apport pour les athlètes ?

"Les Invictus Games ne sont qu'une étape vers autre chose, une autre compétition au sein de l'armée (championnats du monde militaire ou les Jeux mondiaux militaires) ou vers les Jeux paralympiques, ou encore vers un autre objectif personnel", explique le capitaine Erwan*, chef du département des blessés militaires et sport au sein du CNSD de Fontainebleau depuis trois ans.

Les Invictus Games sont donc une première étape du processus de reconstruction physique ou mentale par le sport. Dans le sillage de cette compétition, la France a mis en place dès le début un dispositif d’accompagnement de reconstruction par le sport, de l'hôpital jusqu'à la compétition. "En France, nous sommes les leaders dans ce type d'accompagnement au sein des pays du Conseil international du sport militaire (CISM)", souligne le capitaine. Bien que précurseur sur le handisport, le Royaume-Uni n'est pas membre du CISM et leur accompagnement est très souvent orienté vers le paralympisme.

"Notre accompagnement est plus global et se veut avant tout comme un vecteur de réinsertion sociale à travers le sport. Nous n’avons pas pour finalité la compétition de haut niveau mais l’épanouissement par les activités physiques."

Capitaine Erwan, chef du département des blessés militaires et sport au sein du CNSD de Fontainebleau

à franceinfo: sport

"Le dispositif les accompagne le temps qu'ils souhaitent, qu'ils soient encore dans l'armée ou non. Si à un moment, ils n'en ressentent plus le besoin, notre mission est accomplie", poursuit le chef du département des blessés militaires et sport.

"Participer aux Invictus Games leur permet de représenter à nouveau la France après qu'un accident ou une maladie soit venu mettre un frein à leur carrière, ajoute le capitaine Erwan. Et cela est une fierté pour eux. Ensuite, le message qui est délivré à travers les Invictus Games est : 'regardez nous sommes capables d’y arriver, vous qui êtes en phase de reconstruction vous pouvez aussi le faire'". Un message fort adressé à tous les militaires "touchés dans leur chair. Car environ 70 % des blessés qui ont rejoint le dispositif souffre d’un syndrome de stress-post traumatique", poursuit le capitaine. Finalement, "on est le crayon qui leur permet d'écrire leur histoire".

*Les noms de famille ont été supprimés. 

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