Fêtes, tourisme et gueuletons : mais que font les athlètes français jusqu'à la cérémonie de clôture des JO ?
A Rio, certains athlètes sont en vacances depuis le 12 août...
Pour certains athlètes, la question ne se pose même pas. Prenez les handballeurs : pour eux, les Jeux olympiques s'étirent souvent jusqu'au bout de la deuxième semaine, et ils n'ont que peu de temps de faire du tourisme. Mais pour les sportifs qui ont fini de transpirer dès les premiers jours, que font-ils de leurs journées à Rio ?
45 minutes de queue au MacDo
"Je finis de manger et j'arrive !" Il est 15 heures passées. Enzo Lefort, médaillé d'argent avec l'équipe de France d'escrime en première semaine, a un peu perdu le sens des horaires depuis la fin de sa compétition. "Ca fait tellement de bien de ne plus surveiller ce qu'on mange, combien de temps on dort...", s'amuse celui qui a enchaîné les buzz, en se retrouvant en marcel face à François Hollande, puis en perdant son téléphone en plein combat - "un ami qui vit à Hong-Kong m'a raconté qu'ils avaient ouvert le JT là-dessus".
A mesure que la clôture des JO approche, l'enceinte du village olympique ressemble de plus en plus à un grand club de vacances. Au loin, on aperçoit Jimmy Vicaut et Pierre-Amboise Bosse embarqués dans une partie de volley-ball avec leurs copains de l'équipe de France d'athlétisme. Enzo Lefort, lui, n'a pas trop bougé du village olympique : les temps de transports, interminables (même en bénéficiant des voies réservées aux véhicules olympiques), l'ont refroidi. "Au point qu'avec un équipier, on a pris un hôtel à Copacabana pour explorer un peu le centre ville." Les vols aussi. "Dès que je quitte ma chambre, je planque ma médaille, c'est ce que j'ai de plus précieux ici." Pas sous le lit, quand même ? "Non, j'ai trouvé une meilleure cachette !" Il ne nous dira pas laquelle.
La débauche au village, une légende urbaine ?
Par rapport à l'effervescence des premiers jours, le village s'est un peu vidé. Des athlètes ont fait leurs bagages, et certains entraîneurs ont été priés d'en faire autant. La majorité de ceux qui restent ont encore quelque chose à jouer, et forcément, ça s'en ressent. "Le village transformé en boîte de nuit ou en baisodrome ? Oui, moi aussi je connais la rumeur, se marre Enzo Lefort. J'avais entendu la même chanson à Londres. J'ai même été demander à mes potes américains, qui m'ont aussi dit que c'était très sage de leur côté."
Légende urbaine ? "Franchement, mis à part deux ou trois balcons où on entend des types qui chantent, c'est encore très calme", confirme Jean-Charles Valladont, médaillé d'argent en tirc à l'arc. Pour la débauche, on repassera. Au Club France, peut-être ? On y croise Ugo Crousillat, membre de l'équipe française de water-polo à l'entrée du "social club" réservé aux athlètes, avec barrières en plastique bleu et videur en costard pour barrer l'entrée aux curieux. "Ah non, il n'y a pas encore trop de fêtes. Peut-être dans quelques jours avec nos potes nageurs... Pour l'instant, le village est très calme. Il n'y a guère qu'au self qu'on se rend compte qu'il y a un peu moins de monde." Et ce soir, c'est bouteille de champagne au goulot et petits fours à volonté ? "Pas de chance, on prend juste la navette pour rentrer au village olympique." Décidément.
Le Corcovado, passage obligé
Nos Français sont-ils au moins sortis de leur cocon pour aller se frotter aux curiosités de Rio ? "Forcément, on ne reviendra pas tous les ans à Rio, poursuit Ugo Crousillat, qui égrène aussitôt le Corcovado, le Pain de sucre, les plages d'Ipanema et de Leblon. On a fini le 14 août, on en profite."
La gymnaste américaine Simone Biles, auréolée de quatre médailles d'or, se plaignait dans la presse de ne plus pouvoir mettre un pied dehors sans être interpellée. Ce n'est pas encore le cas de Jean-Charles Valladont, même quand un groupe de Français l'a reconnu dans le bus qui mène à l'immense statue du Christ. "Une dizaine de supporters m'ont interpellé dans la navette : 'eh, vous êtes l'archer qui a été médaillé ?' Je ne suis pas encore très connu, mais ils avaient vu mon visage en gros plan sur l'écran géant du Club France. Ca aide. On a fait quelques photos avec les enfants, échangé quelques minutes, c'était un moment sympa."
"Ca ne vaut pas un bon Bordeaux, mais..."
Aucun Guide du Routard dans les besaces de nos champions. "Quand j'étais allé à Pékin, en 2008, j'en avais pris un, je savais que j'étais là pour apprendre. Cette fois, je me suis attelé à être efficace avant tout", justifie Jean-Charles Valladont. Pas besoin des 664 pages de l'édition 2016 pour dénicher les bons plans. "Il y a beaucoup de volontaires qui parlent français, et qui nous ont conseillé le meilleur resto de grillades, la spécialité locale, poursuit celui qui chasse le sanglier avec son arc à ses moments perdus, et qui confiait à 20minutes.fr envisager se reconvertir dans la boucherie. Ca et un petit vin rouge, ça nous changeait de la cuisine du self." On le coupe. Du rouge brésilien, précédé de sa redoutable réputation ? "Non, un malbec argentin. Ca ne valait pas un bon Bordeaux, mais ça permet quand même d'apprécier une bonne viande !"
Le Français, même athlète de haut niveau, demeure un fin gastronome, et la saudade alimentaire le guette après trois semaines à la cantine du village. "C'est diversifié, mais ce n'est pas forcément très bon, confie Enzo Lefort. Je n'ai mangé quasiment qu'asiatique, mais là je n'en peux plus. Ca fait quatre jours que je n'y mets plus les pieds."
Les athlètes n'ont guère l'occasion d'encourager leurs compatriotes encore en lice. Croyez-le ou pas, les places leurs sont limitées, même si l'intégralité de ceux qui restent permettraient de garnir un peu plus le stade olympique éternellement aux deux-tiers vides. Après la cérémonie de clôture, dimanche soir, ce sera le moment de faire sa valise. Pour Enzo Lefort, étudiant en kinésithérapie, la rentrée ne sera plus très loin. "En théorie, c'est le 5 septembre... Mais je pense que je vais m'accorder une semaine de rab."
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