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Attentats en Russie : la sécurité des Jeux olympiques de Sotchi menacée ?

A six semaines de l'ouverture des JO, deux attentats en 24 heures ont frappé Volgograd, ville du sud-ouest de la Russie. Si le Comité international olympique ne doute pas de Moscou, l'image des Jeux d'hiver en prend un coup.

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Un policier patrouille dans une rue de Sotchi, le 30 décembre 2013. La station balnéaire russe doit accueillir les prochains Jeux olympiques d'hiver, du 7 au 23 février 2014. (MAXIM SHEMETOV / REUTERS)

Deux attentats-suicides en deux jours. Au moins dix personnes ont été tuées, lundi 30 décembre, dans une explosion qui a dévasté un trolleybus à Volgograd, au lendemain d'une précédente attaque dans la même ville, située dans le sud-ouest de la Russie. Dimanche, un premier attentat dans la gare centrale de Volgograd, proche de la région instable du Caucase russe, a fait au moins 18 morts.

A six semaines des Jeux olympiques de Sotchi, qui doivent se tenir du 7 au 23 février, "cette série d'explosions vise à créer une atmosphère de terreur", explique l'analyste russe indépendant Pavel Felgenhauer. "Il est évident que ces attentats sont liés aux Jeux olympiques de Sotchi", qui auront lieu dans cette station balnéaire entre les bords de la mer Noire et les montagnes du Caucase, a déclaré Alexandre Konovalov, président de l'Institut des études stratégiques. La sécurité des Jeux olympiques est-elle menacée ? Eléments de réponse.

Des attaques attribuées aux rebelles islamistes

Ces attentats portent la marque des activistes du Nord-Caucase. Le chef de la rébellion islamiste du Caucase, Dokou Oumarov, avait appelé en juillet à "empêcher par tous les moyens" la tenue des JO d'hiver auxquels tient particulièrement le président russe, Vladimir Poutine. Ce dernier a usé de toute son influence pour obtenir l'organisation de cet événement, dont il souhaite faire une vitrine de la Russie.

"Au moment où on a donné les Jeux olympiques, on savait qu'ils arrivaient dans une région absolument instable et déchirée", a souligné sur Europe 1 Cécile Vaissié, professeure d'études russes et soviétiques à l'université de Rennes-2. La spécialiste parle de "guerre civile", et estime que la région est une "poudrière" : au sud de Sotchi, se trouve la Géorgie, théâtre d'une guerre en 2008 ; à l'est, la Tchétchénie et le Daguestan, "qui est aussi en guerre".

Volgograd, une cible inattendue

A l'approche des Jeux olympiques, les autorités concentrent leur attention sur Sotchi, la ville hôte. Résultat, d'autres agglomérations ont été délaissées, ce qui pourrait expliquer le choix de Volgograd, située à 900 km de Sotchi.

Les opérations des islamistes du Caucase en dehors de leur région sont rares, alors qu'elles sont quasi-quotidiennes au Daguestan, en Ingouchie, en Kabardino-Balkarie et en Tchétchénie. Les attentats de Volgograd sont l'œuvre d'un "groupe organisé qui a frappé à un endroit où personne ne s'y attendait", juge Alexeï Malachenko, expert russe du Centre Carnegie.

Surveillance extrême à Sotchi

D'importantes mesures de sécurité ont été prises en vue des JO. Près de 40 000 policiers vont être mobilisés. L'accès à la ville en auto sera interdit aux non-résidents dès le 7 janvier, soit un mois avant la cérémonie d'ouverture. Par ailleurs, Vladimir Poutine a interdit par décret tout rassemblement ou manifestation pendant les Jeux. Dès le mois de mai dernier, Dmitry Chernyshenko, président du comité organisateur des JO de Sotchi, a promis les Jeux les "plus sécuritaires de l'histoire".

Lundi, à la suite de l'attentat, le président russe a ordonné un renforcement de la sécurité dans toute la Russie. Des mesures avaient déjà été durcies dans les principaux aéroports et gares de Russie après l'attentat de dimanche. Les autorités régionales avaient également annoncé avoir mis en place un niveau élevé d'alerte antiterroriste dans la région de Volgograd pour les 15 jours à venir. De son côté, le Comité international olympique a dit lundi n'avoir aucun doute sur la capacité des autorités russes à assurer la sécurité à Sotchi.

La sécurité des Jeux olympiques, une peur récurrente

La sécurité fait souvent polémique à l'approche des JO. L'attention a été accrue après les attentats du 11-Septembre. "Les Jeux olympiques sont désormais indissociables de la menace terroriste", analyse Pascal Boniface, directeur de l'Institut de relations internationales et stratégiques (Iris), sur Le Plus.

Mais aucun incident majeur n'est à déplorer depuis 2001. A Londres, en 2012, les craintes étaient nombreuses, la sécurité avait même été renforcée à trois jours des JO. A Pékin, en 2008, des attentats avaient ébranlé la Chine peu avant la manifestation sportive, et inquiété les autorités, comme l'indiquait Le Figaro. Mais aucun attentat ne s'était produit durant l'événement. Même constat à Athènes, en 2004, lors des premiers JO d'été après les attentats de New York : des explosions avaient secoué la capitale grecque, à trois mois de l'échéance, comme l'indiquait Le Parisien. Aucun attentat n'avait entaché la compétition.

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