Mondiaux de judo 2023 : depuis son dernier sacre en 2017, le retour au sommet de Teddy Riner en six dates
Un onzième titre mondial, jamais aucun autre judoka n'a réalisé pareille performance. Six ans après sa dernière participation aux championnats du monde et son dernier titre mondial, Teddy Riner a retrouvé sa couronne de roi, à Doha (Qatar), samedi 13 mai, en l'emportant face au Russe Inal Tasoev dans la catégorie des +100kg. Son dernier titre mondial remonte à 2017 où il avait remporté la finale des Mondiaux toutes catégories à Marrakech (Maroc).
À quatorze mois des Jeux de Paris, ce onzième titre est de bon augure pour l'ultime objectif de sa carrière : décrocher une troisième médaille d'or olympique. Retour sur les six ans qui ont séparé les deux derniers sacres mondiaux du judoka le plus titré sur la scène internationale.
2018 : l'année de la pause
Plus de dix ans après son premier sacre en 2007, Teddy Riner se met en retrait des tatamis pour la première fois de sa carrière, après les Mondiaux en septembre 2017. Après tant d'années au plus haut niveau mondial, dans un sport aussi traumatisant que le judo, son corps est abîmé et fatigué. Il profite alors de cette pause pour se ressourcer tant physiquement que mentalement. Mais son objectif n'a pas changé : il veut aller chercher une nouvelle médaille d'or olympique à Tokyo.
2019 : le retour gagnant après vingt mois d'absence
Plus d'un an après sa mise en retrait, le judoka renfile le kimono. Mais la tâche s'annonce rude. Il doit en effet perdre une bonne vingtaine de kilos (il faisait 166 kilos à cet instant, alors que son poids de forme tourne autour de 140 kilos) pour retrouver sa forme physique. Mais le retour s'avère gagnant. Il remporte le Grand Prix de Montréal (Canada), le 7 juillet 2019, ce qui lui permet de conserver son invincibilité, qui dure depuis dix ans.
Quelques mois plus tard, lors du tournoi de Brasilia (Brésil), il participe à son plus long combat en dix ans face à Kokoro Kageura. "Une vraie alerte", confiera son entraîneur Laurent Calleja, dans le documentaire produit par France Télévisions en 2021, Teddy Riner, la quête .
2020 : deux défaites puis un tournant majeur
Alors que Riner est toujours invaincu au début de l'année 2020, l'alerte de Brasilia se confirme cinq mois plus tard. Lors du Masters de Paris en février, le double champion olympique s'incline pour la première fois depuis dix ans après une série de 154 victoires consécutives. "Je n'étais pas bien, je n'étais pas prêt", avoue-t-il dans ce même documentaire. Cette défaite sera un élément important dans sa préparation pour les Jeux olympiques de Tokyo. Mais la pandémie de Covid-19 se propage sur le globe, et les confinements se multiplient. Le report d'un an des JO tokyoïtes n'altère pas la détermination du Français.
Après une deuxième défaite de rang, cette fois à Brest (Finistère) lors des championnats de France par équipes en octobre 2020, il opte pour une nouvelle organisation sportive. Un pari risqué à neuf mois des Jeux de Tokyo. "Je me suis posé les vraies questions, et quand je suis revenu de cette longue retraite, j'ai dit que ça allait être comme ça, comme ça et comme ça si je veux être champion olympique. Si vous pouvez me suivre, très bien, si vous ne pouvez pas, alors je change", explique alors le judoka.
Il change de préparateur physique et de sparring-partners, il réduit le temps consacré aux médias et commence une nouvelle méthode de travail, basée sur l'activation neurologique. Celle-ci, réalisée avant chaque entraînement, est un enchaînement d'exercices qui a notamment pour objectif de travailler sur la concentration et la précision des gestes.
2021 : l'aventure olympique en demi-teinte
2021 est l'année des Jeux olympiques. Mais en février, soit à cinq mois de l'échéance, Teddy Riner se blesse au genou lors d'un stage technique au Maroc. Le bilan est sévère : le ligament croisé postérieur est déchiré. Après deux mois d'arrêt pour une cicatrisation complète, il reprend sa préparation olympique tout en continuant une rééducation sérieuse. Remis sur pied, mais pas revenu au meilleur de sa forme, le Tricolore manque la marche vers l'or mais repart malgré tout avec une médaille de bronze en individuel et un titre olympique par équipes dans ses valises.
S'il manque d'égaler l'exploit du Japonais Tadahiro Nomura, le seul judoka triple champion olympique de l'histoire en -60 kg, (1996, 2000 et 2004), il devient néanmoins le judoka le plus médaillé de l'histoire chez les hommes, avec une quatrième médaille individuelle en autant de Jeux olympiques. Trois mois plus tard, Teddy Riner remonte sur le tatami pour la première fois depuis les JO, et décroche le bronze aux championnats de France par équipes.
2022 : une année mitigée entre victoire et blessure
En juillet 2022, le Français fait son retour à la compétition en individuel, cette fois lors du Grand Slam de Budapest (Hongrie), un an après les Jeux de Tokyo. Un retour gagnant puisqu'il remporte sa finale en moins d'une minute de combat. Venu pour se jauger dans la perspective des Jeux de Paris 2024, Teddy Riner, qui vise un troisième titre olympique, rassure et engrange de la confiance.
Mais son corps fatigue et accuse le poids des ans. En septembre, alors qu'il souffre de la cheville depuis un entraînement à Rabat (Maroc) fin août, Teddy Riner décide de renoncer à sa participation aux championnats du monde, afin de ne "prendre aucun risque" à deux ans des JO de Paris.
2023 : retour sur le toit du monde
Les blessures sont désormais derrière lui. En février, Teddy Riner remporte une septième victoire dans le Paris Grand Slam, le 5 février, en battant le Japonais Hyoga Ota en finale. S'il n'a pas encore retrouvé sa forme optimale, le Français prouve qu'il est encore le patron sur le tatami. Pour son retour aux Mondiaux après six ans d'absence, Teddy Riner applique le même tarif, avec un onzième titre mondial.
Si le premier tour a été une formalité, les deux suivants ont été plus délicats, notamment contre le vice-champion du monde en titre, Tatsuru Saito. Pointant avant la compétition au 18e rang mondial, le Français a retrouvé, samedi, les sommets. De quoi enclencher une bonne dynamique en vue de Paris 2024.
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