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Clarisse Agbégnénou : "J'irai jusqu’au bout, non pas pour un kimono ou une marque, mais simplement pour être respectée"

La judokate française a été à l'origine d'une polémique en participant au Grand Slam de Tel Aviv avec un kimono d'une marque différente de celle de la Fédération française de judo, vendredi.
Article rédigé par franceinfo: sport, Robin Joanchicoy
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
La judokate française Clarisse Agbégnénou, le 27 juillet 2021 lors des Jeux olympiques de Tokyo. (FRANCK FIFE / AFP)

En revenant à la compétition, lors du Grand Slam de Tel Aviv (Israël), Clarisse Agbégnénou n'imaginait pas être au centre de tensions dans son propre camp, vendredi 17 février. La double championne olympique s'est en effet heurtée à sa propre fédération, en décidant de ne pas porter le kimono de la marque engagée avec la Fédération française de judo pour enfiler celui de son propre équipementier. Dès son premier combat, elle s'est donc trouvée sans son entraîneur fédéral, prié de ne pas l'assister en raison de cette décision. Battue en quarts de finale puis en repêchages, Clarisse Agbégnénou s'est confiée à franceinfo: sport, au sortir du tatami, au sujet de cette polémique.

Franceinfo: sport : Vous vous êtes présentée au Grand Slam de Tel Aviv avec un kimono de la marque Mizuno, alors que la Fédération française de judo a signé un contrat avec Adidas le 1er janvier 2022. Pourquoi avez-vous pris cette décision ? 

Clarisse Agbégnénou : J’ai tout simplement été prise de cours par la demande [de la Fédération]. Sachant que je connais très bien la marque Mizuno, j’ai préféré reprendre avec ces kimonos-là. Je voulais juste me sentir à l’aise pour cette première compétition. Comme j’ai dit à la Fédération, ils savaient très bien que j’allais faire le Grand Slam de Tel Aviv quand je suis revenue en janvier. Il fallait me faire essayer leurs kimonos dès le départ. Il y a eu une mauvaise gestion, un peu comme d’habitude. Je trouve ça dommage.

Au final, une élimination en quarts, une défaite en repêchage, une réelle contre-performance pour vous. Selon vous, est-ce que ce contexte particulier a pesé dans la balance ?

Avec des si, on refait le monde. Je ne peux pas remettre la faute sur une personne, je ne suis pas comme ça. Après, je trouve ça dommage que tout le monde ait un coach et que moi je ne puisse pas en avoir un. On a travaillé certaines choses à l’entraînement ensemble et si un coach est mis sur une chaise, c’est aussi pour aider l’athlète. J’aurais aimé avoir un soutien auprès de moi tout au long de la journée. Mais c’était aussi à moi d’être plus tranchante sur mes attaques. En tant que compétitrice, je ne mettrai pas la faute sur une personne.

"Pourquoi ne suis-je pas traitée de la même manière que Teddy ?"

Pourtant, Teddy Riner peut combattre avec un kimono de sa propre marque. Pourquoi pas vous ? 

Je ne sais pas. C’est une injustice. Teddy a le droit de combattre avec le kimono qu’il veut alors que c'est différent pour moi. Je dois obéir et exécuter les règles que l’on me donne. On ne traite pas les gens de la même façon. Je trouve ça très dommage. J’aimerais poser la question directement au président de la Fédération française de judo ou à la marque qui pose problème. Pourquoi ne suis-je pas traitée de la même manière que Teddy ? Pourquoi me cause-t-on autant de tort ? Peut-être qu’on ne veut pas de ma réussite… Qu'on me le dise concrètement dans ce cas. 

On est à 525 jours des Jeux de Paris. Ce n’est pas l’idéal pour préparer le plus grand événement de la carrière d’une championne comme vous. Comment vivez-vous cette situation ?  

J’ai l’impression d’être dans un film et que je vais me réveiller tellement c’est incompréhensible. On va faire les Jeux chez nous, il ne reste pas longtemps et ce genre de problème arrive. C’est incroyable. Je mets la faute sur le président de la Fédération française de judo, Stéphane Nomis. C’est lui qui a pris cette décision, personne d’autre. En tout cas, je saurais lui en faire part. Je trouve ça inadmissible de ne pas avoir pu trouver un terrain d’entente. Je ne passerai pas au-dessus de ce qui s’est passé aujourd’hui. J’irai jusqu’au bout, non pas pour un kimono ou une marque, mais simplement pour être respectée.

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