Mondiaux de cyclisme : l'équipe de France a été au rendez-vous
Alexandre Geniez, Warren Barguil, Anthony Roux, Tony Gallopin, Rudy Molard, Thibaut Pinot, Julian Alaphilippe et Romain Bardet. Huit hommes, huit Français ont livré une magnifique course, dimanche à Innsbruck en Autriche, sur le circuit montagneux de la 85e édition des Championnats du monde. Dans un plan d'équipe, établi par leur sélectionneur Cyrille Guimard, parfaitement respecté par chacun, les Bleus sont passés tout proche d’un succès mondial pour mettre fin à 21 ans d'attente.
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• Barguil : son honneur en prend un coup
Malgré une saison 2018 compliquée, le meilleur grimpeur du Tour de France 2017 avait le profil parfait pour donner un coup de collier supplémentaire à cette équipe de France, et c’est peut-être ce qui a manqué dans le final aux Français pour épuiser leurs adversaires. A 100 km de l’arrivée le Breton glisse de la roue avant dans un virage pourtant pris avec prudence. Une chute malheureuse que "n’a pas compris" l’intéressé, contraint à l’abandon 5 km plus loin.
Une grande frustration pour le coureur de la Fortunéo-Samsic qui a eu le sentiment d’abandonner ses compatriotes : "Je suis hyper déçu. Je me sentais vraiment bien pour aider les mecs sur un circuit hyper sélectif." Dur avec lui-même, Warren Barguil n’a pas mâché ses mots à chaud "je n’ai pas fait honneur à ma sélection."
• Geniez-Roux-Gallopin-Molard : les équipiers de luxe
Sur 258 kilomètres, même si la gagne allait se disputer dans la dernière difficulté de la journée, tout peut se passer à n’importe quel moment de la course. Une seconde d’inattention, une chute, et tous les efforts entrepris s’envolent. Dimanche, la France pouvait compter sur ses quatre protecteurs pour préserver le trio Alaphilippe-Bardet-Pinot. Un travail salué par Cyrille Guimard : "On n'a rien à se reprocher, on a fait la course qu'on souhaitait faire. Les coureurs ont assumé leur rôle, ils ont fait honneur au maillot de l'équipe de France."
Avec Alexandre Geniez et Anthony Roux qui ont entrepris de longs efforts en tête de peloton pendant plus de 100 kilomètres, les Français ont beaucoup roulé pour controler la première moitié de course. Face à la faible prise d’initiative des Italiens et Colombiens, il fallait une solide équipe de France. Si Geniez et Roux ont abandonné après avoir fait le "sale boulot", Tony Gallopin et Rudy Molard ont parfaitement pris le relais quand la course a commencé à se durcir à l’approche du final. Le coureur de la Groupama-FDJ a notamment réalisé un avant-dernier tour de circuit remarquable envoyant bon nombre de favoris au tapis.
• Pinot : un sacrifice sans reproche
Sur le papier il était le numéro 3. Pour ne pas gâcher l’ambition tricolore dans le Tyrol, le leader de la Groupama-FDJ, 6e du Tour d’Espagne et vainqueur de deux étapes de montagne, a mis de côté ses ambitions personnelles pour faire briller ses copains. "Je ne me suis pas caché. Dans les deux derniers tours, je suis allé sur tout ce qui bougeait, j’ai respecté les consignes, je ne voulais avoir aucun reproche." a-t-il confié après la course.
Et ce sont les remerciements, venus de le bouche du vice-champion du monde, qui sont arrivés aux oreilles de Pinot : "Thibaut a fait un super boulot avant, il a roulé au pied." En effet, à l’assaut du mur de l’Höttinger Höll, le Français a porté un dernier coup de pédale avant de se relever et regarder filer Bardet et Alaphilippe vers l’arc-en-ciel.
• Alaphilippe : un punch pas assez fort
Il était la carte maitresse des Bleus, le favori pour endosser la fameuse tunique arc-en-ciel après une 10e place en 2017 et un finish qui a eu raison de lui. Dans la bosse finale à Innsbruck, le meilleur grimpeur du Tour de France 2018, et ses 12 victoires cette saison, a calé à 9 kilomètre de l’arrivée. Julian Alaphilippe a payé la répétition des efforts après 251 kilomètres déjà effectués depuis la matinée. "Il m’a manqué de l’énergie au moment décisif de la course."
Entamé physiquement, Alaphilippe a vu ses espoirs de victoire stoppés par les crampes. "Je ne vais pas chercher d'excuse, les jambes ont lâché. Je ne pouvais pas faire mieux.", admettait celui que tout le monde rêve de voir un jour porter la tunique de champion du monde.
• Bardet : la conclusion de l'équipe
Quand il est sorti de la roue de Michael Woods pour disputer le sprint à Alejandro Valverde, on a tous cru à l’exploit de Romain Bardet. Dernier Français en course pour disputer la gagne, l'Auvergnat devait venir conclure tous les efforts de ses coéquipiers. "Il fallait que je la joue plus tactique pour m’isoler un maximum. Le but était d’emmener Julian en haut de la bosse, je pensais vraiment qu’il pouvait revenir." C’est donc là que prend fin le plan des Bleus.
Seul, Bardet a dû jouer avec son expérience pour s’imposer, malheureusement sa tentative d’attaque tourne mal. "Je fais une erreur de développement et j'ai failli tout perdre à ce moment-là. Le saut de chaîne, c'est de ma faute, je passe le grand plateau pour attaquer. On ne fait jamais ça mais quand on a l'acide lactique aux oreilles...", a-t-il raconté après la course.
Si le coureur d’AG2R la Mondiale n’a pas caché sa déception de manquer une occasion qui ne se représente pas tous les ans, il peut se satisfaire d’une belle médaille d’argent. Une breloque qui vient récompenser son premier éclat sous le maillot Bleu depuis ses débuts aux Mondiaux 2013, et qui couronne tout un collectif. "L’équipe de France était grande. Il y avait beaucoup d’attente, et que tout le monde ait répondu collectivement c’est une belle satisfaction." , conclut Romain Bardet.
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