Mort d'Alain Delon : organisateur d'un combat de boxe, commentateur, fan de F1… L'acteur était un passionné de sport

L’acteur français, Alain Delon, décédé dimanche à l’âge de 88 ans, était féru de Formule 1 et de boxe. Ce passionné du ring avait même organisé un championnat du monde à ses frais pour assurer le combat d'une des stars de la boxe française des années 1970.
Article rédigé par Apolline Merle
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 6min
Alain Delon lors du tournage du film Parole de flic, en 1985. (ADEL PRODUCTIONS / COLLECTION CHRISTOPHEL / AFP)

C'est l'un des monuments du cinéma qui s'est éteint. Alain Delon est mort dimanche 18 août, à l'âge de 88 ans. L'un des acteurs français les plus populaires de l'histoire disparait trois années après Jean-Paul Belmondo (6 septembre 2021), son indissociable compère dans Borsalino et avec lequel il partageait une passion pour le sport en général, et la boxe en particulier.

Entre Alain Delon et la boxe, c'était une relation passionnelle. Déjà dans les années 1960, l'acteur français, parfois accompagné de l'actrice Romy Schneider, figurait parmi les fidèles des soirées de boxe parisienne. Au début des années 1970, cet amoureux du ring repère le jeune boxeur Jean-Claude Bouttier. Ses premiers combats au Palais des Sports font salle comble et attirent le tout Paris avec en tête Delon, Lino Ventura et Jean-Paul Belmondo. Bouttier devient très populaire dans l'Hexagone après ses combats pour le titre mondial contre le légendaire argentin Carlos Monzón. Le champion de France puis d'Europe s'incline en 1972 pour la ceinture des poids moyens mais veut prendre sa revanche dès l'année suivante.

Sauf que le combat est compromis. Comme l'explique le quotidien L'Équipe, "(les) promoteurs du Palais des Sports de Paris, qui ont prévu de monter le combat sur le central de Roland-Garros, jettent l'éponge après le refus du conseil municipal de Paris de réduire les taxes (33%) qui frappent les organisateurs de boxe. Dans le camp d'en face, les pourparlers engagés avec Monaco et San Remo (Italie) ont achoppé." Au pied du mur, Bouttier est dans une impasse.

Alain Delon et Carlos Monzon tout sourire avant le combat contre Jean-Claude Bouttier, lors d'une conférence de presse le 23 septembre 1973 à Paris. (AFP)

À la demande de Jean Bretonnel, entraîneur et promoteur de boxe qui l'avait préparé pour le tournage du film Rocco et ses frères, Alain Delon finance cette revanche pour 1,7 million de francs. "J'avais envoyé Monzón à terre [lors du premier combat], j'étais passé tout près, alors Delon pensait que je méritais une seconde chance", rappelait Bouttier à L'Équipe.

"Jean-Claude était notre idole à nous Français. Il était beau, une bête de la nature, un athlète exceptionnel. Il ne lui manquait qu'une seule chose : le titre mondial. Alors on a décidé de travailler ensemble. Lui avait eu un CAP de boucher et moi de charcutier. Forcément, ça crée des liens", témoignait en 2014 Alain Delon dans les colonnes de L'Équipe.



Pour mettre toutes les chances du côté de son protégé, l'acteur installe un camp d'entraînement dans sa résidence de Douchy, dans le Loiret, et l'encourage sans relâche dans sa préparation. Malgré ce soutien infaillible de l'acteur, Jean-Claude Bouttier s'inclina une nouvelle fois face à Carlos Monzón, le 29 septembre 1973 sur le court central de Roland-Garros, sous les yeux de Jean-Paul Belmondo et de Jean Gabin notamment.

Une expérience de commentateur sportif

Si Alain Delon était un fervent supporter, il n'était en revanche pas un grand sportif. "Les sports, je les ai tous pratiqués, par profession. Mais dans la vie, je n'ai pas le temps... J'ai une telle boulimie de travail qu'il me reste très peu de temps pour faire autre chose", avouait, en 2010 dans un entretien accordé à L'Express, l'acteur césarisé en 1985 pour Notre histoire. Pour préparer le tournage de Rocco et ses frères, il s'astreint à un entraînement intensif : "J'ai cette conscience professionnelle. Je me suis dit que pour avoir l'air d'un vrai boxeur, il fallait que je m'entraîne. C'est pour ça que tous les matins je suis là, deux heures, trois heures. Je ne bois plus, je ne fume plus, rien du tout", racontait-il alors devant la caméra du haut de ses 24 ans.

Toutefois, s'il manquait de temps pour pratiquer une activité sportive, son amour de la boxe lui donna l'opportunité de commenter un combat de l'art pugilistique. Le 30 mars 1990, il était aux côtés de Thierry Roland sur TF1 lors du titre WBA des super-moyens du Français Christophe Tiozzo.

"Je suis ferrariste et Français"

Si sa grande passion était bien la boxe, Alain Delon était aussi un grand amateur de Formule 1. "J'ai fait beaucoup de circuits il y a une vingtaine d'années, avouait l'acteur en 1990 à l'AFP. J'allais surtout en France et dans toute l'Europe. Mais j'étais un fan de Monte-Carlo." Ses déplacements sur les circuits ne passaient jamais inaperçus, comme en 1990, lorsque l'acteur a assisté à la deuxième journée d'essais du Grand Prix du Japon, sur le circuit de Suzuka.

Une fois sa présence remarquée, tous les photographes et les cameramen se ruaient sur l'acteur, mitraillant des clichés par dizaines et délaissant quelques instants Ayrton Senna (McLaren) et Alain Prost (Ferrari). "Je suis venu encourager mon ami Alain Prost, ce qui est bien normal car je suis ferrariste et Français et je suis depuis longtemps très lié à Alain ", déclarait Delon, qui se rendait pour la première fois à Suzuka. L'acteur, qui voulait vivre "cette avant-dernière course déterminante pour l'attribution du titre mondial", était impressionné par la nature des champions.

Alain Delon entouré par Jean Todt, alors patron de l'écurie Ferrari, et le septuple champion du monde Michael Schumacher, le 23 mai 1998 à Monaco. (MAXPPP)

A Roland-Garros, sur les routes du Tour de France, aux 24h du Mans ou sur les hippodromes, Alain Delon a souvent été un spectateur attentif. "Je crois que, à un haut niveau de compétition, l'intensité est la même dans tous les sports. Mais ce qui m'impressionne le plus, c'est le pouvoir de concentration des champions, leur rigueur, leur discipline, compte-tenu de l'importance de l'enjeu, expliquait-il à l'AFP en 1990. Cela doit être valable aussi en boxe, en cyclisme comme dans tous les sports de haute compétition." 

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