Boxe aux JO de Paris 2024 : malgré la défaite, Sofiane Oumiha a transformé Roland-Garros en casino de Las Vegas

Le boxeur français s'est incliné en finale, mercredi, dans une ambiance qui n'avait rien à envier aux célèbres salles dans lesquelles se tiennent les plus grands combats.
Article rédigé par Julien Lamotte
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 3 min
Sofiane Oumiha et Erislandy Alvarez Borges sur le court Philippe-Chatrier, aménagé en ring de boxe, le 7 août 2024 (MOHD RASFAN / AFP)

Que les pacifiques riverains de Roland-Garros se rassurent, l'avenue de la Porte d'Auteuil n'est pas encore devenue le Strip Boulevard de Las Vegas. Les machines à sous ne sont pas installées dans le hall des immeubles haussmanniens et il y a peu de chance de trouver des bars interlopes entre Exelmans et Molitor. Il n'empêche. Le temps d'une soirée, celle qui a vu Sofiane Oumiha échouer en finale des - de 63,5 kg face au Cubain Erislandy Alvarez Borges, le Court Philippe-Chatrier a par moments ressemblé au Caesars Palace de Las Vegas. 

Les derniers échos des échanges entre Novak Djokovic et Carlos Alcaraz, en finale du tournoi olympique de tennis, s'étaient à peine dissipés que ce sont d'autres coups, plus lourds, plus mats, qui ont résonné dans l'enceinte du Chatrier. Et même si l'ambiance feutrée habituellement chère au lieu s'est quelque peu encanaillée cette année, elle est méchamment montée dans les tours quand les lignes de fond de court se sont transformées en cordes de ring. 

Après neuf premiers rounds d'observation à Villepinte, le noble art a en effet pris ses quartiers, cossus, dans le 16e arrondissement. Pas une première puisque le grand Jean-Claude Bouttier avait déjà combattu à Roland-Garros dans les années 70 avant que Tony Yoka, plus récemment, ne s'y produise pour deux galas oubliables. Rien à voir avec la furia qui a embrasé le stade quand Sofiane Oumiha a pénétré dans l'enceinte. 

La réponse de Paris à Rio

Majestueusement dressée au centre du court, celle-ci, d'un bleu nuit, tranchait avec l'ocre de la terre battue. "Tennis ou boxe, ça reste un lieu mythique qui fait partie du patrimoine français, s'enthousiasme Brahim Asloum avant le début des hostilités. Quand on est en haut des tribunes, on surplombe le ring, on a l'impression d'être dans un chaudron". Bientôt, le ciel s'étant accordé avec la teinte du tapis, ce sont 15 000 sujets qui s'ébrouent autour de l'épicentre, sous le toit couvert et dans l'attente de voir, enfin, un successeur à Brahim Asloum (2000) et au duo Estelle Mossely-Tony Yoka (2016), les derniers champions olympiques français dans la discipline. 

"C'est vrai qu'à Rio il y avait tous les Brésiliens contre moi", se souvenait Sofiane Oumiha, battu en finale en 2016, en préambule du tournoi. "Avant de rentrer sur le ring, le sol tremblait (...) Aujourd'hui, est-ce qu'à Paris il y aura la même chose? Honnêtement, je ne sais pas". Maintenant, il sait. 

Son arrivée sur le ring a été saluée de vivats d'une assistance échaudée par le formidable combat qu'avait livré, quelques minutes auparavant, son compatriote Djamili Dini Aboudou Moindze. Un combat d'une férocité extrême face à l'Espagnol Ghadfa, finalement déclaré vainqueur. Pourtant, passées les clameurs initiales qui rappellent la ville du péché dans le Nevada, le public se rend vite compte qu'Alvarez Borges est bien ce "génie de la boxe" esquissé par Brahim Asloum.

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Dès le début de la première reprise, ce sont 15 000 voix qui accompagnent les directs d'Oumiha. Dans le même temps ou presque, chaque supporter contracte inconsciemment ses abdos au moindre crochet au foie porté par le Cubain. Le Toulousain comptait certainement utiliser son allonge supérieure pour dicter le combat mais son adversaire est trop rapide et sa vitesse d'exécution lui fait trop mal.

"En boxe, tout le monde à un plan jusqu'à ce qu'il se prenne un coup de poing dans le visage" disait Mike Tyson. Une façon imagée de dire que les meilleures stratégies s'effacent devant la peur des coups qui pleuvent. Sofiane Oumiha, jusqu'au bout, défendra ses chances mais le Cubain était trop fort et c'était bien des huées pour la forme qui accompagnaient la décision finale des juges. Spectaculaire jusqu'au bout, Alvarez Borges chambrait le public avec des pas de danse provocateurs, s'attirant l'ire de tout un peuple. Avant de le reconquérir d'un coup, par la grâce d'un salto arrière en plein centre du ring. Le show, toujours le show. Comme à Las Vegas. 

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