Mondiaux de natation : "Le record du monde de Michael Phelps sur 400m 4 nages ? C'est une étape", affirme Léon Marchand
Qui de mieux que la nouvelle pépite de la natation française pour lancer la semaine ? Dans la fournaise humide de Fukuoka, qui se situe à l'extrême sud du Japon, Léon Marchand est attendu comme une sorte de messie, celui qui portera et guidera les Bleus vers la gloire à un an des Jeux de Paris 2024. Accueilli à Tokyo en véritable star par ses fans nippons, le Toulousain de 21 ans a pour autant gardé la tête sur les épaules, à la veille de sa première course au Mondiaux de natation, celle où tous les rêves sont possibles : le 400m 4 nages.
Dimanche 23 juillet, dans le bassin olympique de la Marine Messe Fukuoka, à 21h21, il s'élancera avec, dans le viseur, le fameux record du monde de Michael Phelps, jamais battu depuis les Jeux de Pékin en 2008. Un exploit "possible" selon le patron de la sélection tricolore, Jacco Verhaeren . Un premier défi XXL, à la hauteur du talent de Léon Marchand qui se lance dans une semaine particulièrement intense, tant physiquement qu'émotionnellement.
Léon, racontez-nous votre arrivée au Japon où vous avez été particulièrement bien accueilli...
Léon Marchand : On est arrivé il y a deux semaines. Et à Tokyo, il y avait effectivement des Japonais qui m'ont un peu attendu et qui m'ont donné des cadeaux, des mangas, sur Dragon Ball Z. C'était vraiment sympa. (rires)
Tous les feux sont-ils bien au vert avant ces Mondiaux de Fukuoka ?
Tout va bien. Je suis très heureux. Cela fait deux semaines que nous sommes dans un pays différent. Nous avons une équipe de France sympa donc je profite un peu tous les jours. Je suis assez excité par la semaine qui arrive.
Cinq semaines après Rennes (Championnats de France), où vous aviez terminé fatigué, êtes-vous satisfait par rapport aux objectifs que vous vous étiez fixé durant cette préparation ?
Ce n’est jamais du 100 %, mais disons que j’ai fait du mieux possible. J’ai réussi à me remettre au travail rapidement et à monter en intensité, puis en volume à l’entraînement, donc ça fait du bien. Après, j’ai fait un bon affûtage. Sur ce point, j’ai fait confiance à mes coachs Bob (Bowman) et Nico (Castel), parce qu’ils savent faire ce qu’il faut dans la préparation d’une telle compétition. Je pense être bien préparé pour la semaine.
"J’ai beaucoup évolué dans mon approche (...) je pense être plus heureux, un peu moins stressé, moins nerveux. J’arrive à garder davantage mon énergie jusqu’au bout."
Léon Marchandfranceinfo : sport
Votre approche des compétitions a-t-elle évolué pour vous, depuis les Championnats du monde de Budapest, il y a un an ?
C'est complètement différent. Il y a toujours l’excitation de la compétition qui reste la même, mais je les aborde différemment chaque année, voire chaque semaine. J’ai beaucoup évolué dans mon approche. C’est un nouveau challenge, une nouvelle expérience. Je pense surtout que j’ai moins de stress qu’avant. J’arrive vraiment à profiter du moment présent et à vivre au jour le jour, sans trop me soucier de ce qui arrive le lendemain. Donc je pense être plus heureux, un peu moins stressé, moins nerveux. J’arrive à garder davantage mon énergie jusqu’au bout.
Vous ressentez moins de stress, malgré votre statut, qui a radicalement changé depuis Budapest… Comment appréhendez-vous le fait d'être bien plus attendu ?
Je pense que, maintenant, j’ai une expérience à l’internationale. J’ai aussi fait beaucoup de compétitions, que ça soit sur le circuit universitaire américain ou en France, avec beaucoup de concurrence. Je commence vraiment à m’habituer à tout ça. Et je sais que je perds beaucoup de jus si je stresse avant une compétition, donc je m’améliore.
"Je continue de travailler sur cette pression que je peux me mettre avant les compétitions. Surtout avant les Jeux olympiques l’année prochaine."
Léon Marchand, double champion du monde sur 200m et 400m 4 nagesà Franceinfo: sport
Puisque vous en parlez, Paris 2024 est déjà dans votre tête au quotidien ?
Je pense que c’est surtout sur le plan mental que je me concentre sur Paris, car il faudra être très bon dans la tête. Mais après, dans l’entraînement de tous les jours, je reste focalisé exclusivement sur la semaine qui arrive, ou la séance du soir. A mes yeux, ça sera une compétition comme toutes les autres, mais avec davantage d’attention portée sur moi.
J’essaie de travailler sur ça mentalement tous les jours, même si ça ne me vient pas à l’esprit tout le temps. J’ai encore du temps pour le bosser, je crois qu’il reste 369 jours. (rires) J’ai vraiment le temps de m’améliorer dans l’eau et à l’extérieur, donc je ne me presse pas.
A Fukuoka, comment faire mieux que lors des derniers Mondiaux à Budapest (deux titres et une médaille d’argent) ?
Je pense que je dois faire mieux au niveau de la gestion de mon énergie tout au long de la semaine. J’ai beaucoup de courses au programme. Si j’arrive à perdre moins d’énergie sur le 400m 4 nages, à récupérer le plus vite possible le soir et à me concentrer sur la suite assez rapidement, alors peut-être que je serai meilleur lors des derniers jours de compétition. Parce que nous avons aussi des relais avec l’équipe. Et c’est important. Puis, je me suis amélioré en dos, donc j’espère faire un meilleur passage, en crawl également. Il y a quelques petits détails que j’ai améliorés, donc je pense pouvoir être meilleur.
L'an passé, l’or de Léon Marchand sur le 400 m quatre nages avait débloqué le compteur des Français aux Championnats du monde. 💪 🥇
— Jeux Olympiques (@jeuxolympiques) July 22, 2023
Son influence positive sur le groupe prouvée, il va tenter de faire la même chose au Japon ! 🇯🇵 #Fukoka2023 @FFNatation @EquipeFRA
Quel sera votre programme en dehors de vos trois courses individuelles habituelles (200 et 400m 4 nages puis 200m papillon) ?
Disons que je suis engagé sur le 200m brasse, mais cela dépendra de ma forme du moment. Je verrai au jour le jour, comme je le fais depuis un moment. Je verrai après le 400m 4 nages et le 200m papillon si je me lance le défi de faire les deux courses en même temps. Il faut savoir que le 200m brasse se chevauche avec le 200m 4 nages, c’est juste avant la finale donc ce n’est pas top pour moi (les demi-finales du 200m brasse sont prévues à partir de 13h43 jeudi, et la finale du 200m 4 nage à 14h03). On verra bien, je n’ai pas encore choisi, mais c’est assez compliqué à faire.
Sur le 400m 4 nages, il y a un record du monde historique à aller chercher… Celui de Michael Phelps (4'03''84). Qu'est-ce qu'il représente pour vous ?
Pour moi, c’est un peu comme une étape si je veux arriver à mon objectif principal. J’ai besoin de péter les 4’04’’, de péter les 4’03’’… Donc ça va être une étape dans mon cheminement, que ça se fasse demain (dimanche) ou dans un an à Paris, ça ne change rien.
C’est assez génial, parce que c’est le dernier de Michael, donc c’est quelque chose de spécial, mais ça n’est pas mon objectif principal. Je vais essayer de faire mon meilleur temps et on verra. Le chrono que j’espère faire ? Il est dans ma tête. En général, je n’ai pas besoin de le noter… (rires)
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