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Mondiaux de natation : Léon Marchand, plus que jamais dans les pas de Michael Phelps

Le Toulousain a battu le record du monde du 400 m 4 nages, dimanche à Fukuoka (Japon), détenu par Michael Phelps depuis les Jeux de Pékin en 2008.
Article rédigé par Quentin Ramelet, franceinfo: sport - envoyé spécial à Fukuoka
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 6min
Michael Phelps a remis la médaille d'or du 400 m 4 nages des championnats du mondez de Fukuoka à Léon Marchand, qui l'a dépossédé de son record du monde en finale, le 23 juillet 2023. (EUGENE HOSHIKO / AP)

Au pays du Soleil Levant, une étoile est apparue dans le ciel nuageux et suffocant de Fukuoka. Une étoile couleur bleu, blanc et rouge. Léon Marchand a bel et bien atteint, dimanche 23 juillet, le sommet de sa discipline. Ce 400 m 4 nages, il se savait capable de le survoler comme un certain Michael Phelps en son temps. Et à défaut de grimper le Mont Fuji, il avait décidé de s’attaquer à cette autre montagne, toute aussi périlleuse à gravir : le record du monde.

La légende américaine, présente dans les tribunes, a ainsi vu son dernier record être littéralement balayé par son héritier, désormais double champion du monde en titre de sa distance fétiche. Un temps que personne n'avait battu depuis quinze ans. À un an des Jeux de Paris 2024, et douze mois seulement après ses premiers titres sur la scène internationale, le jeune Toulousain de 21 ans s'impose comme le nouveau maître des grands bassins.

Stratosphérique lors de sa finale du 400 m 4 nages, Léon Marchand a battu le record de Michael Phelps et remporté un deuxième titre de champion du monde consécutif dans la discipline. La légende américaine de la natation a pris le Français dans ses bras avant son arrivée sur le podium.
400 m 4 nages (H) : le podium de Léon Marchand Stratosphérique lors de sa finale du 400 m 4 nages, Léon Marchand a battu le record de Michael Phelps et remporté un deuxième titre de champion du monde consécutif dans la discipline. La légende américaine de la natation a pris le Français dans ses bras avant son arrivée sur le podium.

La scène est déjà iconique, tant elle symbolise le passage du témoin entre l'empereur du milieu, Michael Phelps, et son digne héritier, Léon Marchand. Lorsque le nageur américain aux 23 titres olympiques est venu prendre dans ses bras le nageur tricolore, les tribunes de la sublime Marine Messe Fukuoka garnies de 15 000 personnes se sont embrasées. Bob Bowman, l'actuel entraîneur du Français, et ancien mentor de l'Américain, n'a pas manqué la scène.

"Le meilleur reste à venir", a glissé, le souffle court, le désormais incontestable patron des quatre nages, au micro du speaker de la gigantesque salle. Car le jeune homme est un glouton. En conférence de presse, détendu et souriant, il a décrit ses sentiments d'avoir dépassé le maître : "Je pense que c'est le plus grand nageur de tous les temps donc forcément, c'est assez spécial pour moi, a rendu hommage Léon Marchand à son idole. Je l'ai rencontré ce matin pour la première fois en plus, donc c'est amusant. Il a commenté la course, il était super content pour moi. Il était très impressionné par mes temps et par ma dernière coulée. Puis il m'a aussi dit beaucoup de choses pour que je puisse faire mieux la prochaine fois, notamment sur le crawl où je peux finir encore plus vite selon lui. Donc je suis vraiment super content d'avoir pu le faire aujourd'hui. C'est génial !"

"Il n'y a pas de limites à ce que je peux faire"

Ce record, que ce soit Jacco Verhaeren, le patron des équipes de France, ou Nicolas Castel, son entraîneur depuis ses débuts à Toulouse à 9 ans, tous le pensaient capable de le faire tomber. L'intéressé, lui-même, en était convaincu, comme il le disait à la veille de sa course en toute sérénité : "Ce n'est pas mon objectif mais une étape vers mon cheminement, vers mon objectif principal. J'ai besoin d'aller péter les 4'04'', de péter les 4'03''".

Cet objectif, il l'a déjà mis aux oubliettes, d'une manière fracassante. "Je vais toujours chercher plus loin, a-t-il assuré, sûr de son fait. Il n'y a pas de limites à ce que je peux faire, entre ce que je fais à l'entraînement tous les jours, entre l'intelligence que j'y mets, entre les moments plus durs et plus faciles... Je pense donc que je peux continuer à m'améliorer, et à descendre en dessous des 4'02''. C'est pour la suite."

Cette lucidité, et cette recherche permanente du "mieux", moins de deux heures après avoir mis près de deux secondes au dernier record monde détenu par le recordman de médailles aux JO (établie aux Jeux de Pékin, en 2008), en dit long sur son approche de la compétition et de son travail..

Léon Marchand efface Michael Phelps des tablettes ! Avec une incroyable performance lors de la finale du 400 m 4 nages à Fukuoka (4:02'50"), le Français a obtenu la médaille d'or et battu le record du monde de la discipline. Favori de l'épreuve, il termine devant l'Américain Carson Foster et le Japonais Daiya Seto et conserve son titre de champion du monde.
400 m 4 nages (H) : Léon Marchand écrase le record du monde de Michael Phelps ! Léon Marchand efface Michael Phelps des tablettes ! Avec une incroyable performance lors de la finale du 400 m 4 nages à Fukuoka (4:02'50"), le Français a obtenu la médaille d'or et battu le record du monde de la discipline. Favori de l'épreuve, il termine devant l'Américain Carson Foster et le Japonais Daiya Seto et conserve son titre de champion du monde.

Son exil en Arizona, il y a un peu plus d'un an, aux côtés du très réputé entraîneur américain Bob Bowman, associé à son désir de toujours collaborer avec son coach toulousain, Nicolas Castel, porte ses fruits. "La dynamique du système de compétition aux Etats-Unis, avec la NCAA [le championnat universitaire américain], avec les enjeux, lui correspond, a expliqué le technicien français... Je pense que Léon, c'est quelqu'un qui marche beaucoup au challenge."

"Il suffit qu'on le fasse rentrer un petit peu dans ce jeu-là, et il est à fond ! C'est un jeu, et il s'amuse. Il a envie de faire gagner son équipe. Il a envie d'être performant pour lui, mais aussi pour les autres."

Nicolas Castel, l'entraîneur de Léon Marchand

à Franceinfo: sport

Ensuite, rien de mieux que de revenir en fin d'année scolaire du côté de Toulouse, auprès de son fidèle entraîneur et de ses proches : "Je pense que Léon a besoin de revenir un peu à ses sources, de se régénérer. Je pense faire partie de son processus de régénération (rires). Je me positionne donc comme son second coach, et d'ailleurs j'apprends aussi beaucoup d'un entraîneur aussi expérimenté que Bob. Avec lui, tout se passe très bien car il y a une vraie relation de confiance entre nous trois. J'apporte donc autre chose, davantage de simplicité, un peu plus de décontraction, de déconne, tout en étant "focus" sur notre travail. Voilà, c'est complémentaire, et ça fonctionne."

Telle est donc la recette gagnante du nouveau roi des bassins. Un mélange de deux mondes, de deux styles, inspiré par deux guides aux qualités bien différentes, mais motivés par un objectif commun : voir leur poulain devenir le plus grand de tous. Léon Marchand, s'il n'a que 21 ans, n'est plus aujourd'hui un simple diamant à polir. À Fukuoka, et en seulement une journée de compétition, il a assumé son nouveau statut. Celui d'un recordman du monde. Celui de l'homme qui a effacé le plus grand nageur de l'histoire des tablettes. Et apparemment, le "meilleur reste à venir". 

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