Natation : Léon Marchand "a très bien nagé pendant les Coupes du monde, mais il en avait marre", assure son coach Bob Bowman

L'ancien entraîneur de Michel Phelps a évoqué l'avenir à court et plus long terme du prodige français, dans un long entretien accordé à L'Equipe, vendredi.
Article rédigé par Othélie Brion
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Bob Bowman et Léon Marchand à l'occasion des Mondiaux de natatioin de Fukuoka (Japon), le 23 juillet 2023. (STEPHANE KEMPINAIRE / AFP)

Il est passé dans une autre dimension. Quadruple champion olympique à Paris, le Français Léon Marchand est devenu en quelques mois le nageur que tout le monde s’arrache. Un nouveau quotidien qui s'est suivi de quelques bouleversements dans les plans du Tricolore de 22 ans.

Après un retour à la compétition dans le cadre de la Coupe du monde, en octobre, le Toulousain a fait l’impasse sur les Mondiaux en petit bassin de Budapest, programmé mi-décembre. "Il a bien fait. Je peux vous certifier qu'il est épuisé. Il a très bien nagé pendant les Coupes du monde, mais il en avait marre. Pas seulement de la natation mais de toute l'attention sur lui, des attentes qui pèsent sur ses épaules", a expliqué son entraîneur Bob Bowman, dans les colonnes de L’Equipe [payant], vendredi 27 décembre, alors que son poulain est devenu le troisième Français de l'histoire seulement (avec Zinédine Zidane et Renaud Lavillenie) à être élu Champion des champions France et monde par le quotidien sportif.

Un départ pour l'Australie loin de la pression occidentale

Pour l’ancien entraîneur de Michael Phelps, l'homme aux 23 médailles d’or olympique, cette célébrité soudaine justifie aussi le départ du Toulousain en Australie, pour "deux ou trois mois", en début d’année 2025. "Il recevra sans doute plus d'attention là-bas qu'au Texas où seul le football américain intéresse les habitants, mais ça restera à des années-lumière de ce qu'il vit chez lui", a-t-il confié.

Aux côtés de Léon Marchand depuis trois ans, le technicien américain qui n’a pas "l'habitude de laisser ses nageurs travailler avec d'autres", a dû encaisser le départ de son protégé. "Au début, je n'étais pas forcément ravi, mais ça va maintenant. Je comprends ce choix", avoue-t-il. "À court terme, ce sera chouette d'effectuer ce voyage, d'expérimenter et d'apprendre de nouvelles choses. [...] Cela éloignera la responsabilité qu'il retrouvera en rentrant aux États-Unis. Et c'est bien. Parce qu'à long terme, pour Léon, la clé sera de réussir à gérer sa carrière professionnelle, d'être disponible et complètement engagé pour reprendre le fil d'un entraînement qu'il sait être nécessaire".

Entre 200 m nage libre et JO 2028, les yeux rivés vers l'avenir

Pour le spécialiste du papillon, de la brasse et du quatre nages, le projet est aussi de passer sur le fameux 200 m nage libre. Une distance sur laquelle, “il a des atouts à développer” d’après son coach qui nous avait déjà assuré à l'issue des Jeux de Paris qu'ils se lanceraient prochainement ensemble sur sa distance fétiche. "Il peut devenir certainement l'un des meilleurs au monde. Il doit rectifier un peu sa nage, mais il a déjà de belles qualités. On va essayer de progresser dès cette année. On verra si on inclut cette course à son programme des Mondiaux (fin juillet-début août 2025 à Singapour)".

En mettant en place ce nouvel objectif, Bob Bowan se projette aussi vers les Jeux Olympiques de 2028, à Los Angeles. Léon Marchand sera alors "probablement à son pic physique", analyse l’Américain de 59 ans. "Les gens échafaudent déjà son programme là-bas. Mais je n'y pense pas. Je préfère voir au fur et à mesure. Qu'il aille en Australie, qu'il revienne vers moi. Après l'été prochain, on aura une photo plus claire de ce que Léon pourrait envisager trois ans plus tard", a-t-il jugé.

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