Champions Cup : Racing 92-La Rochelle, une opposition de style en demi-finale entre deux prétendants à une première étoile
La force rochelaise ou l'expérience du Racing ? A la recherche d'un premier sacre européen, les deux clubs s’affrontent dimanche pour retrouver le Leinster en finale.
Il n’en restera qu’un, dimanche 15 mai, à Lens. A l’image des familles qui s’écharpent pour prendre place sur le trône de fer dans Game of Thrones, nombreux sont les clubs convoitant le Graal du rugby européen : la Champions Cup. Ici pas de Stark ou de Targaryen, mais le Racing 92 et La Rochelle, qui se feraient un malin plaisir à venir bouleverser l’ordre établi en décrochant leur première étoile européenne.
Les deux équipes se retrouvent en demi-finale de la grande coupe d’Europe (16 heures, en direct sur France 2 et france.tv) au Stade Bollaert-Delelis, une délocalisation due à un concert à la Défense Arena du Racing. Le gagnant retrouvera le 28 mai, à Marseille, le Leinster. Les Irlandais, déjà vainqueurs en 2018, ont largement dominé les tenants du titre toulousains, samedi.
Des prétendants déchus aux dents longues
Racingmen et Rochelais affichent leur ambition depuis de longs mois. "On veut gagner la Coupe d’Europe", assenait sans détour le trois-quarts centre international des Ciel et Blanc Gaël Fickou en janvier avant le déplacement sur le terrain des Ospreys. Chez le coach des Maritimes et ancien entraîneur adjoint du Racing, Ronan O’Gara, le son de cloche est similaire. "On est dans le dernier carré, mais je voudrais qu'on arrive à être les deux derniers finalistes et être 'the last man standing', autrement dit le dernier homme debout", a-t-il expliqué vendredi, en conférence de presse d'avant-match.
Il faut dire que les deux équipes ont eu leur lot de frustrations. Auteur d’une saison exceptionnelle l'an passé, le Stade rochelais est tombé en finale de Top 14 et en finale de Champions Cup face à Toulouse. La déception a été difficile à avaler et les joueurs n’ont pas manqué de le rappeler à de multiples reprises tout au long de l’année. "Nous avons perdu une finale l'an dernier, mais le passé ne m'intéresse plus", a néanmoins souligné le technicien rochelais.
De leur côté, les Racingmen n’ont pu se parer que du costume du finaliste déçu à chaque apparition en finale. "C'est vrai que le Racing 92 a lui aussi perdu trois finales, donc je pense qu'il y a beaucoup de frustration de leur part, notamment avec leur dernière finale perdue face à Exeter dans un match à huis clos", a rappelé Ronan O’Gara.
Le feu contre la glace
Les deux équipes n’ont pas misé sur la même tactique pour atteindre leurs objectifs. Brillant depuis plusieurs semaines, le Stade rochelais a disloqué méthodiquement des concurrents féroces (Union Bordeaux-Bègles, Montpellier) en s’appuyant sur ses colosses, gros porteurs, aussi puissants qu’excellents manieurs de ballon. Le troisième ligne centre des Bleus, Grégory Alldritt, en constitue le plus bel exemple.
L'international français a réalisé plus de courses (94) que tous les joueurs de la Champions Cup cette saison. En outre, aucun avant n’a avalé plus de mètres que lui (601), ni battu plus de défenseurs ou réalisé de passes après contact (14). "On sait qu’ils sont forts dans le défi physique", a confirmé en conférence de presse le trois quarts centre du Racing 92 Henry Chavancy.
"Ils ont un gros paquet d’avants, des joueurs très costauds derrière. Contre Sale, c’était un peu le même type d’adversaire mais je pense que La Rochelle est une meilleure équipe."
Henry Chavancy, trois quarts centre du Racing 92en conférence de presse d'avant-match
Les Racingmen, qui ont hérité d’un tableau plus favorable (Stade français, Sale), ont surtout brillé grâce aux inspirations et autres exploits individuels de leurs trois-quarts. Les essais de l’ouvreur francilien Finn Russell – deux coups de pied consécutifs pour remonter 60 mètres – et de l’ailier Teddy Thomas flirtant avec la ligne de touche contre les Sharks, sont des modèles du genre.
Alors qui, d’un Stade rochelais habitué des matchs tout en maîtrise ou d’un Racing 92 souvent dominé avant une rébellion fracassante, s’offrira une place pour la finale ? Qui du petit nouveau en Champions Cup – deuxième participation pour le Stade rochelais – ou du Racing 92, avec ses trois finales perdues en six ans et ses cinq quarts de finale consécutifs, est le mieux placé ?
Si le manager des Ciel et Blanc, Laurent Travers, a concédé que son Racing est "l'équipe la plus constante en Europe avec Leinster et le Stade toulousain", il s’attend à un match "très engagé, cadenassé". "On les connaît, il faudra bien se préparer", ajoute Finn Russell, demi-d'ouverture.
"Ça va sans doute être encore plus dur. On a déjà joué La Rochelle quelques fois cette année, l’année dernière ils nous ont battus en demi-finale du Top 14 (19-6)."
Finn Russell, demi d’ouverture du Racing 92en conférence de presse d'avant-match
Les dernières batailles entre les deux équipes n'aident pas vraiment à trancher. Chacune a gagné à domicile (le Racing lors de la 3e journée, La Rochelle lors de la 21e journée).
Le Racing a une tradition européenne à honorer : après avoir atteint les finales de Coupe d’Europe tous les deux ans (2016, 2018, 2020), il ne voudra certainement pas louper son rendez-vous en 2022, avec cette fois une issue différente, même face au Leinster. Après tout, Game of Thrones a bien prouvé qu'à la fin, le roi n'est pas toujours celui qu'on attend.
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