Caleçons "Simpson", déguisement de Wolverine et fiches de drague : qui est Dan Carter, le meilleur rugbyman du monde ?
Epatez vos amis en découvrant l'histoire du demi d'ouverture des All Blacks, qui disputent la finale de la Coupe du monde.
"Il est dans la forme de sa vie", dit de lui Ian Foster, l'entraîneur adjoint des Blacks. Il était pourtant loin d'être acquis que Dan Carter, 33 ans et autant de blessures derrière lui, brille lors de la Coupe du monde de rugby. Après avoir hissé son équipe, les All Blacks, en finale, il rêve désormais de décrocher le titre suprême samedi 31 octobre, contre l'Australie, à Twickenham. Ce serait une première pour celui qu'on s'accorde à considérer comme le meilleur demi d'ouverture du monde.
Son rêve d'enfant : "un million de dollars"
Dan Carter constitue peut-être la preuve que le gène du buteur existe. Son oncle et son père ont occupé ce poste crucial lors de leur carrière à un niveau modeste. Sans surprise, le jeune Daniel – son père est la dernière personne de Nouvelle-Zélande à utiliser son prénom complet – taquine le ballon ovale dès son plus jeune âge. A 8 ans, il s'essaie à envoyer le ballon au-dessus du toit de la maison familiale de Southbridge. Quelques carreaux cassés plus tard, le paternel achète un champ de patates mitoyen de la maison et y installe deux poteaux de rugby, grandeur nature.
Contrairement à ceux installés par les parents de Richie McCaw, ils seront mis à rude épreuve. Tous les jours, le petit Dan Carter teste son adresse. "Ma mère devait littéralement me traîner à l'intérieur pour que je vienne dîner", se souvient le joueur qui a marqué 1 500 points sous le maillot national – record du monde – et 10% des points marqués par les Blacks depuis un siècle. Il n'y a pas que face aux poteaux que Dan Carter se montre méticuleux et perfectionniste. Il est allé jusqu'à se préparer des fiches* de sujets de conversation quand il téléphonait à Honor, celle qui allait devenir sa petite amie, puis sa femme.
Ses débuts dans l'équipe locale des Midgets – les Nains en VF – ne passent pas inaperçus. "Le journal local a publié un portrait de Daniel alors qu'il avait 12 ans, se souvient Neville, son père, dans le New Zealand Herald*. Une des questions, c'était : 'Qu'est-ce que tu espères tirer du rugby ?' Il a répondu : 'un million' [de dollars néo-zélandais]." Rêve d'enfant devenu réalité. Petit à petit, l'enfant prodige du rugby néo-zélandais grimpe les échelons, passe professionnel dans le grand club régional des Canterbury Crusaders, et attire l'attention du sélectionneur national. Le début d'une histoire de treize ans entre Carter et le maillot frappé de la fougère argentée.
"Son corps est aussi solide que l'économie grecque"
Il y a eu des moments de grâce, comme ce test face aux Lions britanniques où il marque 33 points et tape dans l'œil du monde entier. D'autres plus douloureux... à chaque fois en Coupe du monde : en 2003, il assiste depuis le banc à la défaite de son pays en demi-finale. En 2007, il est du naufrage des Blacks face aux Français, à Cardiff, en quart de finale. Et il ne participe qu'au début de l'épopée victorieuse de 2011, car il se casse la jambe lors d'un match de poules. "Ma mère en a pleuré", commente sobrement Carter sur CNN*. "Mon père, lui, m'a remis un ballon dans les mains dès que j'ai réussi à marcher de nouveau." Sa présence sur la feuille de match au début de l'édition 2015 n'était pourtant pas acquise. "Son corps est aussi solide que l'économie grecque", commentait perfidement un éditorialiste du New Zealand Herald* en février. Le sélectionneur Steve Hansen est parvenu à lui redonner confiance.
Soulever le trophée Webb-Ellis est l'une des dernières lignes qui manquent au CV de Dan Carter. Outre son palmarès à rallonge, il détient aussi le titre de joueur le plus cher du rugby mondial. Et ce, à deux reprises. En décembre, il deviendra le premier joueur à plus d'un million d'euros annuels, quand il endossera le maillot ciel et blanc du Racing Metro. Et, six ans plus tôt, il avait déjà pulvérisé le record lors de son transfert à Perpignan pour une demi-saison à 35 000 euros le match joué. Il est reçu en grande pompe à l'hôtel de ville. Réception devant le tout-Perpignan, petits fours et discours à rallonge du maire, qui le dépeint comme le sauveur du club. "Heureusement que je ne comprenais pas un traître mot de français à l'époque", sourit Carter dans une interview au Guardian*. Les souffrances de Perpignan cessent avec l'arrivée de la star – le club décroche le titre de champion qu'il attendait depuis cinquante-quatre ans. Pas celles du joueur, qui ne dispute que six matchs en France avant de se blesser gravement.
"Daniel qui ?"
Il n'y a pas qu'avec son talent sur les terrains que Dan Carter économise pour sa retraite. Dès 2004, il tape dans l'œil d'une agence de pub qui cherche une icône pour les sous-vêtements Jockey. "Daniel qui ?", se demande* d'abord le représentant de la firme américaine à Auckland. Les premiers shootings sont convaincants, et cela fait plus de dix ans que le demi d'ouverture s'affiche en petite tenue en 4 par 3, de Brisbane à Bangkok. "Un jour, Daniel a appelé sa mère et lui a dit de venir en voiture le long de Durham Street à Christchurch, raconte Neville Carter à la BBC*. Elle a levé les yeux... et a failli avoir un accident. Son fils s'étalait en sous-vêtements sur une affiche haute de huit étages ! Aujourd'hui, nous sommes habitués à le voir presque nu à l'arrière de tous les bus."
A lifetime modeling. 10 years for the ambassador @DanCarter on @Jockey undies ! #JockeyNZ #undies #congrats! pic.twitter.com/ekmuWhd0wF
— Camila Swidersky (@Caamiswiders) 1 Septembre 2013
Langue de bois quand il s'agit de parler rugby, Dan Carter doit se livrer un peu plus quand Jockey lui impose des interviews à thème unique sur les sous-vêtements. A un journaliste de Metromag* qui l'interroge sur ses caleçons d'adolescent, il confie : "J'avais ceux avec les Simpson, un peu brillants, qu'on portait au-dessus de la ceinture pour que les gens les voient dans la rue. Et quand je jouais au rugby, je m'arrangeais pour qu'ils dépassent en-dessous du short." Un journaliste du Herald*, qui le compare à David Beckham, autre vendeur de sous-vêtements, lui demande si, comme l'ancien footballeur, il lui arrive de porter la lingerie de sa femme*. Réponse embarrassée de Carter : "Non... Je n'avais jamais entendu parler de ça."Le péché mignon de Dan Carter, ce sont les déguisements de super-héros. Il en détient une collection conséquente, avec perruques et accessoires à l'appui. Il n'est pas rare que les All Blacks en goguette se prennent pour les Avengers."Ali Williams a un faible pour Superman, moi pour Wolverine", reconnaît-il dans le Guardian.
La Cartermania : bière, champ de patates et biographie
Plus que ses coéquipiers All Blacks, Dan Carter est la star de l'équipe. Le moindre de ses faits et gestes tourne à l'évènement. Prenez son mariage, en 2011, avec l'ancienne joueuse de hockey sur gazon Honor Dillon. La cérémonie, manifestation d'envergure nationale, a nécessité un déploiement de forces de police conséquent, et la fermeture de l'espace aérien au-dessus du lieu des festivités. Tout ça pour préserver l'exclusivité des photos acquise par un tabloïd... australien*, moyennant 60 000 dollars.
La Cartermania ne s'arrête pas là. Pendant la Coupe du monde 2011, le syndicat d'initiative du comté de Southbridge a proposé la "Carter Country Experience" : un parcours sur les traces du joueur, conclu en apothéose par une dégustation de la Carter Draught, la bière locale. Pour un résultat mitigé : loin des bus de touristes escomptés, quelques camping-cars ont fait le déplacement, raconte Stuff.co.nz*. Peut-être parce que la maison natale du meilleur joueur du monde n'était pas accessible au public. Chaque jour, plusieurs automobilistes s'arrêtent devant les fameux poteaux de la maison des Carter pour prendre un selfie devant le champ de patates où tout a commencé.
Les mêmes fans se jetteront sans doute sur la biographie de Carter, qui s'apprête à inonder le marché néo-zélandais. D'après l'éditeur*, il s'agit du plus gros tirage d'un livre imprimé dans le pays. Sortie prévue le 4 novembre... cinq jours après la finale de la Coupe du monde.
* liens en anglais
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