Coupe du monde 2023 : faillite, chômage, Brennus, Mondial... L'année folle de l'Anglais Jack Willis
Pour être tout à fait franc, l'idée de demander au service médical du Stade toulousain l'évolution du tensiomètre de Jack Willis nous a trotté dans la tête. Non pas que l'on s'inquiète particulièrement de sa santé, que l'on sait de fer, mais davantage pour y scruter les différents pics atteints ces derniers mois. Quitte à verser dans l'euphémisme : de la faillite des Wasps à la Coupe du monde, en passant par le chômage puis la conquête du Bouclier de Brennus, le troisième ligne anglais a tout connu ces douze derniers mois. Jusqu'à une place de titulaire avec l'Angleterre contre le Chili, samedi 23 septembre.
Comme nombre de joueurs, il a été une victime collatérale de la crise du championnat anglais à l'automne. En difficulté financière, les Wasps ont en effet subitement mis la clé sous la porte à l'automne."On s'attendait à ce que le club soit placé en redressement judiciaire, mais pas à ce qu'on perde tous notre travail, a-t-il confié à l'AFP. Il n'y avait plus un bruit dans la pièce, tout le monde était sous le choc." La fin d'un monde pour Willis, couvé par son club de toujours en même temps que son frère, Tom.
En sélection le mardi, en Top 14 le dimanche
Passé ce 17 octobre fatidique, lors duquel l'Anglais de 26 ans a pleuré "20 fois", il passe par "tous les états" au mois de novembre. Sur la dernière semaine, alors qu'il garde la forme avec la sélection anglaise, l'encéphalogramme s'accélère. Le lundi et le mardi, il s'entraîne normalement, avant de décoller... pour Toulouse, où il signe le jeudi pour sept mois. Dès le dimanche, il joue une demi-heure contre Lyon. "Après tous les tourments de mon début de saison, c’est incroyable, non ?", en a-t-il lui-même rigolé sur BT Sport.
"Immensément reconnaissant" au club toulousain, Jack Willis justifie cette confiance et brille sur le terrain, dans des proportions dignes de sa saison 2019-2020 achevée en finale de Premiership. La séparation avec son frère cadet, relancé 200 kilomètres en aval de la Garonne à Bordeaux-Bègles, n'a pas impacté son intégration. Lorsqu'il n'est pas titulaire en club, Jack Willis dispute le Tournoi avec une sélection anglaise au sein de laquelle il enchaîne enfin.
Un passage en sélection et puis s'en va ?
En mars, le troisième ligne ne peut pas grand-chose à la faillite collective des siens face aux Bleus (10-53). Il reçoit, après cette déroute, les louanges de son coéquipier en club Antoine Dupont. A ses côtés, Jack Willis a pesé dans la fin de saison victorieuse du Stade toulousain, avec pour point d'orgue une prestation majuscule en finale contre La Rochelle (29-26). "On a des troisièmes lignes qui savent tout faire et Jack se fond parfaitement dans la masse", a synthétisé Romain Ntamack.
Personne ne s'est étonné, du reste, lorsque son séjour dans la Ville rose, censé durer quelques mois, a été prolongé jusqu'en 2026. Et qu'importe si ce nouveau bail compromet son avenir avec le XV de la Rose. L'exil forcé de certains joueurs en raison des faillites – outre les Wasps, Worcester et les London Irish ont été concernées – a poussé la Fédération à assouplir ses normes, selon lesquelles un joueur doit évoluer au pays pour être sélectionné, mais celles-ci reviendront en vigueur dès 2024.
"Je ne peux pas changer les règles [...] mais je peux contrôler mon développement en tant que joueur, a-t-il déclaré. J’espère que les choses pourront changer." Une Coupe du monde réussie pourrait aider les instances à reconsidérer ce choix.
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