Coupe du monde de rugby : à moins d'un an des Jeux, les spectateurs du Mondial vantent une organisation fluide
La France vient de refermer le chapitre rugby et ses sept semaines de tournoi dans neuf villes de l'Hexagone. Elle va donc vite basculer vers le prochain grand rendez-vous sportif : les Jeux olympiques et paralympiques. A moins d'un an de l'événement sportif le plus regardé au monde, le Mondial de rugby avait des airs de test grandeur nature. Transports, sécurité, procédure d'accès aux stades, hôtellerie... Plus d'un million de supporters ont pu tester l'organisation à la française – au 10 octobre, World Rugby affirmait que les matchs de poule avaient attiré 1,8 million de spectateurs. "C'est étonnamment bien organisé", sourit Tim, alors attablé avec des amis à une terrasse de café parisien, à quelques heures du quart de finale entre les Bleus et les Springboks.
Le Sud-Africain fait référence au chaos de la finale de la Ligue des champions, au Stade de France en mai 2022, qui a durablement terni l'image de la France dans sa capacité à accueillir de larges foules sur un espace resserré. "Les stades sont pleins, l'ambiance est superbe, les bénévoles sont très bien organisés et rodés, c'est globalement très positif", abonde Franck, présent dans les tribunes lors de trois matchs du Mondial. Qu'ils soient Argentins, Néo-Zélandais ou Irlandais, les amoureux du ballon ovale décrivent une logistique réussie et une ambiance au rendez-vous.
Les couacs marseillais et bordelais
La compétition avait pourtant mal démarré pour les autorités. Au lendemain de la victoire des Bleus face aux Blacks, les Anglais ont fustigé les organisateurs samedi 9 septembre. Plusieurs centaines d'entre eux ont manqué le coup d'envoi de la rencontre opposant leur équipe à l'Argentine au Vélodrome à Marseille. En cause : des embouteillages aux points de contrôle avant l'accès aux tribunes. Si France 2023 a reconnu des failles, l'arrivée tardive des fans anglais sur une seule des deux entrées disponibles a également été pointée du doigt.
Pour éviter une répétition du scénario, dès le lendemain, des volontaires supplémentaires étaient déployés pour orienter les spectateurs vers les bonnes entrées, les inciter à se rendre aux contrôles plus tôt et des annonces dans les transports indiquaient la station de métro à privilégier. A Bordeaux, ce même 9 septembre caniculaire, ce sont les tramways de la ville qui ont été jugés dépassés par le flot de clients. Deux incidents – l'un technique, l'autre lié au déclenchement de l'alarme d'urgence – ont grippé la circulation plusieurs dizaines de minutes, rendant le trajet inconfortable pour nombre de spectateurs.
Stadiers, panneaux et lignes au sol
Saluée par les uns, décriée par les autres, l'offre de transport a divisé les spectateurs selon les villes (et les jours) où ils ont assisté aux matchs. "Les transports étaient corrects, sauf Nantes et Bordeaux où c'était terrible, témoigne Jeff, quelques minutes avant le coup d'envoi de Nouvelle-Zélande-Irlande à Saint-Denis. Mais l'organisation est allée de mieux en mieux au fur et à mesure de la compétition." Ce soir-là, Ronan, Irlandais installé en Australie, a pris le RER B depuis la gare du Nord pour rejoindre l'enceinte dyonisienne : "C'est une brillante idée d'avoir tracé au sol le trajet à suivre. Pour des gens qui ne parlent pas français comme moi, c'est idéal. Et les transports sont pleins bien sûr, mais ils circulent normalement."
En plus d'indications au sol ou sur des pancartes, Tim salue, lui, "des bénévoles présents partout pour vous indiquer la direction", notamment dans les gares et stations de métro. "Il y a des stadiers tous les 10 ou 20 mètres pour vous montrer où se trouvent les toilettes ou le stand de vente de bières", illustre Michel, qui a assisté à des matchs dans cinq des neuf villes hôtes. Sur le Vieux-Port de Marseille, Jeromino, venu d'Argentine assister à sa première Coupe du monde s'enthousiasme de l'accueil qui lui est réservé : "C'est très bien organisé, il y a beaucoup d'indications pour rentrer au stade, on sent les gens attentionnés. Et pas mal d'entre eux parlent espagnol aussi."
Une gastronomie à revoir
Du côté des stades, en dehors de l'incident marseillais, l'accès est jugé "facile" et "fluide". Ronan et Tim relèvent l'absence de queues devant les espaces de restauration et les toilettes. "La nourriture n'est pas très bonne dans le stade, regrette toutefois Johann, Sud-Africain venu assister avec sa compagne aux deux quarts de finale organisés au Stade de France. Lors du Mondial en Angleterre, l'offre de restauration était plus chère certes, mais meilleure, et les toilettes étaient aussi plus propres."
La restauration chagrine aussi beaucoup Franck : "Au Mondial japonais, l'offre en boisson était impressionnante. En France, on vous propose de la bière, du coca et de l'eau. Dans le pays du vin, on n'en trouve même pas au stade. Ce n'est pas grave mais c'est dommage." Pour ce supporter, la nourriture proposée est bien loin de l'image d'un pays reconnu pour sa gastronomie. "A Lyon, sur le mur du stade, il y a un immense portrait du chef Paul Bocuse. Et on y mange des hot-dogs immondes. C'est quand même terrible. Il faudrait faire un effort."
Au-delà du nécessaire bilan économique, les organisateurs de France 2023 pourront tirer des leçons de cet événement qui seront bien utiles au Comité organisateur des Jeux de Paris. Avec une différence de taille : lors des JO, ce sont plus de 10 millions de spectateurs qui sont attendus et sur quinze jours seulement.
(avec Elio Bono, à Marseille, et Maÿlice Lavorel, au Stade de France)
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