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Coupe du monde de rugby : capitaine modèle de l'Afrique du Sud, Siya Kolisi, des townships au rang de légende du sport national

Premier capitaine noir des Springboks, le troisième ligne est devenu une véritable icône dans le pays.
Article rédigé par Maÿlice Lavorel, franceinfo: sport
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Siya Kolisi fête la victoire contre la Nouvelle-Zélande lors du dernier match de préparation à la Coupe du monde, à Londres, le 25 août 2023. (ADRIAN DENNIS / AFP)

Quand il est question des joueurs emblématiques des Springboks, difficile de ne pas penser à Siya Kolisi. Le troisième ligne de l’Afrique du Sud, qui affronte les Bleus en quarts de finale du Mondial, dimanche 15 octobre, est rentré dans l’histoire de son pays il y a cinq ans, en devenant le premier joueur noir à être désigné capitaine de la sélection. Tout un symbole, dans un pays encore divisé par son héritage de l’apartheid, et au sein duquel le futur joueur du Racing 92 fait office de modèle de réussite et d'inclusion.

L’histoire est d’autant plus belle que pas grand-chose ne prédestinait le jeune Siya Kolisi au rugby. Né à Zwide, un ghetto pauvre de Port Elizabeth, de parents encore adolescents, il est élevé par sa grand-mère après la mort de sa mère alors qu'il n'a que 15 ans. Le rugby, encore considéré comme un sport pour "blancs" dans le pays, ne se présente pas comme une évidence à lui. D'autant plus qu'il fait face à d’autres problèmes. En 2019, pendant le Mondial, on lui demande à quoi il rêvait quand il était enfant. Sa réponse est lapidaire : "Savoir si j’allais pouvoir manger"

"Un moment d'histoire pour l'Afrique du Sud"

Le ballon ovale lui offre un peu d’air et une libération, jusqu’à se faire remarquer. Après avoir fait ses débuts pour la Western Province, il est sélectionné pour la première fois avec les Springboks en 2013. Petit à petit, il s’impose comme un titulaire incontournable. Alors quand il faut transmettre le brassard, au mois de juin 2018, le choix se porte naturellement sur celui qui brille en championnat avec les Stormers. Siya Kolisi devient le premier capitaine noir de l’histoire de l’équipe nationale d’Afrique du Sud.

Vingt-six ans après la fin de l’apartheid, le symbole est retentissant. "C’est un moment monumental pour le rugby sud-africain, et un moment d’histoire pour l’Afrique du Sud", assurait alors à la BBC l’ancien Bok métis Bryan Habana. Dans le pays, Siya Kolisi devient une véritable icône. "Son histoire, le fait d’être sorti de la pauvreté, de son township à côté de Zwide pour devenir un Springbok et ensuite mener l’équipe vers la gloire en Coupe du monde, est très inspirante [...] Il est passé d’un jeune très timide qui avait du mal à parler anglais à un capitaine très éloquent de l’équipe de sport la plus en réussite du pays", décrypte Ken Boarland, journaliste spécialisé dans le rugby sud-africain. Très engagé, le troisième ligne continue d'ailleurs de s'investir à travers sa fondation pour aider les populations des quartiers les plus pauvres à travers le sport et l'éducation.

Capitaine vainqueur de la Coupe du monde

Sur le terrain, le garçon de Zwide prend tout de suite la mesure de ses nouvelles responsabilités. En sélection, comme en club, il mène ses hommes sur le terrain en chantant des chants traditionnels pour les souder. Sous le maillot des Springboks, il récupère un collectif aux abois et le ramène vers les sommets et le titre mondial en 2019 au Japon.

De quoi lui garantir une place au panthéon des légendes du sport sud-africain, aux côtés de François Pienaar et John Smit, les deux premiers capitaines des Boks à avoir soulevé le trophée William Webb Ellis. Peut-être même un cran au-dessus. "On pourrait même dire qu’il est encore plus une légende car l’équipe de 2019 était la première à réellement refléter la démographie du pays et il les a unis, tout en les menant avant tout sur le terrain", estime Ken Boarland.

Alors, quand il s'est gravement blessé au genou en avril dernier, c'est tout un pays qui a retenu son souffle. Mais, à 32 ans, Siya Kolisi a tout donné pour relever ce nouveau défi. Et cinq mois plus tard, il va mener les siens lors du choc tant attendu face au XV de France dimanche. Au grand bonheur de tous les Sud-Africains.

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