Coupe du monde de rugby : Damian Penaud, échecs et marque
Damian Penaud ne rigole pas quand il est question de gagner. L'ailier du XV de France, qui a inscrit un triplé lors de la victoire fleuve (96-0) contre la Namibie jeudi 21 septembre, ne l'a jamais caché : sa haine de la défaite peut le faire disjoncter. Sur une pelouse, il pouvait même verser des larmes à l'issue d'un revers important. Et dans la vie de tous les jours, le néo-Girondin n'est pas du genre à rendre hommage à Pierre de Coubertin : c'est la gagne, toujours la gagne ! Cela se traduit ainsi par des affrontements particulièrement rugueux au ping-pong, avec son père, l'ancien demi d'ouverture tricolore Alain Penaud, ou son petit frère Adam.
"Le pire, c'est quand je joue face à mon père, admettait l'intéressé dans L'Equipe [Article payant]. S'il me bat au ping-pong, je casse tout. Quatre ou cinq raquettes y sont passées." Idem devant son écran et ses jeux vidéo en ligne. Télécommandes, manettes ou autres objets à portée de mains, tout y passe. Et tout ce qui peut (mal) nourrir son esprit de compétiteur est susceptible de faire monter dans les tours Damian Penaud. "Je suis très mauvais perdant, concédait, lucide, l'ex-Clermontois. Le rugby est un sport collectif, mais le reste, c'est individuel, je ne peux m'en prendre qu'à moi." Il a donc fallu trouver un exutoire, à même d'évacuer ses démons dans ce genre de moments.
Thomas Ramos, initiateur et victime
Pour canaliser ce tempérament explosif, son salut est venu du jeu d'échecs. Il y a près de deux ans, Thomas Ramos a eu la belle idée, lors d'un rassemblement du XV de France, de lui proposer une partie. Là encore, le désir de l'emporter en toutes circonstances a permis à Damian Penaud de prendre ses marques sans grande difficulté. Mieux, en fin stratège, le padawan a vite dépassé le maître. "J'ai commencé à lui apprendre lors de la précédente tournée d'automne (...) mais il est rapidement devenu meilleur que moi", avouait l'arrière des Bleus.
Depuis, l'ailier hyperactif de l'UBB ne peut plus passer une journée sans avancer ses pions. Il y a, toujours, ce désir de mettre échec et mat son adversaire. Mais, cette fois, quand l'issue ne lui est pas favorable, Damian Penaud parvient à garder son sang-froid. "Même quand il perd, ça va, il ne gueule pas, il n'a jamais balancé l'échiquier, assure même son frangin, Adam, toujours dans les colonnes de L'Equipe. Souvent, il se pose et joue une ou deux parties sur son téléphone, à la cool."
La patience, le calme et la réflexion que demandent les échecs lui permettent enfin de trouver un bon équilibre entre son quotidien extra-sportif et le terrain. Son besoin "d'extérioriser" l'a donc poussé à intégrer systématiquement cette nouvelle passion à ses habitudes d'avant-match. Un bon moyen de faire baisser la température avant de rentrer sur le rectangle vert et d'enchaîner ses diagonales. Tel un fou qui s'attaque aux lignes de front adverses sur un plateau d'échecs.
"C'est un joueur d'instinct qui ne calcule pas"
Ses fameuses courses en travers sont sa marque de fabrique. Ce sont celles-ci, d'ailleurs, qui lui ont permis d'être à l'affût des meilleurs marqueurs du XV de France (33 réalisations), juste derrière les Serge Blanco (38), Vincent Clerc (34) mais désormais devant Philippe Saint-André (32).
"Il nous a encore fait ses rocades dont lui seul connaît le secret, soulignait avec le sens de la formule son ami et coéquipier Thomas Ramos à l'issue de la belle victoire des Bleus contre les Blacks en ouverture du Mondial. Même nous qui le côtoyons tous les jours, on ne sait pas ce qu’il va faire au moment d’avoir le ballon dans les bras. C’est ce qu’on aime chez lui. C’est un joueur d’instinct qui ne calcule pas." Sauf en cas d'échecs. Et dans ce cas, Damian Penaud cherchera toujours à reprendre un coup d'avance.
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